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Brigitte HENRIQUES (Secrétaire Générale de la FFF) : "Il y a plein de jeunes filles qui veulent jouer au football"

Arrivée au poste de secrétaire générale de la FFF, en juin 2011, Brigitte Henriques tenait jeudi dernier à Charléty, une conférence de presse sur le football au féminin français. L'occasion de faire un bilan et de parler des perspectives et objectifs de la Fédération Française de Football



Brigitte HENRIQUES (Secrétaire Générale de la FFF) : "Il y a plein de jeunes filles qui veulent jouer au football"
La Coupe du Monde 2011 a révélé au public par sa médiatisation des valeurs du sport et humaines qui ont attiré des spectateurs qui méconnaissaient jusqu'alors le football au féminin. Et l'effet Mondial ne s'est pas essoufflé comme en témoignent aujourd'hui encore les audiences TV. Surfant sur cette vague, la FFF a pu constater aussi que l'image véhiculée était un produit bénéfique. D'ailleurs, Brigitte Henriques souligne que les clichés sont tombés : "Les filles ne sont plus des garçons manqués, ça, c'était à mon époque. Je me rappelle que j'avais toujours rêvé de voir des grouillis d'enfants avant les matchs dans les stades. Aujourd'hui, c'est juste fabuleux car cela est réel comme dans les autres pays. Avec les JO, on n'a pas fini de rêver".
"Cette plus-value en terme d'images est une grosse bouffée d'oxygène" ajoute-t-elle. Et si jusqu'à présent, le retour financier sur investissement n'existait pas, les derniers matchs de l'Equipe de France ont montré le contraire avec des résultats bénéficiaires. Les mentalités changent et aujourd'hui, les gens acceptent de payer pour voir un match féminin !

Une volonté fédérale de féminisation

Mais la volonté fédérale de féminisation avait commencé avant les derniers résultats positifs. Cependant ceux-là ont permis de décupler les répercussions en termes de résultats.
Le Président de la FFF, Noël Le Graët, lors de sa candidature s'était engagé pour le football féminin. Une volonté politique affichée avec notamment le poste de secrétaire générale, tenue par une femme, en l'occurence Brigitte Henriques. Une première sans précédent dans la féminisation de la FFF et la volonté d'un signal fort. Mais depuis quelques saisons, la FFF avait déjà réalisé des actions de féminisation comme la création d'un Pôle de formation féminin, avec le CNFE à Clairefontaine, depuis 1998 dont sont aujourd'hui issues 70% des joueuses qui évoluent en sélections. Mais la France devra innover et continuer à se développer car de nombreux pays avancent à grands pas.
En 2009, la France remportait le trophée "Femmes et Sports" suite au programme du plan de développement de féminisation mis en oeuvre. Ainsi, une Commission Fédérale de Féminisation a été mis en place et après une large enquête, 4 axes ont été défini pour quatre saisons (2012-2016) :
- valoriser la place des femmes dans le football
- devenir une nation de référence en termes de licenciées
- jouer les premiers rôles au niveau européen et mondial
- innover en matière de formation

Construire la base pour atteindre les 100 000 licenciées

Aujourd'hui, la FFF compte 53 807 joueuses en France (soit +4556 par rapport à la saison précédente), et 78 384 licenciées (joueuses, dirigeantes, arbitres et éducatrices). Une forte progression notamment ressentie dans les catégories du football d'animation (U6 à U11) avec +12,40 % ! Mais pour préserver ce vivier naissant, il faut multiplier au sein des Districts et Ligues, les actions promotionnelles, à l'image de la "semaine du football au féminin" en juin dernier. Car comme le souligne Brigitte Henriques : "Il y a plein de jeunes filles qui veulent jouer au football. Ce qui manque, c'est l'ouverture dans les clubs. L'idée de la semaine du football au féminin a été d'ouvrir les portes des clubs. En septembre, il y aura la "rentrée du football féminin" avec l'opération "Mesdames franchissez la barrière" qui doit inciter toutes les femmes qui sont autour des terrains à franchir le pas vers les clubs en leur montrant le rôle qu'elles peuvent avoir". La secrétaire générale ajoute : "Elles apportent un regard différent, des compétences différentes, c'est une plus-value".
Avec un objectif de 100 000 licenciées à atteindre le plus tôt possible, la FFF a pu constater le retard par rapport à ses voisins au niveau de la base avec une pyramide inversée : beaucoup de joueuses seniors par rapport aux petites. C'est donc à la base que le travail a débuté pour la FFF. La performance de la dernière Coupe du Monde, la médiatisation sont autant de facteurs qui ont favorisé ces démarches avec un avenant signé avec l'éducation nationale. "Cette impulsion politique, c'est 10 ans de gagner" précise Brigitte Henriques. En février dernier, la FFF lançait le football des princesses (900 classes y ont participé). Autre axe majeure de développement, la création des écoles de football féminines. Devenues une obligation pour les clubs nationaux, les écoles de football se développent bien au-delà et ont permis d'impliquer de nouvelles structures dans cette démarche commune d'ouverture.

Clubs : pas de modèle unique

La structuration des clubs est aussi un axe de travail. Aujourd'hui les structures des clubs sont très différentes. A l'Olympique Lyonnais, 25 joueuses sont sous contrat fédéral et disposent de conditions optimales pour les performances et les résultats. Le FCF Juvisy-Essonne, d'une autre manière est un modèle totalement différent. Un club structuré autour de bénévoles et avec un accompagnement des joueuses dans la recherche de travail, de logement. Des joueuses recherchent d'ailleurs un avenir professionnel en parallèle de leur carrière de haut niveau. Un double projet sportif et professionnel qui amène au constat qu'il n'y a pas un modèle unique.
Des structures professionnelles et semi-professionnelles peuvent cohabiter et même si des clubs pros se sont lancés depuis quelques saisons dans le développement de leur structure féminine, cela n'est pas une généralité et ne devrait pas devenir une obligation contrairement à ce qui pouvait être envisagé. Car contraindre des clubs qui ne souhaitent pas et qui n'ont pas les moyens humains n'est pas la solution. Par contre, avec la licence club qui verra le jour pour les clubs de National, CFA ou encore CFA2, cela pourrait devenir un moyen pour les clubs qui le souhaitent de mettre en place des projets pour les jeunes filles (école de football, U13, U15).

Cette dynamique de développement n'est désormais plus dépendante des résultats selon Brigitte Henriques : "Quelque chose s'est enclenché, qui ne s'arrêtera pas de sitôt. Un échec à Londres ne serait au plus qu'un contretemps. Le soufflet de la Coupe du monde n'est pas retombé durant toute l'année écoulée, et on a continué au contraire à progresser". Encore beaucoup de travail en perspective où tous les acteurs seront concernés pour atteindre les objectifs et surtout atteindre des effectifs plus en adéquation avec le potentiel français.

Sébastien Duret

Lundi 23 Juillet 2012
Sebastien Duret