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SOYAUX : la SAS en liquidation judiciaire, l'association historique prête à rebondir

Le communiqué adressé par le Président de la feu SAS Benoît Letapissier apparaît en trompe-l'oeil. En effet, si la Société à Actions Simplifiée créée en 2020 a mis la clé est placée en liquidation judiciaire, avec de nombreuses créances, l'association de l'ASJ Soyaux existe toujours et le club prépare sa saison en Régional 1.



(photo footofeminin)
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Depuis sa création, la SAS avait toujours flirté avec la rélégation administrative auprès de la DNCG, le gendarme financier français. A sa création, le 13 juin 2020, juste après la pandémie, la SAS comptait comme premiers actionnaires, l'association de l'ASJ Soyaux Charente, qui détient le numéro d'affiliation auprès de la FFF pour 22,5% des parts, Benoît Letapissier, action majoritaire avec 52,5% et le solde des parts répartis équitablement entre Louis Dupeyrat et Joël Cordeau, ce dernier étant alors président de la SAS, pour un capital total de 40 000 €.

Mais quelques mois plus tard, sur fonds de désaccords, Joël Cordeau démissionne le 6 novembre 2020, tout comme Louis Dupeyrat et Benoît Letapissier est nommé Président lors d'une AG extraordinaire, récupérant les parts pour avoir 77,5 % du capital de la SAS.

Le club charentais adopte alors une politique de recrutement bien loin de celle connue jusqu'à présent pour essayer de rivaliser dans un championnat de plus en plus concurrentiel. Mais les moyens du club charentais reste limité et les dépenses supérieures aux recettes. Moins de spectateurs qu'avant la création de la SAS, pas assez de sponsors ou de partenaires, le compte n'y était pas. Des difficultés structurelles pour un club exclusivement féminin, dont le Président rapporte régulièrement ne pas être assez soutenu par les aides des collectivités locales. Le Directeur Renaud Fabre reconnaissait cependant il y a quelques semaines "une gestion peut-être pas assez rigoureuse."

Le club s'est en effet retrouvé au fil des mois et des trois saisons sous la SAS chahuté par ailleurs par différentes affaires, plusieurs joueuses ayant saisi les prudhommes pour des litiges concernant le contrat et particulièrement les annexes au contrat signé entre les sportives et le club. Les agents de ces joueuses évoquent "un traitement indigne des sportives et ne souhaitent plus travailler avec l’ASJ Soyaux." Les entraîneurs se sont aussi succédé en l'espace de trois ans avec pas moins de 5 entraîneurs, sans compter les intérims assurés par les adjoints.

L'ambition de jouer la montée en D3

Cette saison, 32 personnes étaient employées par la SAS du club charentais. Alors que le Président se faisait aussi moins présent, le Directeur Général Renaud Fabre, arrivé d'Yzeure, devait faire face. Les joueuses étaient payées en retard, l'entraîneur adjoint avait décidé de partir. Sauvé in extremis la saison dernière, la situation était plus compliquée cette saison et à la relégation sportive est venue s'ajouter en juin la relégation administrative prononcée par la DNCG. Après avoir tenté de lancer une cagnotte qui n'a recueilli que 700 € et de trouver un repreneur, l'ampleur des dettes a abouti à l'inéluctable fin de la SAS qui s'est fendue d'un communiqué ce 27 juillet par la voix de son Président. Un communiqué ambiguë qui annonce la disparition du club de l'ASJ SOYAUX (sic). Si la SAS disparaît, l'association, elle, reste en place. Le communiqué évoque "l'investissement financier et personnel" de M. LETAPISSIER dans le projet, évoquant la création d'un centre de formation dont l'annonce du coût avait surpris au regard des structures du club, avec un coût de 23 000€ par joueuse par an.

Dans le communiqué, la faute majeure de la fin de la SAS est notamment reprochée "à l'engagement trop timide des collectivités locales (...) la volonté de la FFF de faire disparaître les clubs amateurs du paysage de la D1 (...) les décisions abusives de la DNCG" tout cela aurait "éloigné les sponsors potentiels et découragé les jeunes talents"... La gestion de la SAS et les divergences dès les premiers mois entre les actionnaires avaient déjà fragilisé la structure qui n'a jamais su trouver un équilibre en adéquation avec ses moyens. Il n'en reste pas moins que la SAS avait cumulé les dettes auprès de certains organismes comme l'URSSAF comme le révélait La Charente Libre. Le quotidien régional a sollicité suite au communiqué les dirigeants historiques de l'association dont le vice-Président Claude Fort n'a pas manqué de redonner le cadre alors que les deux parties font part réciproquement attendre des impayés : "Benoît Letapissier annonce la fin de l'ASJ Soyaux, mais il n'y a que sa SAS qui disparaît". Le club étant à jour auprès de sa Ligue et de son District, il peut en effet repartir.

A Soyaux, l'entraîneur Tom Bouvier, qui était resté salarié de l'association, repart avec l'ambition de jouer la montée en D3 dès la saison prochaine. Si une vingtaine de joueuses sont déjà parties sous d'autres cieux, il reste désormais à établir l'effectif pour repartir le 17 septembre dans un championnat qui a vu Arlac-Mérignac et Châtellerault accéder en D3. De quoi espérer même s'il faudra rivaliser avec Gradignan, Bergerac, Limoges, Trois Cités Poitiers ou encore l'ambitieux promu de l'ES La Rochelle où évolue d'anciennes Sojaldiciennes comme Marina Pascaud et ses 19 saisons en Charente.

Le communiqué publié le 28 juillet 2023 par la SAS


Mardi 1 Août 2023
Sebastien Duret

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