Footofeminin.fr : le football au féminin
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Patrice Lair ou le guide du routard

L’amour du ballon rond conduit à des parcours parfois improbable. De Saint-Brieuc au Rwanda, le nouvel entraîneur des féminines de l’OL a ratissé large. Portrait d’un baroudeur pour qui le football n’a pas de frontières.



Patrice Lair ou le guide du routard
Il aurait pu entraîner le Stade de Reims en Ligue 2 ; il a connu le National avec Angoulême ; il a quitté le Bénin « en douce », aux agents de l’aéroport il leur a glissé un petit billet ; il a connu le Rwanda ; il a vu des joueurs africains courir un footing en sandales ; il a été champion de France avec l’équipe féminine de Montpellier HSC, et il veut être le premier entraîneur français à remporter la Ligue des Champions. Patrice Lair a débarqué cet été sur les bords du Rhône, plus ambitieux que jamais.
Depuis qu’il est arrivé dans la capitale des Gaules, le natif de Saint-Brieuc loge au Novotel de Gerland, un luxe qu’il apprécie : « Je sais la chance que j’aie d’être à Lyon. Ici toutes les conditions sont réunies pour réaliser de belles choses. Pour le président Aulas les féminines sont importantes. Il a aimé mes ambitions comme j’apprécie les siennes. A Lyon c’est pas compliquée : il faut gagner ».
Alors que Patrice Lair était prêt à poursuivre sa mission avec l’équipe nationale des 17 ans mais plus globalement avec le foot au rwandais, il reçoit un appel de Marino Faccioli, directeur administratif de l’Olympique lyonnais. « J’étais à la plage, près de Montpellier. Je n’ai pas hésité et le 16 juin, jour de mon anniversaire, je signais à l’OL. »

« J’aimais bien vivre… »

Avant de partir courir tout le football du monde, Patrice Lair a connu une période de joueur. A l’époque, il y a une trentaine d’années, le milieu relayeur accordait plus d’importance aux copains. « Je n’étais pas réputé très sérieux, disons que j’aimais bien vivre. Aujourd’hui je suis beaucoup plus rigoureux. » Ajouté à ça deux fractures tibia péroné, et il en était terminé de sa carrière. « J’ai eu la possibilité d’intégrer le centre de formation du FC Nantes. Mais je n’ai pas de regret, si ce n’est celui d’être passé à côté d’une carrière d’entraîneur professionnel. »
Coach, une liste pas toujours évidente à résumer (voir fiche technique). Après des passages obligés en Ligue, « un atout d’être passé par cette école », il se retrouvera catapulté entraîneur adjoint de Marc Collat au Stade de Reims. Aux portes du professionnalisme.
« On m’a proposé le poste de Collat en Ligue 2 quand il a été remercié. Mais pour moi c’était comme un coup de poignard dans le dos. J’aurais dû accepter, mais à cet instant j’ai été honnête avec moi-même. Je ne suis sans doute pas assez carriériste. »
A Angoulême, alors en National, il fera la causerie à Savidan, avant d’être licencié. « J’étais écoeuré mais le club avait trop de soucis financiers, il a d’ailleurs déposé le bilan deux ans plus tard. »

L'Afrique, un football venu d'ailleurs

Patrice Lair, attentif ici face à Hénin (photo : Denis Dujardin)
Patrice Lair, attentif ici face à Hénin (photo : Denis Dujardin)
Un jour, il s’en allait signer un contrat avec Fréjus (CFA). Et il le souvient : « 90 km avant d’arriver, j’étais sur l’autoroute, on m’appelle pour me dire que ce n’était plus bon. Et qu’est-ce que je pouvais leur dire, hein ? ». Le mieux, partir en vacances. Et là, nouveau coup de téléphone : le Montpellier de « Loulou » Nicollin.
« J’arrive dans le foot féminin alors que je n’y connaissais rien. Au final je passe deux superbes années, avec deux challenges de France et une ½ finale de Coupe d’europe. »
Le FC Lyon devient l’Olympique Lyonnais au féminin. Son équipe voit alors partir ses meilleures joueuses plus près de Gerland. « Je suis un compétitif et là, Montpellier n’avait plus les moyens. J’ai préféré partir. »

Des contacts sans suite avec Der Zakarian à Nantes, et direction l’Afrique. Un autre monde. « C’est une aventure extraordinaire, il faut le vivre pour comprendre. » Autrement dit, un simple article ne suffit pas. « Je suis marqué à vie. Aujourd’hui c’est plus dur parce que je sais que ça existe. Un jour j’y retournerai… » Et puis, Lyon. S’il y a de la pression dans le club des gones, il est armé. « En Afrique, la politique dirige tout, et surtout le sport. Alors la pression je connais ; ici, si on perd on ne me coupera pas la tête… » Des mots pour dire que là bas, Patrice Lair a crains pour sa vie.
Le Breton aime le football, tous les football. « Demain je suis capable d’entraîner une équipe de quartier et je prends du plaisir à regarder un match de 1ère série. » Pour l’heure, c’est l’Europe qui l’attend. Et un défi : celui de marquer de son emprunte le football féminin.

C.Perrier/foot69.fr

Mercredi 22 Septembre 2010
Sébastien Duret

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