#UWCL - PSG - BAYERN : les réactions

La conférence de presse de Didier Ollé-Nicolle aura été prolixe après cette difficile qualification. Retrouvez les réactions également de Grace Geyoro.



Didier Ollé-Nicolle (photo UEFA.com)
Quel est votre sentiment après ce match très tendu jusqu’au bout et cette fin de match, où le soulagement devait être à la hauteur de la tension ?

Grace Geyoro : Comme vous avez pu le voir, c'était un match avec énormément d'intensité. On a joué face à une très belle équipe du Bayern. Elles ont mis énormément de rythme et nous ont emmené jusqu’en prolongation. On a réussi à mettre ce but qui nous a délivré. Aujourd'hui, on est très fières de ce qu'on a pu faire sur ce match.

Le Bayern semblait diminuer avec pas mal de cas de Covid et des blessées, mais elles ont fait un match plutôt solide, un peu comme à l’aller. Comment vous expliquez justement le fait d’avoir été autant mis en difficulté ? Dans quels domaines vous estimez avoir été mis le plus dans le dur ?

Didier Ollé-Nicolle :
Cet été, j'ai vu jouer cette équipe au tournoi à Toulouse, je les ai vu jouer à Louisville quand on y avait joué le tournoi de présaison. J'avais eu l'occasion d’échanger beaucoup avec leur coach. À Toulouse, je crois qu'elles avaient mis quatre buts à Lyon. Elles ont joué contre Lyon récemment en poules, où elles ont gagné chez elles et ont perdu 2-1 à la dernière minute là-bas.
Pourquoi ? Parce que c'est une équipe qui, on l'avait dit, évolue depuis trois, quatre, cinq ans ensemble pour la plupart des filles. C’est à dire que c'est une équipe qui a un vrai collectif et de vrais fondamentaux. Avant le match aller, on était parti cette sur cette base-là, après avoir beaucoup échangé avec Sara Däbritz et Amanda Ilestedt qui ont joué au Bayern.
Dans cette équipe, il n’y a que des internationales et ce soir, sur le terrain, il n’y avait que des internationales. Pour faire le parallèle, elles ont comme les grands clubs 17 à 18 internationales. Donc sur leur problématique liée aux absentes, elles avaient sur le terrain sur cette rencontre le onze type qui joue tout le temps et qui a fait pratiquement tout le match ce soir.
Elles ont bien 15 ou 16 joueuses qui tournent beaucoup au niveau du championnat et de la Ligue des Championnes. Et parmi celles qui ont eu le Covid, il n’y en avait que deux qui étaient titulaires indiscutables. Et encore, Wenninger ne joue pas tout le temps, seulement quand Kumagai passe au milieu. Il ne manquait réellement que Zadrazil parmi les titulaires habituelles.
Cela étant, il fallait aussi durer. On savait que cette équipe a un vrai fond de jeu. Avant la préparation du match aller, j'avais dit aux filles qu'on n'allait pas à au Bayern que pour faire un match nul ou défendre dans l'optique du match retour, parce que le retour serait aussi difficile que l’aller. Car elles ont un vrai style, elles jouent, elles arrivent à maturité et l'ont démontré ce soir.
Donc ça nous oblige à faire beaucoup d’efforts car l'idée c'était d'aller presser, qu’elles ne progressent pas trop vite. Mais des filles comme Katoto, comme Diani, Geyoro, Baltimore… ça leur fait faire beaucoup d'efforts sur les allers-retours, sur ce travail-là pour le bien de l’équipe.
C'est pour ça que c'est pour ces raisons là que ça a été difficile, c'est une bonne équipe. Et puis nous certainement avec le fait d'avoir gagné à Munich, on était tout le temps le cul entre deux chaises. Bien que dans la préparation, j'avais dit aux filles de ne pas tenir compte du score, qu'on repartait sur un nouveau match. C’est ce que je leur ai répété à la mi-temps, on était toujours devant au score cumulé et il fallait que sur le plan collectif, sur le plan du jeu, petit à petit on reprenne de l'élan et c'est ce qui est arrivé.
Elles nous ont embêtés sur un coup de malchance sur le deuxième but et un ou deux coups de pied arrêtés. Cependant, elles ont fait beaucoup de passes dans leur camp et peu dans le nôtre, à part bien sûr à la fin dès qu'on a mené au score.

Un mot de l'ambiance sur ce duel, on a beaucoup parlé des 27000 spectateurs qui allait prendre place et qui ont pris place ce soir au Parc des Princes. Comment vous avez ressenti cette ambiance et n’a-t-elle pas eu un peu un impact négatif au début de la rencontre ?

Grace Geyoro : J’ai trouvé que l’ambiance sur ce match était exceptionnelle. On a pris énormément de plaisir de voir les ultras, de voir nos proches, de voir tous les supporters qui étaient là présents.
Je pense que sur cette rencontre, ça nous a énormément aidé. Après, pour répondre sur la deuxième question, c'est vrai que c'était un grand rendez-vous. On avait une bonne pression, il fallait se mettre dans le match. C’était un peu compliqué au début mais au fur et à mesure on est monté en intensité. Donc finalement, je pense qu’ils nous ont énormément apporté ce soir.

Didier Ollé-Nicolle : Grace a répondu car sur ce ressenti, se sont les joueuses qui sont réellement concernées. Nous en parallèle, on s’est rendu compte que lorsque les choses sont devenues difficiles au fil du match, on savait qu’on avait des solutions dans un second temps. Pendant la prolongation, on a vu qu’il y avait beaucoup de fatigue des deux côtés, des crampes. Donc il fallait gérer. C’était tout l’objet de la discussion avec les filles à la fin des 90 minutes et avant la prolongation pour garder le maximum de joueuses qui puissent aller au bout tout en comptant sur celles qui sont rentrées.
On a eu cet avantage d’avoir des filles comme Magnaba, Laurina, Ramona et Elisa, qui ont pu rentrer et nous apporter une plus-value de fraîcheur, de vivacité. Quelque part, ça rejoint un peu la question d’avant. Ce sont des jeunes joueuses qui sont rentrées chez nous comme côté allemand, car c’est aussi notre leitmotiv de former des jeunes pour rentrer au fil des rencontres dans notre projet.
En prime, Laurina nous a apporté du gaz et donner la possibilité de changer d'organisation, avec Grace qui a pu reculer d’un cran. On a joué avec une numéro 10 derrière Katoto. Elle marque, donc c’est bien. C'est bénéfique aussi psychologiquement pour tout le groupe et pour la suite.

Est-ce l'état d'esprit qui a permis de faire la différence durant la prolongation et d’y croire jusqu’au bout ? Et maintenant en demi-finale, vous préférez qui entre Lyon et la Juventus ?
Didier Ollé-Nicolle : Pour la deuxième question, je la laisse à Grace. Quand on a tiré le Bayern en quarts, pour moi c’était le tirage le plus dur car j’ai beaucoup de respect pour cette équipe qui n’est pas facile à jouer. Donc là, il restera l’une des deux, Grace vous dira.
Sinon oui, pour moi c’est l’état d’esprit qui a joué, car on a une succession de rencontres. Depuis la dernière trêve internationale, où toutes ont joué trois matches avec leur sélection ce qui pour moi est aberrant à ce stade de la saison, et avec le championnat, la Coupe, la Ligue des Championnes… des joueuses comme Grace vont faire 55 matches. Sans compter l’EURO au mois de juillet. C’est phénoménal, ce qui explique que ce soit compliqué au niveau des organismes à un moment donné.

En Coupe de France face à Fleury, on avait déjà montré des qualités mentales se qualifiant pour la finale après été mené 0-2. Face au Bayern ce soir, quand on a l’avantage mais qu’on a n’a pas le pied sur le ballon comme ça a été le cas parce que l’adversaire est bien, qu’il marque un peu sur un coup du sort son second but, c’est très compliqué. Sans compter le phénomène du public et du stade, avec l’envie de bien faire devant eux. Mais on a senti qu’elles sont restées dans le match, en revenant progressivement puis en se créant des situations intéressantes.
Finalement, on gagne mais avec beaucoup d'humilité, car a un moment de la rencontre, on savait très bien que ça pouvait tourner d'un côté comme de l'autre. Ça a tourné du bon côté pour nous donc on en est très heureux.

Grace Geyoro : Toutes les filles ont montré de grosses qualités dans la mentalité, dans l'effort. On a tout donné, je pense qu’on a laissé beaucoup de traces sur ce match, il y avait énormément d'intensité. Mais on savait qu’au bout il y avait une qualification pour les demi-finales. On peut être fières car on n'a rien lâché. Ça fait plusieurs semaines qu'on travaille, qu'on a beaucoup de matches à haut niveau d'intensité et aujourd'hui, si on en est là, c'est aussi parce qu’on ne lâche rien dans la tête. C’est une grosse force qu’il faut garder pour la suite.
Et pour l'adversaire, quand on arrive dans le dernier carré comme ça, honnêtement, il n’y a pas de préférence. Il reste quatre grosses équipes et dans tous les cas, il faut tout gagner pour arriver jusqu’au bout.

27 262 spectateurs ce soir au Parc, 91 000 à Barcelone et un nouveau record, les clubs qui donnent la place aux filles dans les grands stades des garçons… Est-ce que ces records, ces chiffres, ces choix-là, veulent dire quelque chose de l'évolution du foot féminin en Europe ?

Didier Ollé-Nicolle : Pour être nouveau dans le foot féminin et le découvrir depuis cet été, au travers de mon équipe et de ces matches, le niveau a énormément évolué. Quand on voit notre match de Coupe de France face à Lyon, ceux face au Real Madrid qui a énormément mis en difficulté Barcelone ou comme face au Bayern ce soir. Ce sont de vrais matches et s’il y a autant de monde dans les stades, c’est parce que les gens sont très contents de voir de telles équipes et des belles joueuses.
Il y a vraiment je pense une dynamique par rapport aux stades, à la qualité du terrain, au spectacle. Nous aussi on doit continuer à progresser et être meilleurs sur le plan du jeu, du collectif. On a fait des rencontres beaucoup plus intéressantes niveau animation. Ce soir, c’était un vrai match de Coupe, où on est allé chercher un résultat et ça tient d’une autre manière le public en haleine. Mais c’est de très bon augure pour la suite.
La Juventus a joué face à la Lyon sur leur terrain, quand on a joué au Bayern c’était à l’Allianz Arena. Là, c’était au Parc des Princes. Pour vous, les médias, les journalistes, les supporters et pour nous, ça donne une autre envergure à ce sport, à ce football et au développement du football féminin.

Grace Geyoro : Je pense qu'il a bien répondu à la question (rires). Personnellement, pour voir la progression là où j'ai commencé, c'est vrai que jusqu'à aujourd'hui, on voit une grosse évolution. C’est assez exceptionnel. Comme vous l'avez dit, les chiffres que ce soit au Barça ou même nous, voir de plus en plus de personnes qui cherchent à nous voir que ça soit même sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, il y a beaucoup de demandes. Les gens veulent connaître, s’interrogent aussi sur nous. Donc ça montre une très grande évolution et c’est de bon augure pour la suite.

Pour finir, match important à venir dimanche face au Paris FC après avoir joué 120 minutes face au Bayern Munich. Comment va se passer la récupération et la préparation de cette rencontre ?

Didier Ollé-Nicolle : Dimanche, pour que ce soit bien clair, on va jouer notre 6e match en 23 jours alors que les filles sortaient de 3 rencontres internationales. On sait qu’il y a beaucoup de matches, avec souvent les mêmes joueuses qui ont participé. Autant il y avait du turnover sur la phase aller pour découvrir tout le monde et qu’elles restent bien concentrées, maintenant on est dans le money time.
On a une équipe qui se dessine avec des joueuses plus jeunes qui nous apportent de la plus-value. Ça a été mon mode de management et j'ai pris cette décision-là. Désormais, il y a la dernière marche dimanche contre une très bonne équipe du Paris FC qui est troisième.
Jeudi, on va bien récupérer. Vendredi, c’est repos. Jusqu’à présent, on s’était tout le temps entraîné entre les rencontres tous les trois jours. Là, on a pris la décision de faire vraiment de la récupération et juste un entraînement un peu plus poussé pour celles qui n’ont pas joué. On fera ensuite un vrai état des lieux pour mettre en place une équipe.
Il y a des joueuses qui peuvent rentrer ou qui n’ont pas joué ce soir comme Huitema, Cascarino, Bizet… Sincèrement, je n’ai pas encore pris de décision, ça se fera vraiment en communion comme on l’a fait jusqu’à maintenant. On a tout le temps une relation avec les joueuses cadres quand les rencontres sont rapprochées, que ce soit Grace, Kadidiatou, Marie… Il y a une vraie relation d'échange car ce sont elles qui sentent le mieux leur état de fatigue, leur corps et on sait l’importance de leur rôle dans l’équipe.
Donc ça va être le même style de fonctionnement et de management d'ici dimanche. Samedi, on prendra la décision si on repart avec cette équipe-là ou une composition très proche. Ou au contraire, s’il y a des changements à apporter voire un grand bouleversement. Pour l’instant, rien n’est décidé. Ce sera aussi la surprise pour le Paris FC.

Jeudi 31 Mars 2022
Daniel Marques