#U20WWC - La FRANCE a-t-elle manqué son rendez-vous ?

La reprise de la Division 1 au lendemain de la Coupe du monde des moins de 20 ans a vite éclipsé le tournoi disputé en France pendant trois semaines. Avec quelques jours de recul, voici ce que l'on peut retenir du tournoi disputé en France en ce qui concerne l'équipe nationale.



(photo Philippe Le Brech)
La France a-t-elle manqué son rendez-vous ? Quatrième de sa Coupe du monde avec une génération qui n'était pas la plus talentueuse, l'équipe de France a rempli son objectif premier sur le papier, mais sa place finale, ainsi que la manière, ne permettent pas de se montrer entièrement satisfaite des performances des Tricolores en Bretagne.

Les bons côtés

Maëlle Lakrar (photo Philippe Le Brech)
Pour la troisième édition consécutive, la France a atteint le dernier carré de la compétition, ce qu'aucune autre équipe n'a su faire sur la même période, la Corée du Nord et le Japon comptant deux apparitions à ce stade de la compétition (dont un titre). C'est une preuve de la qualité de la formation française, ainsi que du travail de Gilles Eyquem et de son staff, car la constance dans les résultats n'est pas une mince affaire, et il est difficile de ne pas montrer de la satisfaction à la présence française parmi les quatre dernières équipes à se disputer le titre.
Le hasard du tirage au sort avait permis à l'équipe de France de disposer d'un tableau ouvert jusqu'en demi-finale, en lui évitant de rencontrer des favoris de la compétition, concentrés dans l'autre partie du tableau à l'exception de la révélation anglaise. Mais qui dit tableau à sa portée ne signifie pas qualification automatique pour le dernier carré, et il a fallu montrer assez de sérieux pour éviter les pièges et y parvenir. En gagnant contre la Corée du Nord en quart de finale, la France s'assurait d'être présente dans son tournoi jusqu'au dernier jour de compétition, ce qui était un objectif -atteint, donc.

Si l'équipe de France n'a pas su tirer dans le même sens collectivement pour emmener l'équipe plus loin, plusieurs joueuses ont su tirer leur épingle du jeu à titre individuel, principalement des joueuses qui seront en âge de disputer la prochaine édition, ce qui est de bon augure pour l'avenir. Parmi les bonnes surprises, on peut citer notamment la solidité de la défense une fois l'intronisation de Maëlle Lakrar en tant que titulaire. Point d'interrogation avant la compétition, l'arrière-garde française a su trouver l'équilibre qui lui faisait défaut auparavant, ce qui aurait pu permettre à l'équipe de viser plus haut si tous les secteurs de jeu avaient tenu leur rang. Du duo Julie Thibaud/Lakrar en défense centrale, aux promesses de Sandy Baltimore, Selma Bacha ou Amélie Delabre en premier lieu, une Emelyne Laurent à son niveau, la France a pu se reposer sur plusieurs joueuses pour terminer une nouvelle fois dans le dernier carré.

S'il y a un match à retenir pour les Tricolores, c'est celui pour la troisième place. Face à une équipe d'Angleterre surprise, pour laquelle deux joueuses ont su créer des différences suffisantes pour lui permettre de se hisser sur le podium, l'équipe de France a certainement produit son meilleur match de la compétition. Mais c'est également le match où l'efficacité lui a fait défaut, ce qui n'avait pas sauté aux yeux en début de compétition avec deux matches à quatre buts inscrits, et un manque de créativité qui ne lui aura pas permis de se créer de multiples occasions. Contre les Young Lionesses, la France a retrouvé de l'allant et a également su montrer un autre visage que contre l'Espagne quelques jours plus tôt après l'ouverture du score adverse rapide en seconde période. Si elle n'a finalement pas réussi à se hisser sur la troisième marche du podium, elle a su offrir probablement son meilleur match du tournoi lors du dernier jour de compétition.

La France par secteur de jeu

Sana Daoudi (photo Philippe Le Brech)
Dans les cages, Mylène Chavas et Justine Lerond se sont partagé la tâche. Aucune n'a failli, et ni l'une ni l'autre ne peuvent être mises en cause sur les buts encaissés par l'équipe. Comme mentionné plus haut, la défense a trouvé une contenance avec l'arrivée de Maëlle Lakrar dans le onze de départ, et le solide tournoi effectué par la capitaine Julie Thibaud. Le duo Thibaud/Julie Piga en défense centrale, qui a accumulé du temps de jeu en préparation après la blessure de Sarah Galera, n'avait jamais réussi à convaincre et au total depuis le premier match de préparation face à la Suède, a encaissé neuf buts (sur onze) au rythme de plus d'un but par heure de jeu, loin des statistiques du duo Maëlle Lakrar/Thibaud, finalement plus utilisé, pour un but encaissé. Il s'agit là de statistiques incomplètes car regroupant toutes sortes de matches, mais qui réflètent une réalité simple. Avec Selma Bacha à gauche, et Elisa De Almeida ou Léna Goetsch à droite, ce fut le secteur finalement le plus solide de l'équipe durant le tournoi.

Comme la défense, le milieu de terrain posait question avant le début de la compétition. Point faible de l'équipe lors du dernier Euro malgré les efforts de Sana Daoudi, ce secteur de jeu n'a pas réussi à hausser son niveau lors de la compétition pour porter l'équipe plus haut, sans pour autant se faire dominer comme cela avait été le cas en Irlande du Nord. On peut regretter notamment les performances en demi-teinte d'une Annahita Zamanian sur courant alternatif, et le manque de créativité générale qui n'a pas aidé le secteur offensif, les attaquantes de pointe étant souvent vues bas sur le terrain pour aider à la construction, l'équipe manquant ainsi de présence devant.

L'attaque, qui devait être le point fort de cette équipe, est passé à côté de son tournoi collectivement. Si à titre individuel, Emelyne Laurent, Sandy Baltimore, Amélie Delabre voire Melvine Malard ont donné satisfaction, les difficultés rencontrées pour inscrire des buts une fois la phase de poule terminée ne pouvaient que difficilement permettre à l'équipe de viser plus haut...

Les côtés moins bons

Amélie Delabre (photo Philippe Le Brech)
Pour illustrer les mauvais côtés de la compétition du côté français, le meilleur exemple est la seconde période de la demi-finale face à l'Espagne. Pour son premier vrai test dans la compétition, l'équipe de France s'est effrondrée après l'ouverture du score en début de seconde période, et malgré un avantage numérique après que l'Espagne a été réduite à 10, ou un penalty accordé, elle n'a jamais donné l'impression d'être en capacité ne serait-ce que de mettre en difficulté une équipe qui avait pourtant montré des signes de faiblesse lors de ses rencontres précédentes. Manque de leadership, manque de créativité, manque d'esprit collectif, manque de lucidité... les manques, aperçus déjà en phase de poule contre la Nouvelle-Zélande, étaient bien trop nombreux. La qualité de jeu de la finale, et notamment du vainqueur final, le Japon, ont permis de voir une différence nette avec ce que l'équipe de France a pu produire tout au long du tournoi.

On ne peut parler des mauvais côtés tricolores de ce tournoi sans aborder son attaque déficiente. Malgré deux joueuses à quatre buts au final (Amélie Delabre et Emelyne Laurent, mais seulement un sur penalty lors de la phase finale), on ne peut ignorer les difficultés rencontrées à partir des matches à élimination directe. En trois rencontres, face à la Corée du Nord, l'Espagne et l'Angleterre, l'équipe de France n'a pas su marquer dans le jeu, et seuls deux penalties convertis lui ont permis de se qualifier ou de continuer à y croire.

La faillite de l'attaque tricolore est incarnée en premier lieu par Marie-Antoinette Katoto, passée à côté de son tournoi. Leader attendue parmi les meilleures joueuses de la compétition, elle n'a pas su évoluer à son niveau, ce qui forcément fut un coup dur pour l'équipe. Mais avec une grosse heure de jeu au total des trois matches à élimination directe, elle ne peut être considérée comme la seule fautive des résultats de l'équipe, qui a tout simplement failli collectivement malgré des performances individuelles à souligner.

Tournoi réussi ou manqué pour l'équipe de France ? Difficile à dire, car les attentes étaient peut-être trop importantes pour ce que cette équipe pouvait offrir, alors que les résultats précédents (3e, puis 2e), demandaient un scénario sous forme de suite logique avec un titre à la maison. Le train français a déraillé à la première difficulté, et le classement final reflète finalement plutôt bien le niveau de jeu proposé par les Tricolores lors de ce tournoi où, à l'exception du Japon, intouchable à partir des quarts de finale, personne ne semblait au-dessus du lot. Mais pour aller plus loin, la France aurait eu besoin d'un collectif et de joueuses évoluant un ton nettement au-dessus de ce qui fut le cas... En attendant les prochaines échéances, et la prochaine génération, très talentueuse, on retiendra ce nouveau dernier carré pour les Bleuettes, qui se maintient parmi les meilleures équipes mondiales de cette tranche d'âge.

Suède : Thibaud/Galera (45) Lakrar (45) 0 but encaissé
USA Thibaud/Galera (45) Piga (45) Thibaud/Piga 1 but encaissé
USA Piga/Galera (79) 1 but encaissé Thibaud (11) 1 but encaissé
Japon Thibaud/Piga (79') 2 buts encaissés Maetz ou Digonnet (11) 0 but encaissé
Japon Thibaud/Piga (45) 0 but encaissé Maetz (45) 0 but encaissé
Haïti Piga/Thibaud (45) 0 but encaissé Lakrar (45) 0 but encaissé
Allemagne Thibaud/Lakrar 0 but encaissé
USA Thibaud/Piga 3 buts encaissés
Mexique Piga/Thibaud (45) 0 but encaissé Lakrar (45) 0 but encaissé
Ghana Thibaud/Piga (78) 1 but encaissé Lakrar (12) 0 but encaissé
NZ Lakrar/Thibaud 0 but encaissé
PB Piga/Lakrar 0 but encaissé
CDN Thibaud/Lakrar 0 but encaissé
Espagne Thibaud/Lakrar 1 but encaissé
Angleterre Thibaud/Lakrar (45) 0 but encaissé Piga (45) 1 but encaissé

15 matchs, 1350 minutes
Thibaud/Piga : 483 minutes, 9 buts contres
Lakrar : 642 minutes, 552 avec Thibaud, 1 but contre
Thibaud/Galera 1 but contre

Samedi 1 Septembre 2018
Charlotte Vincelot