Faustine Roux : « Le couteau sous la gorge »

La Roche/Yon - Yzeure, c'est le match de la dernière chance pour ces deux équipes qui s'affrontent samedi. Une victoire est indispensable pour, encore, croire à un sauvetage parmi l'élite. Une véritable rencontre à quitte ou double, « le plus gros match de la saison », pour Faustine Roux, la capitaine d'Yzeure.



Faustine Roux (photo : MG)
Faustine, Yzeure se rend à la Roche, samedi. C'est le match de la peur ?
Non, mais ça sera le tournant de la saison pour nous. Si on gagne La Roche et Le Mans, on peut être neuvièmes et sortir de la zone de relégation car toutes les autres équipes vont jouer des gros matches. On a le couteau sous la gorge, c'est le plus gros match de la saison.

S'il y a un perdant samedi, celui-ci sera condamné à la D2 ?

Mathématiquement, c'est vrai que celui qui perdra aura plus de chance de descendre.

Il y a, j'imagine, une pression particulière ?
Oui, vis à vis du coach et même du club. On est l'équipe première, on est un peu la locomotive du club par rapport aux 19 ans, aux jeunes. Si on descend en D2, c'est tout le club qui descend.

Descendre serait une catastrophe ?
Ce ne serait pas une catastrophe. On dit parfois qu'il vaut mieux descendre pour mieux remonter ensuite. Pour le moment, on n'a pas un gros effectif, dès que l'on a eux ou trois blessées, l'équipe est bancale, déséquilibrée. Malgré tout, redescendre m'embêterait beaucoup mentalement.

Quel est le discours du coach avant ce match ?
Chacune des joueuses est consciente que la rencontre est très importante. Le coach nous le redit mais au fond de nous même, on le sait toutes. Il n'a pas besoin de nous l'expliquer par A+B.

« Le problème, c'est que l'on tire beaucoup sur certaines filles »

Les joueuses sentent que c'est possible samedi ?
Je n'ai pas eu la chance de participer au match aller mais La Roche, de l'extérieur, est vraiment une formation de bas de tableau. Ce n'est pas une équipe qui joue au ballon contrairement au Mans qui n'était pas trop à leur place. Lors du match aller, je ne les ai pas trouvées géniales. Samedi, il y a largement la place, si on est au-dessus car notre souci, c'est que l'on s'ajuste aux équipes. On arrive à faire 3-3 contre Juvisy et on fait 2-2 contre La Roche alors qu'il y a un grand écart entre ces deux équipes. Il faut que l'on monte d'un cran.

Yzeure a tout le temps été relégable cette année. Avez-vous encore la force mentale pour vous en sortir ?
Oui, mais le souci, ce sont les cadres. Elles sont beaucoup sollicitées et sont donc plus souvent blessées, je pense notamment à Caroline Dolo ou à Sarah Chalabi,. Le problème c'est que l'on tire beaucoup sur certaines filles, on n'a pas la chance de pouvoir faire tourner. Mais les filles y croient et heureusement sinon on arrêterait tout de suite.

Le manque d'effectif est la seule raison qui explique cette place de lanterne rouge ?
Non, car à Yzeure on a des moyens. Ayant fréquenté Montpellier, on a des structures, on a notre stade, notre club house, notre médecin et au niveau financier on est toutes aidées. On n'a pas grand chose à envier aux autres clubs, il nous manque juste un effectif. Mais pour faire venir les joueuses en Auvergne, ce n'est pas évident...

Vous parvenez à faire match nul contre Juvisy et Rodez. Comment justifiez-vous cette légère amélioration ?
Même les coaches n'arrivent pas trop à l'expliquer (rires). On a des soucis offensifs, nos attaquantes doutent depuis le début de saison et ne marquent pas même si on se crée des occasions. On défend aussi énormément sur les matches, on s'épuise beaucoup et on prend donc des buts. Malgré tout, on est capables de tout faire : on peut mener au score ou remonter un résultat comme face à La Roche où on égalise à la 92e. Dans tous les cas de figure, on a le mental mais on n'a pas le petit plus. On dit qu'on a de la malchance mais quelque part, c'est qu'on la provoque aussi.

Yzeure a été deux fois cinquième lors des deux dernières saisons. Pourquoi, ça ne fonctionne pas cette année ?
Il y a beaucoup de joueuses qui sont parties : Ophélie Meilleroux, Charlotte Bilbault ou Sabbah Meftah, et ça été compliqué de recruter derrière. Offensivement, on a recruté une fille de D2 (ndlr : Dolorès Silvestri, d'Aulnat) et objectivement, cela ne suffit pas. Il nous manque essentiellement des joueuses offensives, c'est là où l'on pêche.

« Ce sont des filles qui sont jeunes, à l'écoute mais la mobilisation de tout le monde est un peu complexe »

Mais Yzeure est aussi la plus mauvaise défense de D1 (47 buts encaissés)...
Oui, il y a des équipes qui prennent peu de buts et qui n'en mettent pas beaucoup. De notre côté, on a eu des soucis de gardiennes, la nôtre est blessée depuis le début de saison. On a donc récupéré la gardienne des 19 ans qui a fait une très bonne entame même si, ensuite, on a pris des buts casquettes. Mais si tout se passe bien, la deuxième gardienne du Brésil (ndlr : Thaís Hélène da Silva) devrait commencer la semaine prochaine. Elle aurait dû débuter il y a un mois mais on a eu des soucis au niveau des papiers. C'est une joueuse d'expérience qui a un bon jeu au pied, c'est ce qui nous manque depuis le début.

Comment jugez-vous votre saison à titre personnel ?
Compliquée. A Montpellier, je ne faisais pas partie des cadres et cette année on m'a demandé d'assurer un rôle de capitaine qui est difficile à gérer dans le sens où l'investissement n'est pas le même pour une fille de Montpellier que pour une fille d'Yzeure qui fait ses études, qui travaille et qui a une fatigue supplémentaire. Après je me régale dans ce rôle car ce sont des filles qui sont jeunes, à l'écoute mais la mobilisation de tout le monde est un peu complexe.

C'est dur de succéder à Ophélie Meilleroux, l'ancienne capitaine ?
Oui, c'est difficile de passer après elle (rires). Ophélie a fait du bien en passant à Yzeure car elle a amené une certaine rigueur, je suis aussi partisane de ça, mais c'est dur. A Montpellier ou Clairefontaine, on sort d'un cadre où l'on est très carré, très rigoureuse sur le terrain. Et ça, les joueuses d'Yzeure ne l'ont pas forcément, il faut l'inculquer aux plus jeunes et quelquefois ce n'est pas évident.

Pourquoi avoir quitté Montpellier ?
Pour le boulot. On a réussi à me trouver un poste d'éducateur sportif en mairie à Yzeure alors qu'à Montpellier, ils n'ont pas réussi.

Vous ne regrettez pas ?
Non, je ne regrette pas parce qu'à mon âge, même si je ne suis pas aussi vieille que ça (ndlr : 27 ans, le 24 mars), il faut privilégier le boulot, ce n'est pas le foot qui nous fait vivre. Il fallait faire un choix, et au niveau du travail, Yzeure me proposait un poste, j'ai donc sauté sur l'occasion.

Recueillis par Thibault Simonnet pour footofeminin.fr

FAUSTINE ROUX
Née le 24 mars 1984 à Limoges
Défenseure
1,69 m - 56 kg

Parcours
ES Ussel (1990-1992), FC Riom (1992-1999), Nord Allier Yzeure (1999-2002), CNFE (2002-2003), ESOF La Roche sur Yon (2003-2004), ASJ Soyaux (2004-2006), AS Juvignac (2006-2007), Montpellier HSC (2007-2010), FF Yzeure Allier Auvergne (depuis 2010)

Cette saison
11 matchs (11 titularisations) - 2 buts

LA FICHE

Vendredi 25 Février 2011
Thibault Simonnet