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Emilie Trimoreau : « On va leur montrer de quoi on est capable »

C'est le match de l'année pour le FCF Juvisy mercredi à 19h devant les caméras d'Eurosport. Face au tenant du titre Potsdam, les Juvisiennes vont essayer de créer la sensation pour leur premier quart de finale de Champion's League. Emilie Trimoreau, défenseure de Juvisy, tente de dédramatiser l'évènement. Elle pense aussi que les Allemandes, qui viennent de glaner leur troisième titre de championne d'Allemagne d'affilée dimanche, prendront les Essonniennes « de haut ».



Trimoreau ici face à Breidablik (photo DR)
Trimoreau ici face à Breidablik (photo DR)
La victoire 5-0 contre Saint-Herblain en Challenge de France était le meilleur moyen de préparer Potsdam.
On a récupéré pas mal de joueuses, il y avait pas mal de filles parties en équipe de France jeunes et en A. Ce fut un match nécessaire pour retrouver nos marques.

Vous n'avez jamais tremblé ?
Non, au début on a loupé quelques occasions mais on a marqué trois buts en six minutes. Au retour des vestiaires, la coach (ndlr : Sandrine Mathivet) a fait tourner pour que tout le monde puisse se reposer. Saint-Herblain a eu quelques occasions qu'il aurait pu concrétiser mais on ne s'est pas inquiétées même si on n'a pas marqué pas tout de suite.

Une victoire sans forcer ?
Certes c'est une D2 donc théoriquement plus faible mais ce n'est jamais simple de gagner ce genre de match surtout quand on a un peu la tête à mercredi. Mais il fallait s'imposer, on veut gagner le Challenge de France, c'est un objectif car en championnat, ça risque d'être compliqué pour la première place. On a l'objectif de récupérer la seconde pour la Champion's League. Quand on voit le programme qui arrive, on sera forcément fatigué dans 15 jours. C'est comme ça et je ne laisserais pas ma place à quelqu'un d'autre pour jouer les quatre matches qui arrivent (ndlr : Juvisy va affronter successivement Potsdam, Montpellier, Potsdam et le PSG).

« Le foot nous montre que ce ne sont pas celles qui se sentent supérieures qui passent »

Emilie Trimoreau : « On va leur montrer de quoi on est capable »
Demain, c'est le match de l'année ?
Il y en aura deux. Ce sont des matches historiques qui resteront gravés. Pour une footballeuse de haut niveau, faire un quart de finale de Champion's League, ça marque sa vie, sa carrière. Ce sont des moments importants.

Comment prépare t-on un tel événement ?
Ce n'est pas un match comme tous les dimanches, mais on essaye de ne pas trop y penser même si beaucoup de gens nous en parlent tous les jours. Ils nous disent : « vous êtes prêtes, vous êtes prêtes ? » Oui, on l'est, mais on essaye de ne pas trop perdre d'énergie à penser trop au match avant de le jouer. On essaye de se préparer correctement dans nos conditions car tout le monde travaille et on a d'autres choses à penser dans la vie de tous les jours. Ça reste un match de foot, on va le préparer sans trop se prendre la tête. Il y a des jeunes et des moins jeunes qui n'ont pas l'expérience d'un quart de finale. Pour certaines, ça va être un peu compliqué mais il ne faut pas trop se mettre de pression, on risquerait alors de faire un non match devant beaucoup de monde.

Vous essayez de dédramatiser ce quart de finale ?
Un petit peu. L'enjeu fait parfois perdre les pédales alors qu'on a des qualités, des choses à montrer. Ce sont les championnes d'Europe, championnes d'Allemagne 2011 depuis dimanche. Elles vont aussi nous prendre un petit peu de haut. C'est tant mieux. On va leur montrer de quoi on est capable, elles ont dit qu'elles pouvaient écraser tout le monde, mais nous aussi, sur un match, on peut battre tout le monde. On a prouvé il y a un an qu'en étant solides défensivement, on pouvait battre Lyon 2-0 qui a fait match nul contre Potsdam en finale l'année dernière, alors pourquoi pas ?
Le foot nous montre aussi que ce ne sont pas celles qui se sentent supérieures qui passent. Il ne faut pas se dire qu'elles sont très fortes et qu'on ne va rien pouvoir faire sinon ce n'est même pas la peine de jouer ce match.

Comment sont les filles à J-2 du coup d'envoi ? Elles sont nerveuses, elles ont hâte ?
Pour l'instant, on ne parle pas de cette pression entre nous. On travaille sur ce que l'on va faire pour mettre en difficulté l'adversaire, ses points faibles mais de là à parler du stress... J'ai quelques petites jeunes qui m'ont dit qu'elles étaient stressées pour mercredi, c'est normal car elles ne pensaient même pas pouvoir jouer la Champion's League un jour. Et là elles se retrouvent tout de suite dans le bain, ça leur fait bizzarre.

Les Allemandes auront par contre plus de pression, peut-être moins le droit à l'erreur que vous ?
On a plus à gagner qu'elles car on n'a jamais joué de quart de finale. En face, elles sont championnes d'Europe, elles veulent aller au bout, elles l'ont d'ailleurs annoncé dans les médias. Elles sont aussi championnes d'Allemagne, ce sont des professionnelles, ce sont deux mondes à part. On en peut pas comparer les conditions, elles ont plus à perdre que nous.

« Cela restera ancré...Dans les cinq-six matches les plus importants d'une carrière. »

C'est face à Torres que Juvisy s'est imposé en 8es (photo : DR)
C'est face à Torres que Juvisy s'est imposé en 8es (photo : DR)
La clé du match, ce sera ça : gérer la pression ?
Tout dépendra aussi de la manière dont elles vont aborder le match. Si elles pensent que ce sera trop facile, qu'elles jouent trop tranquilles, ce sera bien pour nous. C'est souvent dans ces cas-là où l'on se sent supérieur aux autres que l'on a des déconvenues. Tout dépendra aussi de l'entame de match. Si on arrive à bien entamer la rencontre, à être solide dans le premier quart d'heure, ce sera bien pour la suite.

En championnat, vous êtes à neuf points de Montpellier, cette Coupe d'Europe peut devenir une priorité ?
On joue sur trois tableaux mais quand on a goûté à la Champion's League, on aimerait bien y retourner. Il faut pour cela être deuxième ou gagner la Coupe d'Europe. Pour accrocher cette seconde place en championnat, il suffit de gagner les matches importants. Si on fait un bon résultat dimanche et contre le PSG, on se rapprochera mais on n'y sera pas encore.

Vous sentez de l'engouement autour de ce match ?
Ca bouge un peu dans tous les sens. Au niveau des clubs essonniens, beaucoup ont demandé des places, ont annulé les entrainement et le fonctionnement du mercredi pour venir nous voir jouer. Ca fait parler mais est-ce que ça aura une suite ? Est-ce que ce n'est que ponctuellement que les clubs vont se mobiliser car c'est une affiche ou bien est-ce que les clubs vont se mobiliser car ils sont intéressés par notre sport ? C'est la même chose pour les personnes qui dirigent le foot français, est-ce simplement parce que c'est ce match-là ou est-ce une réelle volonté ? J'aimerais croire que c'est une réelle volonté. J'aimerais que tout le monde se mette derrière le foot féminin. Aujourd'hui, ce n'est que le début d'une aventure qui doit nous conduire à développer notre sport.

Personnellement, c'est le match le plus important de votre carrière ?
(Hésitation) J'en ai joué des matches importants avec de l'enjeu. Des finales de challenges comme celle de 2005, des finales de play-offs, des matches en équipe de France jeune avec des qualifications au bout. Mais mercredi, ça aura une saveur particulière, il y a un tel engouement, il y a à peu près 9000 places qui ont été distribués pour les clubs. Il va y avoir du monde. Tout mis bout à bout, ça fera un match important à garder en souvenir dans tous les cas. Cela restera ancré...Dans les cinq-six matches les plus importants d'une carrière.

Recueillis par Thibault Simonnet pour footofeminin.fr

Emilie Trimoreau : « On va leur montrer de quoi on est capable »
EMILIE TRIMOREAU
Née le 12 mai 1981 à La Roche-sur-Yon
1,63 m - 56 kg
Défenseure

Cette saison en Ligue des Champions
7 matchs (7 titularisations) - 660 minutes - 1 but

LA FICHE

Mardi 15 Mars 2011
Thibault Simonnet

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