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Véronique Romagnoli : à fond la forme !

L'ex-internationale de football bosse aujourd'hui au rayon Montagne de Décathlon. Et se démène en parallèle pour permettre aux handicapés de faire du sport



Véronique Romagnoli et le football, c'est terminé. Mais l'ancienne ailier gauche de l'équipe de France aura marqué sa génération (photo : Serge Haouzi)
Véronique Romagnoli et le football, c'est terminé. Mais l'ancienne ailier gauche de l'équipe de France aura marqué sa génération (photo : Serge Haouzi)
Un très joli portrait de l'ex internationale rédigé par Eric Farel. Source : Nice Matin

Le football féminin peine à sortir de l'ombre. C'est l'un des regrets que ressasse Véronique Romagnoli. Romagno... qui ? Si, si, vous savez, ce petit bout de femme qui, dans les années 80, formait l'ossature de l'équipe de France avec, pour ceux qui ont un peu potassé le sujet, les Loisel, Constantin, Wolf, Puentes et consorts. Des « wonderwomen » du ballon rond restées anonymes aux yeux du grand public. Des filles sympas, pas bégueules pour deux sous, dont Véro se fait volontiers le porte-étendard, dès lors qu'il s'agit de défendre leur image, de louer leur mérite ou de déplorer l'absence d'intérêt manifestée à leur encontre par le monde médiatique. Et toc !

La fillette a 11 ans lorsqu'elle plante ses premières banderilles sur un terrain de foot. Jusque-là, elle avait taquiné la balle dans la rue, avec les copains. Et joué aussi aux côtés des garçons, dans un stade de quartier. « 11 ans, c'est l'âge charnière. Celui auquel on considère qu'il commence à y avoir un trop grand décalage physique entre les filles et les garçons. » Il lui faut donc intégrer une équipe cent pour cent féminine : elle choisit l'AAJ Blois, la ville où elle est née un jour de juillet 1966.

On s'étonne un peu qu'elle ait opté pour le foot. Mais sa réponse est toute trouvée... « Mon père, Mariano, est un ancien pro qui a joué à Nantes, Mulhouse et Blois notamment. Quand j'étais gamine, il m'amenait sur les terrains. Et pendant qu'il jouait, je m'amusais à frapper la balle sur le mur du vestiaire. »

Internationale à 15 ans

Voilà donc le destin de Véronique scellé : elle sera footballeuse. Avec Blois, elle monte en championnat de France et, dès la première année, se trouve enrôlée en sélection nationale, face à la Belgique... « J'avais 15 ans. À l'époque, j'étais la plus jeune internationale de France. » Et forcément, une jeunette qui porte un maillot tricolore, ça se remarque. « Soyaux, Lyon et Reims, les grandes équipes du moment, m'ont demandée. Et puis un soir, en rentrant d'un match, mon père m'a dit que le président de Monaco avait appelé. J'ai fait le choix de la raison. Le club de la Principauté me proposait de bonnes conditions professionnelles : un travail à mi-temps dans la société du président et la possibilité de m'entraîner le reste du temps. » Véro aurait préféré Lyon, mais file donc vers Monaco avec un challenge à la clé : permettre à l'équipe d'accéder au championnat de France. Une mission remplie dès le terme de sa première année de présence au club.

Depuis quelque temps déjà, après avoir évolué au centre de l'attaque et en numéro 10, elle s'est fixée sur le flanc gauche. « Je suis une pure gauchère. Le poste d'ailier était fait pour moi. »

Le petit gabarit de Véronique Romagnoli (elle mesure 1,56 m) fait merveille : elle va vite, frappe fort, sert et marque. Un jeu « à la Bellone » qui lui vaut au total dix-sept capes (et trois buts) en équipe de France. Son franc-parler fait aussi des étincelles. Elle ne se prive pas par exemple de balancer quelques vérités à l'adresse, notamment, de la gent masculine. « Le football est l'un des derniers bastions du machisme » risque-t-elle un jour, répondant aux questions d'un confrère. Elle n'est pas pour autant excommuniée par le milieu.

Véronique porte les couleurs monégasques jusqu'en 90. Et puis, c'est le ras-le-bol... « A 24 ans, j'avais besoin de respirer. Jusqu'ici, tous mes week-ends avaient été consacrés au football. J'étais près de l'overdose. » Fin de l'aventure ? Non. Juste du haut niveau. La jeune femme, en effet, tire un trait sur sa carrière internationale. Et signe avec Menton, club de Ligue, un long bail de dix ans. Lyon avait bien tenté une nouvelle approche pour s'attacher ses talents. Mais en vain.

210 francs par match

Avec le recul, quel regard Véronique jette-t-elle sur ses « années football » ? Il y a d'abord le bon côté des choses... « Du bonheur, du plaisir, l'ambiance, le groupe France très soudé. Le foot, ça m'a aussi permis de voyager à travers l'Europe, de découvrir des pays dans lesquels je ne serais jamais allée de ma propre initiative. » Et puis remontent les regrets, les remords. « Je n'ai jamais réussi à être championne de France alors que j'ai disputé cinq demi-finales (ndlr, une avec Blois, quatre avec Monaco). Cela me reste en travers de la gorge. »

Tout comme ce quart de finale retour du championnat d'Europe perdu à Vallauris (1-2) contre l'Italie... « Cette partie, on l'avait survolée. La victoire n'aurait jamais dû nous échapper. Mais l'arbitrage ne nous a pas été favorable. Et on a appris quelques jours plus tard que certaines Italiennes avaient disputé un autre match en étant dopées. Ce qui veut dire qu'elles l'étaient certainement aussi pour celui-ci. »

Véro qui, en pleine gloire, gagnait 210 francs par match fait également le procès de l'inégalité. Celle qui oppose masculins et féminines... « Ce sont deux mondes différents. Pourtant, les filles font autant d'efforts que les hommes. Mais quelle différence de traitement ! C'est frustrant et révélateur de l'esprit macho français. Aux États-Unis, par exemple, le soccer est le sport numéro un chez les femmes. Chez nous, rien n'a vraiment évolué, malgré les efforts d'Aimé Jacquet.»

Mais bon, rassurez-vous. Si l'ex-attaquante monégasque qui préside l'Association des anciennes internationales du football féminin, a une dent contre le système, elle n'en veut pas vraiment à l'autre sexe de raffler la mise médiatique. D'ailleurs, elle suit à la télé les «grands» matches. Presque sans arrière pensée.

Mardi 6 Avril 2010
Sébastien Duret


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