Football féminin - Une économie à entretenir

Les bons parcours des Bleues et de l'Olympique Lyonnais ont intéressé les investisseurs et les partenaires. Un exemple confirmant que les résultats et la médiatisation télévisuelle étaient des facteurs majeurs pour créer une économie autour du football féminin. Il reste désormais à la faire perdurer.



GDZ Suez est un partenaire présent sur tous les plans
Des marques ont su franchir le pas comme GDF-Suez qui s'affichait sur les maillots de l'OL dès 2011, un choix stratégique pour une équipe connue mondialement pour ses performances sportives. Mais ce sont bien d'autres valeurs qu'ils étaient venus chercher : "mixité" ou encore "égalité des chances" comme celle véhiculées par le club de Jean-Michel Aulas. Des valeurs qui plaisent et que les médias ont su porter pendant que le football féminin se cherchait. Depuis le club rhodanien a su étoffer ses partenariats pour les féminines comme ceux signés avec April, Kéolis, Toupargel, Vicat, Renault Trucks, Leroy Merlin et Cummins soit près de deux millions d'euros de partenariat, plus que certains clubs masculins selon le président lyonnais.
La France, depuis le mondial 2011, a aussi suivi la même démarche. La FFF a su faire de l'équipe de France féminine un produit attractif pour ses partenaires déjà engagés dans le football féminin tel l'équipementier Nike, le Crédit Agricole ou encore Carrefour. Ces deux derniers sont aussi attachés au football amateur et à ses valeurs, plus proches du football féminin. Carrefour est un partenaire privilégié d'actions locales et de proximité et a par exemple doté les écoles féminines de football avec des kits.

Juvisy et Soyaux aussi

Depuis d'autres clubs essayent de vendre aussi leur image et leur valeur. Le FCF Juvisy a par exemple développé ses partenariats et a aussi pu augmenter son budget mais surtout essayer de proposer des solutions professionnelles à ses joueuses, sans chercher à avoir des contrats fédéraux en nombre. Aujourd'hui, chaque club a son histoire et son image. Un autre cas est intéressant, celui de l'ASJ Soyaux. Bien ancré dans le paysage charentais, un travail énorme a été fait avec la remontée en D1 cette année. Et l'on peut constater que le résultat en terme d'images sur le plan local et les résultats sportifs ont abondé dans ce choix.
Mais à l'étranger, qu'en est-il ? les nations majeures cherchent aussi à promouvoir le "produit". Le Japon, champion du Monde, a surfé sur cette vague et en tire pleinement les fruits aujourd'hui dans une société bien différente de celle de l'Europe.

Le naming allemand

Aux Etats-Unis, où le football féminin prédomine sur le masculin, cela n'a pas toujours été très facile et le modèle du championnat américain (sous la forme de franchises) a montré ses limites. A deux reprises dans les années 2000, le championnat professionnel a été lancé mais n'a pas duré dans le temps. Aujourd'hui, un projet peut être moins ambitieux financièrement semble trouver sa ligne de conduite au pays des championnes olympiques. Mais rien n'est jamais acquis.
Dernier en date, l'Allemagne a frappé très fort. Le championnat allemand féminin a enregistré la signature d'un contrat de "naming" pour cinq ans (de 2014-2015 à 2018-2019). La fédération allemande baptisera désormais son championnat : Allianz Frauen Bundesliga. Une première dans ce championnat qui impliquera un habillage des stades aux couleurs du partenaire qui figurera également sur les maillots. Allianz sera aussi partenaire d'une compétition de jeunes féminines en Allemagne. Le président de la fédération allemande, qui n'a pas précisé le montant du contrat, a indiqué que les bénéfices de ce partenariat iront en faveur des clubs et du développement du football féminin. Selon le médias allemand SID, l'enveloppe serait de 1,2 million d'euro annuel soit 100 000 Euros par club par saison.

la télévision vecteur d'images

Eurosport a su trouver un public
Le dernier vecteur qui s'intègre au cercle vicieux de cette économie est la télévision. De diffusions sporadiques, les bons résultats des Bleues ont été suivis à des diffusions systématiques. Pour autant, au départ, ce choix n'est pas économique mais inclus dans un package de droits TV. Direct 8 à l'origine diffuseur des Espoirs a profité du bon parcours des Bleues pour exploser ses audiences, allant même décliner cela avec la finale de la Ligue des Champions de l'OL. Mais depuis D8, racheté par Canal+, n'a plus la même ligne directrice et les Bleues ont été reléguées quelques canaux plus loin, sur D17. W9 a bien essayé lors de l'Euro 2013 de s'y intéresser mais l'élimination rapide a semble-t-il refroidi le diffuseur. L'exposition n'est plus la même depuis et la prochaine coupe du Monde, avec des horaires de matchs la nuit en France, ne devrait pas aider.
Il est par contre un diffuseur qui continue à croire en la promotion de la discipline. Eurosport est devenu le diffuseur numéro 1 du football féminin, avec le passage de près cent matches par an, en y incluant toutes les compétitions internationales féminines jeunes et seniors organisées par la FIFA et l'UEFA. Mais Arnaud Simon d'Eurosport : "L’équipe de France, seule, ne parviendra pas à tirer tout le foot féminin en France. Il faut tout faire en même temps : la Ligue des Champions, la Coupe de France, les équipes de jeunes et la régularité des diffusions de la D1". Sur ce dernier point, la chaîne l'a confirmé en conservant les droits TV jusqu'en 2018.
Dans une semaine, elle proposera même un format inédit avec un mini-multiplex pour suivre Juvisy - PSG et Guingamp - OL.

Vendredi 16 Mai 2014
Sebastien Duret