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Marilou Duringer : « Le moment ou jamais pour le prouver »

Suite de notre série avec Marilou Duringer, chef de délégation des Bleues depuis 1985. Celle qui fut l'une des premières footballeuses en France donne son sentiment sur les Bleues à quelques jours du début de la Coupe du monde.



Marilou Duringer : « Le moment ou jamais pour le prouver »
Que vous inspire cette équipe de France ?
Beaucoup de sérénité et de professionnalisme. Je sens une évolution, une supériorité dans le comportement qui me fait penser que nous aborderons très bien cette Coupe du monde.

Qu'est-ce que cette génération a de plus que les autres ?
Elle a eu la chance de participer à un championnat d'Europe des 19 ans et d'être championne. Elle évolue aussi dans de meilleures conditions que l'ancienne génération qui a disputé la Coupe du monde en 2003. Il y a d'autres méthodes d'entraînement, plus de professionnalisme dans les clubs comme à Lyon. Les clubs pros donnent également plus de possibilité aux filles de s'entraîner dans des conditions respectables avec plus de récupération même s'il y a encore des filles qui sont obligées de s'entraîner après le travail. Il y aussi une autre méthode de coaching avec le sélectionneur et un staff très professionnel.

« Avec l'envie qu'elles ont, on peut passer un cap »

Marilou Duringer au premier plan lors de l'hymne
Marilou Duringer au premier plan lors de l'hymne
Elle peut aller encore plus loin ?
Oui surtout dans cette Coupe du monde. Avec l'envie qu'elles ont, on peut passer un cap. On veut aussi dire que l'on est meilleure qu'avant, que l'on a progressé. En Allemagne, c'est le moment ou jamais pour le prouver.

Quelles sont les forces de cette équipe de France ?
Sa technique, son collectif, sa bonne entente mais aussi le projet de vie que Bruno a mis en place. Les filles se sentent bien et sont très bien armées dans tous les domaines pour aborder cette compétition.

Et ses faiblesses ?
Peut-être qu'elle n'en aura pas...

Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
Elles ont tellement envie de réussir quelque chose ensemble. Et en plus elles ont la joie de vivre sur le terrain. Cela permettra de gommer les quelque faiblesses qu'elles possèdent. Elle n'ont pas le même qualités physiques que certaines équipes mais elles peuvent largement compenser.

Y a t-il un favori pour cette Coupe du monde ?
Tout le monde parle de l'Allemagne parce qu'elle joue à domicile et qu'elle est tenante du titre. J'ose dire qu'elles ne vont pas vouloir louper leur Coupe du monde mais elles peuvent se faire accrocher. Si on va en finale et que l'on perd contre l'Allemagne, ce sera un honneur. Pas un déshonneur. Si on arrive en demi, ce sera une preuve de réussite, de progrès.

Cette Coupe du monde peut faire passer un cap au foot féminin ?
C'est bien que la presse soit là quand on gagne et réussir quelque chose à la Coupe du monde permettra à la presse d'être encore plus présente. Et puis avoir une équipe de France qui brille, ça doit être un vecteur promotionnel sur l'ensemble du pays pour attirer les gamines et pour leur montrer que le foot féminin est présent dans les grands rendez-vous. 60.000 licenciées, ce n'est pas suffisant à mon goût.

« On est loin d'être au niveau des espoirs alors que j'estime qu'on a le droit d'être au même niveau »

Ce sport manque encore de reconnaissance ?
Ce n'est pas le mot que j'utiliserais. Encore que...Nous avons progressé mais on manque plutôt d'égalité de chances avec les hommes. On ne nous considère pas au même niveau et je ne parle pas de l'équipe de France masculine A qui sont des pros à part entière et qui ont un autre statut. En dessous, nous avons les espoirs et on pourrait nous mettre au même niveau, avoir la même reconnaissance qu'eux.

La faute à qui ?
Cela fait partie d'une faiblesse de l'ensemble de l'équipe dirigeante. Des hommes pas encore tout à fait ouverts à la pratique féminine. Ce que je ne pensais plus possible après 40 années, je croyais que la pratique allait être beaucoup plus acceptée dans les mentalités. Je pensais que ce serait plus naturel.

Il y a encore du machisme ?
Oui absolument. Dans la pratique comme dans le fonctionnement et le raisonnement.

Comment se fait-il ressentir ?
Il y a parfois des situations discriminatoires . Quand on parle de l'importance que l'on donne à l'équipe de France féminine ne serait ce que dans leur fonctionnement, leur existence, les matches de préparation, la Coupe du monde, les primes des joueuses ; on est loin d'être au niveau des espoirs alors que j'estime qu'on a le droit d'être au même niveau.

Un mot pour les filles ?
Il faut qu'elles jouent comme elles savent le faire et qu'elles prennent le maximum de plaisir. Surtout qu'elles ne quittent pas la Coupe du monde avec des regrets !

Recueillis par Thibault Simonnet pour footofeminin.fr

Mardi 21 Juin 2011
Thibault Simonnet

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