Sarah M'Barek : « Rien n'est joué »

Montpellier – Le Mans, c'est l'un des seuls matches qui se jouera ce week-end. L'occasion pour les Montpelliéraines de mettre la pression sur le PSG et Lyon qui ont vu le choc de cette neuvième journée reportée. Sarah M'Barek, coach de Montpellier, croit encore au titre même si elle ne nie pas la supériorité lyonnaise.



Sarah, ça fait du bien de reprendre la compétition après trois semaines sans jouer de matches officiels ?
Oui, surtout que c'était un peu difficile de tenir les filles pour qu'elles gardent leur motivation, leur sérieux à l'entraînement avec le froid en plus. Avec un match comme Le Mans ce week-end, il a fallu modifier certaines choses pour remettre la pression à tout le monde.

La défaite à Lyon est digérée ?
Oui, même si on a des regrets de ne pas avoir ramener les deux points du nul. C'était l'objectif et c'est pour cette raison qu'on a beaucoup défendu. Ce match nous a également permis de nous juger par rapport à Lyon mais, dorénavant, on va de l'avant. Le groupe pense déjà aux trois prochains matches.

« Toujours l'espoir de battre Lyon à la maison »

Lyon est plus fort que les années précédentes ?
Je les ai trouvés plus complètes, plus rigoureuses, plus disciplinées. Je reconnais la patte de Patrice Lair que j'ai côtoyée. Par contre, je les ai trouvés fatiguées, et malgré l'effectif, l'enchaînement des matches leur a posé des soucis. Au match retour, ce sera aussi une période où elles joueront en Champion's League, j'ai donc toujours l'espoir de les battre à la maison.

La patte Patrice Lair, c'est quoi ?
Il fonctionne toujours pareil, j'ai des amis qui l'ont eu en tant qu'entraîneur des garçons. Patrice, c'est la rigueur, la discipline, ses systèmes « 1-2-3 », je sais pas mal de choses sur sa manière de fonctionner. Par contre, j'ai trouvé bizarre qu'il soit aussi stressé et qu'il ait mis autant de pression à ses joueuses pour jouer Montpellier. Ça veut dire qu'il nous craignaient, donc c'est sur ce point que j'ai insisté auprès de mes joueuses. Et puis j'étais fière, car on n'est peut-être pas au même niveau qu'elles mais on a réussi à les faire douter, c'était le point positif.

Vous pouvez faire la bonne opération du week-end, puisqu'en cas de victoire vous vous rapprocheriez de Lyon et de Paris dont le match a été reporté.
Dimanche, c'est victoire impérative, il faut absolument prendre les quatre points même pour les trois matches qui arrivent. J'ai senti que la pression était un petit peu retombée après Lyon. Le fait de ne pas jouer Hénin, le week-end de repos...Il a fallu que tout le monde se remobilise rapidement.

Vous affrontez Le Mans, dimanche, un promu qui vient de perdre 5-0 contre Juvisy lors de la dernière journée. C'est un adversaire que vous connaissez ?
Je respecte beaucoup les Mancelles je connais l'entraîneur, je sais de quoi il est capable, il m'a dit qu'il avait de bonnes jeunes. Le Mans a fait un bon début de saison, les scores n'étaient pas aussi larges au début. Peut-être qu'aujourd'hui l'équipe accuse le coup car elle est jeune ? Mais je me concentre avant tout sur mon équipe. Ce que je veux, c'est qu'elle soit au maximum, réaliste devant, qu'elle joue bien et après je n'aurais pas d'inquiétudes à avoir.

« Le seul point noir, c'est la défaite contre Saint-Etienne »

Séance matinale (photo : Mickaël Cabrol)
Le plus dur sera de rester concernées par ce match ?
Il faudra être mobilisées, disciplinées, à l'écoute des consignes parce qu'on a mis quelque chose de particulier en place et je veux que ce soit respecté. Elles ont réussi à les respecter contre Lyon et je veux maintenant que chaque week-end ça soit pareil. La clé du match, ça va être de marquer rapidement, et de ne pas douter, si on doute ce sera un petit plus difficile.

Comment jugez-vous votre début de saison ?
On a fait un bon début de saison, le seul point noir c'est la défaite contre Saint-Etienne où l'on est passé complètement au travers en première mi-temps.
On a beaucoup de regrets surtout qu'on prend le but dès le retour des vestiaires alors que j'avais poussé une gueulante à la pause, je m'étais alors dit que ça allait fonctionner. On a ensuite fait une bonne deuxième mi-temps, où l'on s'est créé beaucoup d'occasions mais on n'a pas réussi à marquer. Dans l'ensemble, on a aussi été là pendant les grands rendez-vous. Juvisy ça a été très difficile mais on a réussi à gagner (ndlr : victoire 1-0), Paris on avait bien démarré (ndlr : victoire 3-1 lors de la première journée). Mais comme mon groupe est assez jeune, hormis Lattaf et Meilleroux qui nous apportent beaucoup, les autres il faut qu'elles réussissent à rester concernées dans ce genre de match.

Si je vous dis que Montpellier c'est une grosse défense (3 buts encaissés) mais qui peut encore progresser devant les buts, vous êtes d'accord ?
Ce manque de réalisme, c'est un manque de confiance. Que ce soit Marie-Laure Delie, la « petite » Viviane Asseyi, ou même Stephanie De Revière qui vient d'un cran en-dessous, ce sont des joueuses qui ont vraiment besoin d'être en confiance. En ce début de saison, on a travaillé essentiellement défensivement, là on a mis en place des spécifiques pour les attaquantes, depuis trois semaines on ne fait quasiment que ça.
Je veux qu'elles prennent conscience qu'elles sont capable de marquer, il faut rester simple, jouer à l'instinct et ne pas se poser trop de questions quand on arrive devant les buts car c'est un peu ce qui se passe en ce moment. J'attends aussi le retour d'Elodie Ramos, ça va nous faire du bien car elle a l'instinct et beaucoup d'envie, ça devrait apporter un plus à l'équipe dans la deuxième partie de saison.

Est-ce que vous visez encore le titre ou vous êtes déjà dans l'optique de la deuxième place ?
On vise toujours le titre même si on sait que Lyon a déjà une belle avance. Si on avait fait match nul là-bas, ça aurait été différent mais rien n'est joué car la saison va être très longue. On regardait les dates pour rattraper Hénin...et le calendrier est très fermé, il ne va pas y avoir beaucoup de solutions. On reste sur les même objectifs qu'en début de saison, la première place, après on verra.

« J'ai envie de continuer »

Personnellement, comment ça se passe à Montpellier ?
Ca fait quatre ans que je suis là et les deux premières années n'ont pas été évidentes. Au début, j'ai surtout observé, j'ai essayé de m'affirmer mais j'avais encore l'envie de jouer car j'étais jeune. Même si je voulais devenir entraîneur, ça été un petit peu prématuré mais, la vie en a décidé autrement. On va dire que c'était plus la sportive de haut-niveau qui devait travailler mentalement pour se dire que sa carrière était terminée.
Et depuis deux ans, j'aborde plus sereinement les matches, je connais mieux les adversaires et j'ai réussi à savoir ce que je voulais produire comme football, ce que je voulais comme valeurs, comme état d'esprit dans mon groupe. J'ai fait des choix de joueuses ,et pour l'instant, je pense ne pas m'être trop trompé car le groupe vit bien. On a de la qualité, du talent, j'espère que ça va continuer.

Vous êtes passé directement de joueuse à entraîneur ?
J'avais passé mes diplômes pour entraîner mais j'ai été greffé du rein et on m'a dit : « la « compet » c'est fini ». J'ai eu l'opportunité de prendre l'équipe première au moment où m'annonçait que je ne pourrais plus jouer au foot, il a fallu prendre une décision rapidement. J'ai choisi de relever le défi mais à 29 ans, ce n'était pas évident.

Votre contrat se termine quand ?
A la fin de la saison.

Et de quoi sera fait votre avenir ?

Je ne me pose pas trop la question car je me régale. Si le club souhaite renouveler mon contrat ça se fera, si ce n'est pas le cas, je sais qu'au club il y aura toujours de la place avec les jeunes. Je ne me mets pas de pression de ce côté là. Mais j'ai envie de continuer car je commence à construire un groupe intéressant et si j'arrive à assumer, à remplir les objectifs fixés par le club pourquoi pas ? Après ce sera le choix des présidents.

Recueillis par Thibault Simonnet

Vendredi 3 Décembre 2010
Thibault Simonnet