Soubeyrand : "Moi aussi, j'ai eu quelques larmes"

La capitaine des Bleues sortie à la mi-temps revient sur cette performance historique. A 37 ans, elle reconnait que c'est le plus beau match de sa carrière en termes d'émotions.



Soubeyrand et les joueuses remplaçantes quittant le banc (photo : Eric Baledent)
Y avez-vous toujours cru ?
Sur le banc, on y croyait car sur chaque action on aurait pu marquer. Elles étaient fatiguées mais on ne savait pas si on devait s'engager totalement car elles étaient dangereuses à l'image du tir de White en prolongation. Tant que ce n'est pas fini il y a toujours de l'espoir car auparavant on est passé par par tellement de désillusions. On a fait du coaching mental et j'ai retenu une phrase : « Tant qu'il y a de l'espoir, le vie continue ». Et c'est la force du groupe, personne ne s'est démobilisé et pourtant c'était compliqué. On avait beaucoup d'occasions mais on n'a pas été efficaces. Physiquement au bout de la 60e, ça commençait à craquer dans tous les sens côté anglais, on s'est dit à un moment ou à un autre, ça va le faire et puis ça l'a fait. Sur le but depuis le banc, on ne voit même pas le ballon rentrer, c'est juste quand il touche le filet opposé qu'on voit qu'on a marqué.

Est-ce le plus beau résultat de votre carrière ?
C'était le plus beau match de ma carrière en termes d'émotions il n' y a pas d'égal, je ne suis jamais arrivé jusque là. C'est le plus beau jour du foot féminin français. C'est fantastique pour tous ceux qui travaillent pour le foot féminin. Personnellement, ce sera une super aventure humaine mais quand je vais rentrer chez moi et ça ne me changera pas. On n'a pas envie de s'arrêter, on a laissé beaucoup de forces dans la bataille, on a joué 120 minutes il reste trois jours pour récupérer. On va savourer demain, après-demain et puis mardi. Je vais faire le maximum pour être prête la prochaine fois. Que je joue ou pas, ça m'est complètement égal. La force de cette équipe, c'est que tout le monde peut jouer, « Bret » est rentrée puis ressortie, ce n'était pas évident. Après toutes celles qui étaient sur le banc de touche étaient hyper motivées, c'est ce qui fait notre force. Tout le monde amène sa pierre à l'édifice. Elo (NDLR : Elodie Thomis) a fait une super rentrée, Eugénie (Le Sommer) aussi. Moi aussi j'ai eu quelques larmes, ça fait longtemps que je joue, et je ne suis jamais allée aussi loin avec l'équipe de France. C'est quand même fort. Là ça nous sourit, c'est génial pour ceux qui le vivent et ceux qui le vivent à travers nous aussi.

Une qualification en demi-finale et la médiatisation de ce parcours peut-il servir le football au féminin français ?
Si on a fait naitre des vocations, on n'en tirera les fruits que dans dix ans. Nous on a écrit une belle histoire, la médiatisation au vue des autres disciplines féminines, c'est éphémère et furtif. Ce qui est intéressant, c'est que l'on fasse des résultats après la médiatisation viendra peut-être plus tard. Il faut à chaque fois remettre en cause ce que l'on fait et si on prouve que le foot féminin français a la place pour chaque fois aller dans le dernier carré, la médiatisation suivra.

Dimanche 10 Juillet 2011
Sebastien Duret