Footofeminin.fr : le football au féminin
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TV - Fabien LEVEQUE (France 4) : "La différence existe, c’est évident"

Celui qui commente en binome avec Marinette Pichon revient, pour Footofeminin, sur les larmes des filles aux Jeux Olympiques, du foot féminin en général, de la différence avec les garçons et de sa médiatisation.



(photo France TV)
(photo France TV)
Fabien, vous attendiez-vous un jour à commenter un match de foot féminin ?
Pas spécialement. L’occasion s’est présentée l’an dernier avec le partenariat entre France Télévisions et la Fédération pour accompagner l’essor de la D1 féminine. J’ai pris énormément de plaisir cette saison parce qu’on a vécu de bons moments en championnat, avec de belles oppositions, mais aussi en finale de la Coupe de France. Les Bleus, aux Jeux Olympiques, c’était encore autre chose parce que c’est le moteur du foot féminin en France. Les suivre, c’était quelque chose de fort.

Comment avez-vous vécu ces Jeux ?
C’est l’équipe de France, il y a donc une dimension patriotique et puis on a assisté à une espèce de dramaturgie autour des deux derniers matches. C’était dur de les voir terminer l’aventure comme ça parce qu’elles sont passées à côté de quelque chose de grand. Il y a ce match contre le Japon qu’elles ne doivent pas perdre et ce match contre le canada qu’elles doivent gagner facilement. Au final, elles rentrent avec zéro médaille mais il y a un vrai attachement du grand public à cette équipe de France, un lien s’est tissé.

Elles auraient pu aller au bout ?
Au moins en finale. Après le niveau de la finale était également d’un très haut niveau et je ne sais pas si les Françaises auraient pu décrocher l’or mais elles auraient pu aller en finale, c’est certain. Il y a ce penalty de Bussaglia qui échoue à quelques centimètres du poteau qui change tout. Elles sont passées à côté de quelque chose mais ça va leur servir à l’Euro 2013 pour aller chercher le gros lot.

Si vous ne deviez retenir qu’une image au bout d’un an, ce serait celle-ci ?
Ce sont les larmes de l’équipe de France contre le Canada. Elles sont restées de longues minutes en larmes, elles étaient complètement abasourdies, ne comprenaient pas ce qu’ils se passaient. Elles avaient tellement dominé ce match, étaient tellement persuadées qu’elles allaient revenir avec une médaille que c’était une terrible désillusion parce que les Canadiennes ont marqué sur leur ultime attaque. C’était terriblement cruel pour les Bleues. Ca m’a marqué parce qu’il y avait de l’émotion, c’était vraiment triste de les voir quitter les Jeux de cette façon alors qu’elles avaient une médaille au bout des pieds.

"Les filles ont un lien avec le public"

Avec Marinette Pichon lors des JO
Avec Marinette Pichon lors des JO
Vous commentez aussi des matches de garçons pour France 4, avez-vous constaté des différences entre les filles et les garçons ?
Ce sont toujours un peu les mêmes sentiments que l’on en entend. Les filles ne vivent pas dans un monde où elles sont obnubilées par l’argent. Ce n’est pas encore tout à fait le même monde. On voit qu’elles sont beaucoup plus abordables et qu’il y a davantage de fraicheur. Ça fait longtemps qu’on entend ces petits clichés, ces comparaisons mais c’est vrai que ça existe. Et c’est toujours plus sympa d’avoir affaire à une équipe souriante, abordable, avec laquelle on peut discuter. La différence existe c’est évident. Mais tout cela a servi aux filles car l’essor du foot féminin est survenu quand l’équipe de France masculine était au fond du trou. Il y a un désamour un peu profond. Et chez les filles c’est le contraire, il y a une attente, un lien avec le public qui existe et c’est peut-être ce qu’ont perdu les garçons de leur côté.

Avez-vous été étonné de cette différence ?
Globalement elles sont toutes issues du monde amateur et on retrouve, dans le foot féminin, les valeurs du monde amateur : la solidarité, l’humilité... Il n’y a pas de mauvaises surprises mais cela peut changer. Si l’argent arrive massivement, on peut retrouver les même travers. Mais pour l’instant, elles sont à l’abri de tout ça.

Personnellement, aviez-vous déjà eu une expérience avec le foot féminin ou c’était une grande découverte ?
J’avais été amené à découvrir l’équipe de France féminine en 2003 ou 2004 lors d’un match amical contre la Chine à Marmande lors d’un tournage pour France TV. Elles étaient coachées à l’époque par Elisabeth Loisel mais le niveau n’a plus rien à voir, il a énormément progressé. Tous les gens disent qu’ils sont surpris par le niveau des filles et on est loin des stéréotypes qu’on pouvait avoir. Désormais, les gens le reconnaissent facilement : ils prennent du plaisir à regarder du foot féminin à la télé et c’est une grosse avancée. On voit qu’il y a la place pour une médiatisation importante du foot féminin à la télé.

"Le foot féminin est un produit qui a de l'avenir à la télé"

Et au niveau des audiences, comment se comporte le foot féminin ?
C’est un produit qui a de l’avenir à la télé. On voit qu’Eurosport accompagne énormément la D1F cette saison. France TV retransmettra quatre ou cinq matches en plus de la finale de la Coupe de France donc c’est bien. On est vraiment content d’accompagner le foot féminin comme ça. Pour la D1, c’était d’ailleurs le moment ou jamais, le wagon il fallait le prendre maintenant car après ce sera trop tard. Grâce aux bonnes performances de l’équipe de France, un souffle nouveau est arrivé et il faut profiter de cet appel d’air pour que la D1 continue à progresser. Il faudrait aussi davantage de concurrence, un championnat plus serré. Les moyens que met le PSG pour sa section féminine, c’est tout bénef’ pour le championnat de France mais il faut qu’il y ait d’autres clubs qui arrivent. Marseille part de très bas mais va amener du piment.

Comment le foot féminin peut-il prendre encore plus d’ampleur ?
On voit que quelques gros clubs en France jouent le jeu comme Nancy ou Marseille mais il faut que les autres clubs s’y mettent comme Lille ou encore Rennes. Il faut que le public retrouve tous les grands noms du foot français en D1F pour que ça donne plus de relief à ce championnat.

T.S.

FABIEN LEVEQUE
Né le 12 août 1980 à Saint-Nazaire
Profession : journaliste

Parcours de footballeur
Poste : ailier gauche
Clubs : Saint-Cyr Herbignac (1987-1994), FC La Chapelle-des-Marais (1995-2001)

Parcours
IUT de marketing et de communication (Nantes)
Titulaire d'une licence professionnelle de Communication et de journalisme (Nantes)
Ministère des Sports - service de presse
Olympique de Marseille - site Internet, magazine, OM TV
Ambassade de France à Madrid - service de presse
Service des sports de France Télévisions - étudiant-journaliste en alternance avec l'Ecole de journalisme de Lille (2003-2005)
Service des sports de France Télévisions - journaliste depuis février 2007, commentateur match de football depuis septembre 2008

Jeudi 1 Novembre 2012

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