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Bleues - Corinne DIACRE : "On a une équipe qui monte en puissance"

Avant d’affronter l’Allemagne et l’Uruguay, la sélectionneuse de l’équipe de France Corinne Diacre est revenue sur la rencontre face aux USA, a évoqué la progression de son groupe, l’animation offensive et le choix final des 23 pour la Coupe du monde, qui se précise de plus en plus…



Un mot sur la liste tout d’abord, où on remarque l’absence d’Eugénie Le Sommer…
Elle est actuellement blessée, elle a un problème musculaire. Kadidiatou Diani (sur laquelle des doutes persistaient en raison de son état physique, NDLR) ? Elle est opérationnelle.

Eve Perisset est également absente de cette liste, pour cause de blessure ou c’est un choix de votre part ?
C’est une absence sur blessure, une commotion cérébrale.

« On suit entre 30 et 35 joueuses »

Envisagez-vous d’appeler de nouvelles joueuses d’ici à la liste finale pour la coupe du monde ?
Tout va dépendre des blessures, puisqu’on est obligé de faire avec. Après on a quand même une liste qui se rétrécit fortement, on va dire qu’on suit entre 30 et 35 joueuses, donc celles qui ne sont pas là aujourd’hui pour cause de blessure sont remplacées par les filles que vous venez de voir, avec notamment le retour d’Ouleymata Sarr. Si les 23 de la liste finale sont dans ces 35 joueuses ? Oui, je ne devrais sortir personne de mon chapeau, sauf en cas de blessure.

Les deux derniers matches que vous avez joué contre Allemagne étaient diamétralement opposés (défaite 4-0 en novembre 2017 et victoire 3-0 à la SheBelieves Cup en mars 2018), étaient-ce des matches fondateurs ? Quels souvenirs en gardez-vous ?

Quand on en prend 4 on s’en souvient bien… Après c’était sur deux saisons différentes ! Sur la défaite on voulait voir un maximum de filles, concerner un maximum de clubs. Je savais qu’en alignant mon équipe on ne serait pas totalement performantes, et le résultat l’a prouvé. Je me souviens aussi très bien du 3-0 en mars de la saison passée, c’est rare de battre l’Allemagne, donc quand en plus on la bat comme on l’avait fait on s’en souvient aussi. J’espère que ce match face à l’Allemagne sera une bonne répétition, comme ce fut le cas contre les USA, le Brésil et l’Australie. Je trouve qu’on a une équipe qui monte en puissance, maintenant c’est toujours mieux de gagner ces matches là même si on n’est pas encore en compétition, et que c’est ça l’objectif. D’un point de vue psychologique, c’est toujours mieux de gagner ce genre de match, ou du moins de ne pas les perdre.

« L’Allemagne aura à cœur de faire bonne figure »

Quel est l’intérêt de rejouer contre cette nation que vous affrontez souvent ?
Ça reste une nation très forte ! Avant quand elles nous battaient à plate couture on se battait pour les jouer, maintenant la tendance s’inverse, c’est elles qui nous réclament presque. Ça reste une équipe très compétitive, qui reste sur plusieurs échecs ces dernières années, qui va avoir en plus à cœur, en ayant changé il y a peu de sélectionneur (Martina Voss-Tecklenburg, arrivée en novembre 2018), de vouloir faire bonne figure. Ça va être un match très intéressant pour nous.

Après le match face aux Etats-Unis, vous aviez parlé d’imperfections dans votre équipe, quelles sont-elles ?

J’avais dit ça ? La première qui me vient à l’idée c’est qu’on encaisse des buts dans les arrêts de jeu. Mais si on arrive à en mettre 3 à chaque match mais qu’on en prend un à chaque fois dans les arrêts de jeu je signe tout de suite ! Après, il y a toujours des petits ajustements à faire, que ce soit techniquement, il faut être très juste, c’est ce qu’on avait réussi à faire contre les USA. Tactiquement aussi on avait fait le boulot. Ce ne sont pas les Etats unis qui ont perdu, c’est la France qui a gagné. On continue à travailler, les performances de haut niveau se jouent sur des détails, et on travaille dessus.

Comment analysez-vous ces buts encaissés en fin de match ?
On peut toujours regretter d’encaisser des buts à la 92e, 94e… Maintenant je pense qu’il y avait une certaine décompression, vous savez quand vous menez 3-0 c’est difficile de garder l’exigence. Ce qui était important c’est qu’à 2-0 on a continué de jouer, ça c’était important. Je pense même que l’addition aurait pu être plus lourde sur ce match-là (face aux USA). Si on en avait mis 4 ça aurait été logique. Maintenant je ne peux pas reprocher à mes joueuses de prendre un but en toute fin de match en menant 3-0. Je mets ça sur la décompression et sur la fatigue surtout. Parce que mettre 3 buts à ces équipes ça demande beaucoup d’énergie, des efforts elles en ont fait, défensivement ou offensivement, elles mettent en place ce qu’on travaille à l’entraînement, ça demande de l’énergie.

"C’est un travail qu’on mène au quotidien"

Le côté droit de votre équipe a été très performant face aux Etats-Unis, c’est une réelle satisfaction pour vous ?
On l’avait travaillé, on avait vu que notre jeu penchait à gauche évidemment avec Majri et Le Sommer, on cherchait une solution avec mon staff pour équilibrer nos attaques sur le côté droit. Il se trouve qu’avec les Etats Unis, sans parler d’un plan pour paralyser notre côté gauche, on a pu voir que notre côté droit a sorti son épingle du jeu, c’est bon signe pour nous, maintenant elles ne l’ont fait qu’une fois et ce serait bien de réitérer cette performance.

Les joueuses vont arriver dès samedi, un peu plus tôt qu’à l’accoutumée, ce sera aussi l’occasion de préparer la coupe du monde, notamment dans le vivre ensemble ?
Effectivement on rassemble les filles le samedi au lieu du lundi, je tiens d’ailleurs à remercier les clubs qui nous laissent les joueuses à disposition. Après entre 10 jours et 1 mois de compétition, la marge est grande, les filles on les voit évoluer depuis un petit moment, que ce soit en terme de performances ou d’état d’esprit, c’est un travail qu’on mène au quotidien, quelle que soit la durée du rassemblement. Ce stage vient en complément des stages précédents, on prépare la Coupe du Monde depuis 1 an et demi, ce stage est une étape complémentaire avec une envie de performance, puisqu’on ne peut pas demande de la rigueur aux joueuses sans parler de résultat. On continue de travailler sur notre projet de jeu. Bien jouer sans gagner de match c’est plaisant pour le spectateur, mais je préfère un peu moins bien jouer et gagner.

La présence de Katoto, Gauvin et Sarr traduit-elle le fait que vous cherchez encore des solutions dans l’axe ?
Quand vous mettez 3 buts aux USA, 3 aux Brésil… (elle souffle) c’est pas mal quand même ! On a des forces supplémentaires. Il y a le retour d’Ouleymata Sarr qui a fait un gros travail athlétique après sa blessure en fin d’année dernière… J’ai du choix dans l’axe, on a vu que Diani pouvait pallier l’absence de Gauvin, blessée en janvier. On a des forces vives, à moi de trouver les bons automatismes entre les joueuses. Je sais que je peux compter sur Diani, Gauvin et sur Katoto. Ce qui est bien c’est cette alternance entre le jeu à gauche et à droite, par contre il faut être présent à la finition. Le ratio occasions de buts/buts marqués est toujours moins important que je ne le souhaiterais.

« La porte n’est fermée à personne »

Une des absentes de vos listes, c’est la milieu de terrain du FC Barcelone, Kheira Hamraoui. Son profil ne correspond pas à ce que vous recherchez ?
Je ne l’ai pas prise encore pour le moment, c’est vrai, maintenant elle fait partie des 35. Je la suis même si pour nous c’est plus difficile car on ne va pas en Espagne tous les week-ends. Malgré tout j’ai quelques retours, j’arrive à me procurer des vidéos. Après entre Henry, Bussaglia, Bilbault et Geyoro, je suis bien armée au milieu, je n’ai pas envie de casser ce qui fonctionne bien. Ce n’est pas une question de style ou de morphologie, c’est une question d’équilibre, je pense en avoir trouvé un, cette joueuse comme d’autre fait partie d’un cercle élargi, la porte n’est fermée à personne.

Quel est l’intérêt du match contre l’Uruguay, prévu le 4 mars prochain ? Donner du temps de jeu à celles qui n’auront pas joué face à l’Allemagne ?
Je ne sais pas encore, on est concentré sur le premier match, face à l’Allemagne. L’Uruguay c’est un autre type de football et je souhaitais, avant le début de la coupe du monde, jouer un adversaire potentiel après les phases de poules, puisqu’on a calé le Japon et le Danemark en prévision de la Norvège et de la Corée du Sud, voir un autre football qu’on n’a pas eu l’habitude de jouer ces derniers temps.

Marie-Antoinette Katoto avait connu un dernier rassemblement mouvementé, quel sera le mot d’ordre pour elle cette fois ?

Il n’y a pas de surprise, Marie-Antoinette a été piquée sur un entraînement, on ne peut pas dire qu’elle est vécue un mauvais stage non plus. Sur le terrain, je ne vous le cache pas, c’est rigueur-exigence-travail, je n’en démords pas, mais ce n’est pas le bagne non plus. En dehors elles font ce qu’elles veulent, je ne sais même pas ce qu’elles font. C’est le haut niveau, en équipe de France on ne vient pas en colonie de vacances, quand une joueuse ne répond pas aux attentes c’est mon devoir de la reprendre, je n’ai fait que mon travail. Elle a livré une prestation correcte, en marquant. Il faut qu’elle me montre que je ne suis pas obligée de la piquer pour qu’elle soit performante. Elle a compris le message, elle est intelligente, c’est une compétitrice malgré tout, et elle a envie de faire partie des 23 de la coupe du monde. Je pense qu’elle a compris le message et qu’elle sera opérationnelle samedi.

A quoi ressemblent vos semaines depuis le début de l’année ?
Je n’ai pas de semaine type, par contre on se réunit beaucoup avec mon staff, on planifie tout, il y a deux trois petites choses à régler, mais on a bien avancé. Après il y a cette observation du championnat tous les week-ends, avec mon staff, un suivi des joueuses à la loupe, avec un compte rendu envoyé dès le lundi, on a un suivi très personnalisé, en physique par des adjoints et moi-même pendant les matches de D1, mais aussi des échanges avec les entraîneurs, qui nous permettent d’avoir des informations sur leurs entraînements, leur état d’esprit dans leur club… Tout ça fait qu’on a une cartographie précise de chaque joueuse. Il y a aussi tout le travail d’analyse vidéo de nos adversaires, on a commencé à travailler sur 18 des 24 équipes de la coupe du monde.

Quelles équipes vous paraissent dangereuses pour le moment ?
Je n’ai pas noté de danger particulier, on est encore loin de la coupe du monde vous savez, certaines sélections font des essais. Aujourd’hui je n’ai pas vu d’équipe qui nous fait peur, mais on les observe minutieusement, avec un rapport écrit et un rapport vidéo, on ne laisse rien au hasard. On verra au cours des prochaines semaines si une équipe commence à me faire peur, mais je n’ai pas beaucoup d’inquiétudes.

Jeudi 21 Février 2019
Vincent Roussel

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