40 ans et une nouvelle idée du football au féminin

A l’occasion de la remise du trophée national « Femmes et Sports » récompensant la meilleure stratégie ou action menée par une fédération sportive en matière de féminisation des postes à responsabilité (fonctions électives, techniques ou à titre professionnel) et/ou développement de la pratique physique et sportive féminine, le 8 mars dernier, la FFF par le biais du président de la LFA, Fernand Duchaussoy a présenté le lancement d’une nouvelle politique d’ouverture à la pratique féminine.



Jean-Pierre Escalettes (au micro) et Fernand Duchaussoy (à gauche)
Après l’introduction du Président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes avec un rappel historique des premières footballeuses françaises en 1917 à aujourd’hui, c’est le président de la LFA Fernand Duchaussoy qui prenait la parole. L’occasion de tirer un bilan par forcément flatteur en matière de pratique féminine. « Partout autour de nous, ça bouge » faisant aux fédérations allemande, anglaise, nordique… rappelant quelques chiffres évocateurs : « 30 % des licenciées en Norvège sont des filles, en Allemagne, plus d’un million de pratiquantes, 10% dans le monde et en France…2,5 % ! ». Il attirait alors l’intention que la Ligue du Football Amateur était convaincue d’une ouverture plus large à la féminisation que ce soit les compétitions, ou les offres de pratique, tout cela sous l’égide de la DTN. Mais le point d’orgue de cette nouvelle orientation est la mise en place d’une commission de la féminisation dont l’objet est de promouvoir la femme dans le football. « Cela veut dire ouvrir la porte à des postes à responsabilité comme présidente… » s’est attaché à souligner M. Duchaussoy. Cela se poursuit aussi avec des actions innovantes pour le milieu de la FFF longtemps peu enclin à ce genre de démarche : « Samedi dernier (NDLR, le 6 mars), nous avons décidé d’instaurer la parité à la journée des bénévoles qui a lieu chaque année lors de la finale de la Coupe de France ».

Gérard Houllier (Directeur Technique National)
Fait marquant aussi de cette année 2010, les 40 ans du football au féminin. Un anniversaire marqué par l’organisation d’une grande journée festive autour de la finale du Challenge de France à Evry-Bondoufle. Autour de cet événement, d’anciennes joueuses internationales ont été invitées, mais aussi des personnalités féminines, des joueuses, des arbitres… qui ont marqué depuis 40 ans et la reconnaissance par le Conseil Fédéral de la pratique féminine le 29 mars 1970, le football. Tout cela se déclinera également par un match de gala, la finale de la Coupe Nationale U15 féminine…

Fernand Duchaussoy souhaitait aussi argumenter pourquoi la femme y a toute sa place : « C’est un football vif, agréable, technique, enthousiaste. Il faut inciter les jeunes et moins jeunes à apporter leur vision à notre sport. ». Un constat qui doit désormais se traduire dans les actes et l’accompagnement sur le terrain des acteurs au quotidien dont les difficultés sont bien réelles. Gérard Houllier, le Directeur Technique Nationale, a présenté les choses de ambitieuse : « 200 000 licenciées dans 10 ans » expliquant qu’un entraîneur national, Guy Ferrier, a été mis en place pour le développement de la pratique, la masse, le resserrement de l’élite.

De grands travaux en perspective car 40 ans après le football au féminin a encore du chemin à parcourir pour être reconnu de tous et partout.

Rama Yade (Secrétaire Général chargé des Sports)

Je me suis toujours défendue pour la féminité dans le sport, il n’y a pas de combat plus intéressant. Il en va de la promotion et de la protection du droit des femmes. On mesure dans une société, son degré d’avancement au droit et à la place des femmes. Les Droits de l’Homme continue toujours à être une priorité. Cette journée de la Femme permet d’y réfléchir. Il y a de trop nombreuses inégalités qui perdurent dans l’entreprise, l’administration, le sport.

Aujourd’hui mon regard n’a pas changé. Les femmes n’occupent pas la place qu’elles méritent. Elles ne présentent qu’un tiers des licenciés de l’ensemble des fédérations. 21 d’entre elles comptent même moins de 10 % de licenciées.

Il y a un extraordinaire décalage entre les paroles et les actes, dans la maigreur des résultats obtenus. La médiatisation, la diffusion des matches posent un problème, ce n’est pas assez familier pour que l’on puisse apprécier. Les instances sportives ont du mal à se mettre au diapason alors que la légitimité des femmes dans le sport ne doit pas se poser.

Dans l’intérêt du sport français, les fédérations souffrent de leur absence, et pourtant leurs qualités ne manquent pas avec la recherche de nouveaux talents. Le paradoxe est que deux femmes sont à la tête du Ministère des Sports. Mais il n’y a qu’une seule vérité, c’est celle du terrain. La promotion du sport au féminin ne doit pas être prise comme une action de charité, mais bien comme une ambition pour le sport afin de mobiliser de nouvelles pratiquantes.

Dans ce contexte, le lancement de la campagne de la FFF, acteur majeur du sport, doit faire preuve d’une plus grande efficacité en matière de solidarité, de mixité. Il faut faire comprendre que les fédérations doivent mener de telles actions. Je comprends qu’il soit difficile d’accorder une extrême importance au plan de féminisation et je sais que le plan sera un travail difficile et de longue haleine.

Lundi 15 Mars 2010
Sébastien Duret