"Un changement des mentalités est nécessaire"

Dans un rapport demandé par le président de la FFF à l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques, une commission s'est penché sur la place et le rôle du football dans la société. La place des femmes dans le football est évoquée.



En mai 2007, le Président Jean-Pierre Escalettes proposait à Pascal Boniface, Directeur de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques, de créer une commission indépendante afin de réfléchir à la place et au rôle du football dans la société. Dix-huit mois plus tard, cette commission regroupant douze membres et un rapporteur a officiellement présenté ses conclusions à la FFF.

Contenant près de cent pages, ce "Livre blanc" de cinq chapitres (Football et violence : carton jaune ou carton rouge ? / Insertion, diversité et lutte contre le racisme / Les supporters / Football et santé : entre ombre et lumière / Gouvernance du football : quelles structures ?) et proposant vingt-quatre recommandations en guise de conclusion, a été dévoilé aux médias ce mercredi au siège de la Fédération.

La place des femmes dans le football est présente dans ce rapport dans le Chapitre II sur l'insertion et la diversité. Retrouvez ici les extraits.

"S’il est indéniable que le football constitue, au même titre que d’autres sports, un facteur d’émancipation féminine, encore trop de jeunes filles connaissent aujourd’hui, sous le poids de traditions culturelles, un accès limité et difficile à la pratique du football. D’après nombre de témoignages, les dirigeants, qui manquent de bénévoles, de créneaux sur les terrains, d’envie parfois, freinent encore trop le développement de la pratique féminine, qui n’exprime pas toujours une demande, contrairement aux garçons.

Il y a même des cas où la demande, existante, n’est pas prise en considération. La non-féminisation du football, contrairement à d’autres sports, est à la fois un défi par rapport aux valeurs qu’il revendique et un frein à son développement. Les exemples de l’athlétisme, du tennis et, à un degré moindre, des sports collectifs comme le basket et le handball (pour ne pas parler du cas spécifique du beach volley) montre que le sport peut aisément se conjuguer au féminin.

Par ailleurs, les femmes, restent encore trop faiblement représentées dans les équipes dirigeantes, le corps arbitral ou parmi les entraîneurs. Pourtant, elles pourraient avoir une vraie valeur ajoutée : en apportant une autre vision des choses, en permettant une pratique féminine plus aisée et créant des vocations en apportant de la quiétude : il est constaté qu’il y a moins de violence dans les rencontres masculines arbitrées par des femmes.

La féminisation des tribunes permettrait par ailleurs également de faire baisser la violence tout en remplissant mieux les stades. En même temps, la violence est l’un des facteurs qui empêchent le football d’être attractif pour les femmes et les familles."


Pour conclure ce rapport des recommandations sont formulées. La place des femmes dans le football est présentée dans le point 7.

"Il est impératif de redonner l’envie aux femmes de venir au stade, aux parents d’y amener leurs enfants, comme les pères le faisaient auparavant. Cela aidera à rendre les tribunes moins violentes et permettra aux stades de diversifier leur public. Ce cercle vertueux est possible par la valorisation d’initiatives positives comme les Ecoles de supporters par exemple. Il faut absolument une démarche volontariste dans ce secteur. Un changement des mentalités est nécessaire. Cela doit passer par la valorisation, l’exemple, mais ce n’est pas suffisant : il s’agit d’une véritable conduite de changement qui est à opérer. Cela passe sûrement par des séminaires de réflexion sur les freins de haut en bas de pyramide, par des aides financières et logistiques, par des places réservées aux femmes, et même par des sanctions. Il ne s’agit nullement d’avoir une égalité en nombre au niveau des pratiques « homme »-« femme », mais sans cette détermination, il faudra des dizaines d’années au moins pour mesurer un changement. Tout est lié. Former des éducatrices ou dirigeantes aidera à la pratique de joueuses. Si les femmes sont plus nombreuses dans les instances, forcément elles poseront le débat de la libération de créneaux et d’encadrement pour des licenciées potentielles, de la
place du public féminin, etc. "



Jeudi 27 Novembre 2008
Sébastien Duret