#D1Arkema - Laurent MORTEL (ASJ Soyaux) : "On est maître de notre destin"

Soyaux a renoué avec la victoire samedi face à Issy. Un premier succès pour Laurent Mortel depuis sa prise de fonction il y a trois mois face à un adversaire direct.



Laurent Mortel et Kimberley Cazeau (photo : Patrick Vielcanet/@declicsport)
Tout d’abord, votre sentiment après cette victoire importante dans ce match clé ?

(Souffle un grand coup) Elle fait du bien. C’est un grand ouf de soulagement. Les filles, depuis le temps qu’elles travaillent, méritaient de prendre des points. C’était difficile, on gagne 1-0. On a quelques occasions pour faire la différence, on ne l’a fait pas et on reste sous la menace de l’adversaire. C’est une victoire dans la difficulté. On avait modifié l’équipe à certains postes et il y a eu quand même pas mal de motifs de satisfaction, de choses intéressantes.

Il y a aussi la blessure de Kelly Gadéa… on savait que c’était un risque. J’en avais discuté avec Siga (Tandia, ndlr). Je savais qu’elle pouvait aussi prendre ce poste derrière. Elle nous a rassuré et apporter son expérience. Je me suis entouré au maximum de filles qui ont participé à l’histoire de Soyaux parce que dans ces moments-là, ce match particulier, j’en avais besoin. Et elles ont répondu présentes. Dans l’état d’esprit, on a fait un match héroïque. On n’a pas tout réussi, on aurait pu mieux exploiter certaines situations mais globalement on a maitrisé.

Vous avez continué notamment durant la rencontre à pousser, même après le premier but, sans toutefois la réussite…

Contre cette équipe, on ne voulait pas reculer et subir. On avait pour projet d’aller les chercher haut avec un bloc médian-haut et un pressing de manière à les empêcher de pouvoir jouer. Le deuxième ballon était essentiel, c’est ce qu’on avait remarqué. On n’a pas voulu déjouer. On a continué à aller les chercher. Malheureusement, ce deuxième but n’est pas venu et nous aurait je pense tous soulagé à la fois ici et derrière les postes de télévisions.

On a effectivement senti que ça aurait pu basculer en seconde période, avec Issy qui a poussé un gros quart d’heure avant les entrées de Stapelfeldt puis Dumont qui ont apporté de l’équilibre…

Toutes les filles qui sont rentrées ont apporté. On avait fait le choix de mettre la petite Carla (Cosmo, ndlr) d’entrée, qui a apporté tout ce qu’elle a pu dès le début du match. Il y a eu Agathe (Donnary, ndlr) qui est rentrée, qui est une jeune joueuse également qui jouait peu mais qui a su répondre présent.

Derrière, on a mis Anaïs et Nina qui sont capables de rentrer. Mais toutes les filles avaient vraiment envie de bien faire. On a senti un groupe. Et si maintenant ce groupe pouvait se révéler et avoir cet état d’esprit d’unité. Des fois, il faut des matchs compliqués. C’en est un. Si ça peut nous permettre d’être unis et d’envisager la suite du championnat différemment, c’est mieux.

"C'est la victoire d'un groupe"

Le manque de confiance, du fait entre autres de la série de neuf matchs sans victoire de Soyaux en championnat avant aujourd’hui, a pu peser dans les têtes par moment ?

Oui. Encore une fois, c’est un score serré. C’est vrai qu’il y avait peut-être un manque de confiance, même si depuis un petit moment on est quand même capables de marquer dans le jeu. Là, c’est un but qui est venu d’une action bien menée avec Marie-Charlotte (Léger, ndlr) qui trouve Laura (Bourgouin, ndlr) dans la profondeur. Il faut qu’on continue et qu’on s’appuie sur ce genre de situation.

Puis, il faut laver les têtes. Là, on va couper. Notre prochain match sera à la maison. C’est notre huitième rencontre sachant qu’on en a fait six à l’extérieur. Ce n’est pas facile, on ne s’en rend pas bien compte. En prime, le suivant sera face à Lyon donc encore une fois un épouvantail. L’essentiel aujourd’hui, c’est que l’on a trois semaines pour se préparer, soigner les blessures, réfléchir à tout cela et penser à l’avenir.

La bonne nouvelle aussi sur cette rencontre, c’est Léger positionnée en neuf qui amène la passe décisive et qui a beaucoup pesé sur la défense adverse ?

(Il sourit) C’est l’ensemble de l’équipe. C’est un poste où je savais qu’elle pouvait jouer. C’est différent des autres joueuses qui peuvent occuper cette position. Je sais qu’elle est capable de me garder le ballon. Ce n’est pas forcément une joueuse qui va prendre la profondeur. Elle va nous conserver le ballon, nous donner ce petit temps pour que le bloc se recompose et qu’on puisse ensuite alimenter le jeu. On ne l’a peut-être pas encore assez utilisé à mon goût, mais c’est de bon augure pour la suite. Ça nous donne d’autres solutions pour l’avenir.

Par rapport à la sortie sur blessure d’une autre de vos recrues, Kelly Gadéa, comment va-t-elle ?

On savait qu’il y avait une petite douleur à l’ischio. On avait entamé une course contre la montre pour essayer de la rétablir. Il y avait un risque. On pensait qu’elle était capable de tenir. Malheureusement, aujourd’hui ça s’est passé comme cela. C’était prévisible, on avait pris ce risque-là. Elle va se soigner et on espère l’avoir avec nous très vite. Ce sont des joueuses qui nous apportent également.

Mais je préfère saluer l’unité qu’il y a eu aujourd’hui, c’est le plus important. C’est la victoire d’un groupe, aussi bien de celles sur le terrain que sur le banc. J’ai une pensée aussi pour tous les gens qui nous soutiennent en permanence car on a vécu des moments difficiles, on continue à en vivre mais les gens sont derrière nous. Et malheureusement avec cette situation actuelle, ils ne sont pas avec nous. Je pense qu’on en aurait grand besoin.

"Je préfère faire la course « devant »"

Il y a eu une petite alerte aussi avec Marine Perea sur sa sortie…

Oui, on reste embêter avec la blessure occasionnée contre le Paris FC. Elle est revenue et là, sur un dernier choc, la tête tournait un petit peu donc on a préféré la protéger. Elle a fait un match intéressant, elle était présente. Mais on a fait le choix de la faire sortir par précaution, ce qui n’était pas prévu. J’aurais préféré sortir Laura car ça sifflait un peu… Donc Laura, comme Marie-Charlotte, même si on savait qu’elles aussi avaient des petites difficultés, ont pu finir. On va pouvoir souffler.

Au final avec cette victoire, c’est également une très belle opération comptable avec trois points d’avance sur Issy et l’annulation du goal average particulier…

Maintenant, ce qui va faire la différence c’est le goal average général. À égalité de points, on repasse devant. C’est un petit avantage. Désormais, à nous de faire attention aussi sur les matchs difficiles qui vont arriver. Mais effectivement, sur le plan comptable ça fait du bien. Issy a un match en moins. On sait que les matchs en retard ne se gagnent pas toujours. Ça nous permet maintenant de nous occuper de nous. On va être chassés, ça va être différent. Je préfère faire la course « devant » et en laisser deux derrières. On est maître de notre destin. Je préfère être dans cette position.

Depuis votre arrivée en novembre dernier, avec en prime la mi-saison désormais passée, quel bilan faites-vous de votre saison jusqu’à présent ?

C’est un bilan qui est partagé. On a bien conscience que, dans le jeu, il y a des choses qui se passent. Au niveau des occasions et de la possession, on est capables de poser problème. Mais vous savez, dans le football vous n’êtes jugé que sur une chose : les résultats. On peut trouver l’équipe avec des améliorations et un projet de jeu différent. Malheureusement, ce qui fait la différence ce sont les points.

Depuis novembre, on n’en prenait pas assez. Il faut être très cartésien, on avait fait qu’un match nul contre Fleury et le reste on ne prenait pas de points. Aujourd’hui, on en prend. Il nous reste quelques matchs. Il faut continuer à jouer et à prendre des points pour se maintenir. Ce n’est pas gagné. On a fait un pas important aujourd’hui mais il y a d’autres matchs à enjeu qui arrivent.

On n’était pas récompensé jusqu’ici de tous les efforts qui sont faits depuis un petit moment. Il y a des choses qui ne sont pas forcément faciles avec le niveau d’exigence qui est différent, le projet de jeu, nos attentes et le fait de nous placer devant nos responsabilités. Maintenant, on doit continuer à avancer. On est arrivé avec le staff pour maintenir l’équipe. Pour l’instant, on est très loin d’avoir atteint l’objectif. Mais on est en vie et on va continuer à travailler pour se maintenir.

Pour atteindre cet objectif, il y a justement eu des renforts. On parle encore de deux nouveaux noms qui arriveraient cet hiver à Soyaux, dont Michelle Akaba Edoa qui avait été testée en amical. Des nouvelles à ce niveau ?

Pour l’instant, la situation sanitaire au pays est compliquée. Il y a des choses qui sont en projet, je ne peux pas vous en dire plus. Officiellement, il n’y a rien de fait puisque l’on n’a pas obtenu les documents nécessaires. Mais effectivement, j’aimerais apporter autre chose à notre effectif de manière à mettre un maximum de chances de notre côté pour se maintenir. (Sourire) Ce n’est pas impossible qu’il se passe encore des choses en effet. Mais aujourd’hui, j’ai cet effectif et je travaille avec les joueuses présentes.

Lundi 8 Février 2021
Daniel Marques