Footofeminin.fr : le football au féminin

Brigitte HENRIQUES : "Dans notre programme, on a un plan performance 2024 pour le football féminin"

Vice présidente déléguée de la Fédération française de football, Brigitte Henriques a accepté de répondre à nos questions lors de sa venue à la Ligue Méditerranée de Football. L'élection FFF, le foot féminin, la D2, l'ancienne internationale se livre.



Qu’est-ce qui vous a poussé à poursuivre l'aventure avec M. Le Graët
Ça fait 11 ans que je travaille à ses côtés. Je suis la dernière de l’épopée 2011. La raison est que la société traverse une crise sans précédent avec le Covid. C’est une crise sanitaire mais on voit bien que l’ensemble des troupes commence à trouver le temps long. On voit qu’on est dans une société où psychologiquement ça commence à être un peu difficile pour tout le monde. Je crois que dans des moments comme ceux-là, avec aussi la crise financière que traversent la LFP et les clubs pro avec MediaPro, c’est important d’avoir de la stabilité. C’est aussi important d’avoir un président qui a de l’expérience. Puis je suis quelqu’un de fidèle, j’allais surtout pas quitter l’équipe dans un moment compliqué. Je me retrouve dans cette équipe qui est la nôtre, je me retrouve dans le programme. J’ai aussi envie que le football continue d’accueillir dans les meilleures conditions tous les jeunes, les moins jeunes. Qu’on puisse aider les clubs dans cette période difficile. Offrir aux parents un cadre sécuritaire pour leurs enfants avec des éducateurs formés et des dirigeants, bénévoles, engagés. C’est ce qui m’a poussée à continuer. Faut pas oublier non plus, on est champion du monde, troisième au classement FIFA avec les filles. Je rêve encore avec le football, j’ai été joueuse internationale, ça continue de me faire rêver.

Vous avez parlé des féminines. Quelle sera la place du football féminin dans cette nouvelle mandature ?
Depuis 2011, on est passé de 50 000 à 207 000 licenciées. On est aussi passé de 25 000 à 37 000 dirigeantes. On a féminisé les instances parce qu’on ne faisait pas partie du paysage. C’était très important, à l’image de la société, d’avoir un football qui accueille les femmes. On a aussi augmenté le nombre d’éducatrices, on compte 1 200 arbitres. On est à un tournant, les autres pays progressent également. Dans notre programme, on a un plan performance 2024 pour le football féminin. On veut aller plus loin sur la D1 Arkema, sur la D2, avoir plus de structurations, un championnat plus attractif. On veut aussi mettre en place la pré-formation puisqu’aujourd’hui les joueuses sont formées à partir de 15 ans jusqu’à 18 ans. Alors que c’est l’âge d’or pour pouvoir commencer à évoluer en professionnel. On va développer les sections sportives dans les collèges. On va aussi monter des centres de perfectionnement. Il y a tout ça à mettre en place. On va travailler également sur le statut de la joueuse pour permettre aux jeunes joueuses, comme les garçons, de pouvoir signer des contrats aspirants. Puis, surtout ce qui est important, c’est qu’il y a beaucoup de clubs qui forment des joueuses mais les indemnités de formation n’existent pas. Donc c’est quelque chose qu’on est en train de mettre en place pour aider les clubs et les récompenser de leurs efforts en matière de formation. Comme pour les garçons, la France est dans le top 2 des pays qui forment des joueuses. Il est important d’avoir une reconnaissance de ce que font les clubs.

Reprise de la D2 : "Ca a été une longue bataille depuis plusieurs mois."

La deuxième division française peut reprendre. Les joueuses se sont beaucoup battues pour ça. Ça doit être une certaine joie de voir ce championnat reprendre ?
Elles se sont battues et je le comprends très bien. Ça fait 4 mois que je me bats auprès du Ministère mais les règles sont les règles et c’est normal. On parle d’enjeux de santé, on parle de restrictions liées au contexte sanitaire. Des réunions avec le gouvernement je n’ai pas arrêté d’en faire, toutes les semaines. C’est vrai que ça s’est joué sur la dernière semaine. On a pu obtenir qu’elles soient reconnues comme public prioritaire. La règle c’était 50% de contrats fédéraux pour l’ensemble des clubs. Aujourd’hui, on sait que la D2 féminine n’a pas les moyens d’avoir des joueuses professionnelles en leur sein. Ce qui a permis que la D2 reprenne, c’est que toute cette population qui joue en D2 a plus de 102 joueuses qui sont sur le statut des athlètes de haut niveau et qui sont dans une sélection nationale. C’est ce qui a permis au gouvernement de nous donner le feu vert. Contrairement à ce qui a pu être dit, ça a été une longue bataille depuis plusieurs mois. Je suis vraiment contente de célébrer cette victoire de la reprise de la D2. J’ai eu beaucoup de bonheur à l’annoncer aux présidents de clubs de D2. Il n’y avait pas de discriminations, la N2 a repris en même temps parce que les clubs ont une moyenne d’au moins 10 contrats fédéraux par club. Je suis triste pour la D2 futsal, on a aussi envie qu’ils reprennent. Il faut vraiment que les clubs professionnalisent leurs structures. On sait qu' aujourd'hui, les clubs défraient les joueurs et les joueuses parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Probablement par manque de temps et d’accompagnement aussi de notre part sur le fait de mettre en place des contrats fédéraux. Mais on va y arriver et l’important c’est que ça reprenne. C’est une grande joie.

Crédit photo : Icon Sport

Mardi 2 Mars 2021
Ridha Boukercha