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Laure Boulleau : « Moi, ça m'est insupportable »

Le quatrième but encaissé par les Bleues reste « en travers » de la gorge de Laure Boulleau qui « culpabilise ». La latérale des Bleues évoque aussi le futur adversaire de la France.



Laure Boulleau a joué son premier match du Mondial face à l'Allemagne (photo : Eric Baledent)
Laure Boulleau a joué son premier match du Mondial face à l'Allemagne (photo : Eric Baledent)
Laure, avez-vous bien dormi après le combat de mardi ?
J'ai eu un peu de mal à dormir. J'ai pas mal pensé au match. Comme toute l'équipe, je suis contente que l'on soit en quart de finale mais perdre ce n'est jamais agréable.

C'était aussi votre première titularisation en Coupe du monde chez les A.
Oui mais ce n'était pas une rencontre spéciale. On se pose suffisamment de questions. Je me suis donc dit : « Je vais jouer et basta ». La pression ? Je l'ai eue mais comme tout le monde surtout quand on joue devant 45 000 spectateurs.

Qu'est-ce que vous retirez comme enseignement de ce match ? C'est une défaite positive dans un sens ?
Une défaite n'est jamais positive parce que je déteste perdre. Il y a pas mal d'enseignements à tirer et il faut apprendre de toutes les défaites. J'espère qu'elle nous servira pour les quarts puis pour les demi-finales.

« J'ai pris des coups, j'ai des bleus partout »

A quoi attribuez-vous cette première mi-temps « timorée »
Les Allemandes nous ont complètement étouffées au début. On avait du mal à trouver des solutions quand on avait la balle. Elles ont commencé le match de la meilleure manière, pas nous. Elles avaient le contexte, peut-être que le public nous a un peu tendues aussi.

Il y a aussi ce quatrième but où vous oubliez votre marquage, c'est le manque de lucidité ?
Je n'en pouvais plus, je n'arrivais même plus à marcher. Je suis un peu déçue car j'étais persuadée qu'elle (ndlr : Inka Grings) allait la mettre en retrait et je me suis donc jetée. Bruno (Bini) m'a dit que dans un match comme celui-là, où l'on était en plus à 10 contre 11, ces erreurs peuvent arriver très souvent surtout quand on est « carbo ». Mais j'ai énormément de culpabilité par rapport à ce but-là. Ma famille me disait hier : « Ne te prends pas la tête avec ça ». Certes ça ne change pas grand chose mais c'est toujours désagréable de faire des erreurs comme ça. En tout cas moi, ça m'est insupportable. C'est très dur à accepter.

Laure Boulleau : « Moi, ça m'est insupportable »
On vous sent vraiment déçue.
Oui, parce que ce but-là je l'ai vraiment en travers. Même si c'est le quatrième et qu'il arrive juste avant le temps additionnel, j'ai quand même les boules. Je suis une compétitrice et je pense tout le temps à mes erreurs, à me remettre en question. C'est aussi arrivé à cause d'un manque de lucidité. Dans ces moments-là, le cerveau, on a l'impression qu'il n'est plus irrigué. Car pourquoi je sors de mon marquage alors qu'en temps normal je ne l'aurais jamais fait ? Je n'en sais rien, c'est allé à 10.000 à l'heure.

Cette grosse débauche d'énergie peut jouer sur la suite de la compétition ?
Il y a quand même quelques cadres qui étaient au repos. On sera largement prêtes pour l'Angleterre, Sonia (Bompator) n'a pas joué, Camille (Abily) seulement une mi-temps, Louisa (Necib) aussi. Il y a quand même du sang frais. Pour ma part, il faut que je récupère mais je suis prête s'il se passe quelque chose. Je ne sais pas si ça s'est vu de l'extérieur mais ne faire que défendre, ça use. Les Allemandes étaient plus grandes, plus costaudes, j'ai pris des coups, j'ai des bleus partout, elles étaient vicieuses en plus. Je n'ai plus l'habitude de rentrer dans un match, ça faisait plus d'un mois que je n'avais pas réalisé un match complet. Et contre une équipe comme ça, je m'attendais à ce que soit dur physiquement. Je me suis donnée au maximum.

C'était quand même un plaisir d'évoluer devant un tel public ?
Ils étaient à 99% contre nous, ça faisait beaucoup de bruit et j'espère qu'un jour en France on pourra avoir des matches comme ça. Elles sont dans un contexte idyllique, c'est la meilleure nation mondiale et quand on est en haut, le nombre de vos fans grandit. Le public vient avec les résultats. En Allemagne, le foot est très bien accepté en tant que sport féminin mais elles ont sept titres, elles sont deux fois championnes du monde. Quand on a des titres, on a une nation derrière. Si le foot féminin français progresse comme il est en train de le faire et qu'on arrive à avoir de bons résultats, on remplira, nous aussi, ce genre de stade en France. Mais il faut être patiente, ça ne se fera pas en claquant des doigts.

« On est en quart de finale, on sera surmotivée »

Contre l'Angleterre, ce sera du 50-50 ?
Elles sont un peu comme nous. C'est une bonne équipe à la recherche de titres. Après j'ai toujours eu de bons souvenirs en sélection de jeunes. On avait fait de super matches et on avait souvent gagné. En A, je ne les ai pas joué mais en jeunes, ça s'est toujours bien passé, j'espère que ça sera pareil samedi.

Avez-vous pu voir quelques matches des Anglaises ?
Oui quelques passages. C'est fort. Je connais quelques joueuses comme Carney ou Kelly Smith. Elles ont un gros potentiel mais quand je vois notre équipe, on a largement nos chances. On est en quart de finale, on sera surmotivée.

Thibault Simonnet, à Düsseldorf.

Mercredi 6 Juillet 2011
Sebastien Duret

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