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Ligue des Champions - La FRANCE sur le toit de l'Europe

Lyon et Juvisy s’affronteront en demi-finales de la Ligue des Championnes. Cela confirme que malgré un niveau hétérogène, la D1 a atteint un très bon niveau. Wolfsbourg et Arsenal se disputeront l’autre place en finale.



Tonazzi, tout comme Bussaglia, ou Dusang ont la particularité d'avoir joué la Ligue des Champions avec les deux clubs
Tonazzi, tout comme Bussaglia, ou Dusang ont la particularité d'avoir joué la Ligue des Champions avec les deux clubs
A quelques jours de la demi-finale franco-française, c'est l'occasion de revenir sur la performance unique de deux clubs français en demi-finale et l'assurance par suite une équipe française en finale pour la quatrième année consécutive. Par contre, ce n’est pas la première fois que deux équipes d’un même pays s’affrontent à ce stade de la compétition : Potsdam a éliminé Duisbourg en 2010 et 2011. De plus, Duisbourg a éliminé Francfort en quarts de finales en 2009, Francfort a battu Potsdam en finale en 2007 et Djurgården a éliminé Umeå en quart de finales en 2004. Le cas était pourtant plus improbable avant 2009 puisqu’il n’y avait qu‘un seul représentant par pays, plus le tenant du titre.

Juvisy est la quatrième équipe française à se qualifier pour une demi-finale. Seule l’Allemagne a fait aussi bien, grâce à la qualification de Wolfsbourg. La différence est que si Francfort, Duisbourg et Potsdam du côté allemand ont passé ce cap, et ont remporté la compétition, seul Lyon est passé, Toulouse et Montpellier butant sur Francfort à ce stade. Et aussi que les quatre équipes allemandes comptent 15 participations aux demi-finales, les trois suédoises 10 et les françaises 9, dont 6 pour Lyon.

Une première demi-finale 100% française

En s'imposant à Göteborg, les Juvisiennes ont signé une performance inédite
En s'imposant à Göteborg, les Juvisiennes ont signé une performance inédite
Cette demi-finale 100% française est donc une première et elle confirme la première place prise par la France cette saison à l’indice UEFA. Elle rappelle que si cette place doit bien sûr beaucoup aux performances de l’Olympique L$yonnais, les contributions de Montpellier, du PSG et de Juvisy ne sont pas non plus anodines.

Il est une ancienne classique des contempteurs de la D1 féminine, c’est que seul l’OL est crédible sur la scène européenne, qu’elle est très faible comme le prouvent les gros scores des victoires lyonnaises. La performance de Juvisy montre que le quatuor de tête du championnat de France est parfaitement crédible sur la scène européenne. Et les scores de l’OL contre Malmö, Zorkiy ou l’an dernier contre Potsdam valent largement ceux obtenus contre Saint-Étienne ou Guingamp.

Bien sûr, une bonne partie du plateau de D1 est d’un niveau bien plus faible mais est-on sûr que Sindelfingen ou Gütersloh feraient beaucoup mieux qu’Arras ou Rodez ?

France 2 - Suède 0

Cependant, si la supériorité globale de la Bundesliga semble probable, la Damallsvenskan, D1 suédoise, a souvent été citée en exemple de championnat de niveau supérieur à la D1. Le résultat de la double confrontation qui vient d’avoir lieu est plutôt clair. Lyon, leader en France était confronté à Malmö, qui a perdu le titre en décembre à la différence de buts. Il n’y a pas eu photo entre les deux équipes malgré un recrutement suédois remarqué. Plus significatif, Göteborg a fini quatrième et rencontrait Juvisy qui occupe la même place. La confrontation a été plus serrée mais assez nettement à l’avantage des Françaises.

On relativisera bien sûr cette progression du football français : Juvisy a évité les meilleures équipes allemandes et anglaise, Wolfsbourg, Potsdam, Arsenal et même Malmö qui aurait été probablement plus difficile. Il n’est pas question ici de dénigrer la performance qui place – pour l’instant – Juvisy juste derrière les trois ou quatre favorites pour le titre. Il s’agit par contre de rappeler que Montpellier, le PSG ou même Juvisy il y a deux ans avaient eu la malchance de tomber sur l’une de ces trois ou quatre favorites avant les demi-finales : le PSG avait été éliminé par Francfort l’an dernier, Juvisy par Potsdam la saison précédente, deux équipes que seul Lyon a pu arrêter, et Montpellier avait d’abord joué et éliminé le Bayern avant de chuter contre Umeå (qui était un vrai prétendant au titre) alors qu’elle menaient de deux buts à 5 minutes de la fin.

Bref, un peu comme l’OL de Claude Puel qui avait atteint les demi-finales que ses prédécesseurs avaient manqué, Juvisy a eu la petite part de réussite qui lui avait manqué deux ans plus tôt en rencontrant le tenant dès les quarts et on aurait pu avoir déjà une demi-finale franco-française lors d’une saison précédente.

Cependant, cet ensemble de résultats est significatif de l’évolution du niveau du football français depuis quelques saisons, qui se traduit aussi en partie en équipe de France, présente dans le dernier carré des deux dernières compétitions mondiales.

Cette évolution est liée à la professionnalisation et à la formation. La création du CNFE en 1998 et plus récemment des Pôles Espoirs Féminins permet à la France d’être un vivier de joueuses bien formées et bien préparées. À peu près toutes les joueuses de l’équipe de France actuelle sont passées par cette formation.

La possibilité pour les joueuses de football d’être professionnelles grâce au contrat fédéral initié en 2010 leur permet de se consacrer à plein temps au football. Bien sûr Juvisy n’est pas directement concerné par la professionnalisation mais elle fait progresser l’ensemble du football français.

De plus les deux équipes restent assez « nationales » : toutes deux on démarré leur demi-finale avec 9 Françaises sur la pelouse. À titre de comparaison, Malmö ne comptait que 3 Suédoises et Göteborg 8. Pour les autres qualifiées, Arsenal a démarré avec 6 Anglaises seulement (mais avec 11 Britanniques ou Irlandaises) et Wolfbourg avec 10 Allemandes. En face, Torres comptait 9 Italiennes et Rossiyanka 5 Russes. Bref, Lyon et Juvisy sont dans la norme des équipes qui comptent sur les joueuses locales.

De vieilles retrouvailles

Soubeyrand et Necib se retrouveront samedi à Gerland (photo W Morice)
Soubeyrand et Necib se retrouveront samedi à Gerland (photo W Morice)
Il est symbolique que la première confrontation nationale sur la scène européenne oppose Lyon à Juvisy. Ces deux équipes font l’histoire de la D1 féminine depuis plus de 20 ans, bien avant l’opposition entre le professionnalisme et l’amateurisme. Il s’agit des deux équipes les plus titrées de D1 (7 titres pour l'OL depuis ce mercredi et 6 pour Juvisy) et aussi des plus anciennes : elles sont présentes dans l’élite depuis la fin des années 70 (ndlr : L'OL sous l'entité FC Lyon jusqu'en 2004), même si jusqu’au milieu des années 80, ce n’était guère significatif avec une D1 à 48 (8 poules de 6). L’équipe suivante à ce classement est Montpellier, montée en 1998 soit 20 ans plus tard.

Depuis l’instauration de la poule unique en 1992/1993, alors que les deux équipes venaient de remporter leur premier titre, elles ont toujours fini dans les 4 premières (hormis deux 5e place pour Lyon en 95 et 99) et ont remporté 16 des 22 titres mis en jeu (les deux premiers avant la poule unique donc).

Au delà des inimitiés de personnes et des disputes sur les « valeurs », cette demi-finale va présenter au plus haut niveau du football européen un partie importante de l’histoire du football féminin français. Sur le papier, Lyon est très largement favori. Double tenant du titre, l’OL est demi-finaliste pour la sixième fois alors que Juvisy atteint ce stade pour la première fois en quatre participations. L’effectif lyonnais compte 19 internationales dont 16 à plus de 50 sélections pour un total de plus de 1500 sélections, contre 3 sur 10 à Juvisy (et 450 sélections environ).

Un élément permet de comprendre l’expérience lyonnaise : les 11 titulaires du match de Malmö étaient sur la pelouse de Craven Cottage pour la finale remportée il y a deux ans. Cela explique peut-être que des joueuses comme Megan Rapinoe et Shinobu Ohno, stars des deux meilleurs sélections mondiales, ne sont pas encore titulaire de cette équipe. Du côté de Juvisy, seule Sandrine Dusang a déjà joué une demi-finale européenne en 2008 avec Lyon contre Umeå.

CHR$

Jeudi 11 Avril 2013
Sebastien Duret


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