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Malika Bousseau (La Roche/Yon) : « Le groupe s’est essoufflé cette année »

Il faudrait un vrai miracle pour que les Yonnaises, dernières avec cinq points de retard sur le premier non-relégable, restent en D1 l’année prochaine. Avant de recevoir le PSG, un candidat pour l’Europe, La Roche/Yon se prépare pour jouer le match de la dernière chance. De son côté, Malika Bousseau, coach, dirigera pour la dernière fois ses troupes à domicile.



Malika Bousseau arrête en fin de saison
Malika Bousseau arrête en fin de saison
Malika, La Roche/Yon se considère-t-elle déjà en D2 ?
Mathématiquement rien n’est joué mais c’est compliqué car il y a trois descentes et que nous avons un calendrier difficile. Des équipes comme Saint-Brieuc en ont un beaucoup plus facile et puis il y a aussi Yzeure qui rebondit bien. On peine sur cette fin de saison, on rencontre des équipes qui se disputent la deuxième place européenne et qui ont encore quelque chose à jouer.

Avez-vous encore un espoir ?
Oui, en football, il y a toujours quelque chose à faire. Si vous rentrez sur un terrain et que dans votre tête c’est perdu d’avance, ce n’est même pas la peine de venir. Au niveau de l’état d’’esprit et du professionnalisme, on se doit de toujours y croire même si dans un coin de notre tête, on sait que nous avons très peu de chances. Malgré tout, tant qu’il y a de l’espoir, il ne faut pas s’avouer vaincu en rentrant sur le terrain.

« Les filles doivent donc toujours jouer à 200% et sur deux ou trois saisons vous ne pouvez pas tout le temps jouer à 200% »

Claire Guillard (photo : Sébastien Duret)
Claire Guillard (photo : Sébastien Duret)
Comment La Roche/Yon a pu en arriver là ?
Le niveau augmente, les équipes de haut de tableau s’envolent. Il y a un énorme fossé. Et dans un championnat à douze, on se bat entre six équipes à peine. Il y a très peu de matches où vous pouvez vous en sortir. Et puis on a toujours notre maintien de l’année dernière en tête car on a beaucoup donné pour l’obtenir. Repartir sur les mêmes bases cette année, sans recruter, fait que le groupe s’est essoufflé. Ce niveau-là, demande beaucoup d’efforts, les filles doivent donc toujours jouer à 200% et sur deux ou trois saisons vous ne pouvez pas tout le temps jouer à 200%.

Cet essoufflement aurait-il pu être atténué par du sang neuf ?
Que ce soit à la Roche ou dans d’autres clubs, il faut toujours un peu de sang neuf pour avoir de la nouveauté et de la concurrence. Quand vous avez une ou deux joueuses en dessous vous pouvez vite les remplacer. Cette saison, nous nous sommes vite trouvées très juste au niveau de l’effectif.

Y a-t-il eu un tournant qui a fait basculer la saison dans le mauvais sens ?
Il y a eu des matches comme à Nord Allier où on se prend un but à la 92e minute. Ce sont des matches qui nous assomment un peu. Lorsqu’on mène 2-1 et qu’on prend un but sur une faute de main de notre gardienne, on commence à douter. Pour se maintenir, une équipe doit avoir cette petite chose en plus, ce brin de chance et on ne l’avait pas cette année. Les deux oppositions contre Le Mans où l’on perd 2-1 à chaque fois nous ont aussi fait du mal. Pourtant, on avait battu Yzeure et on avait su gérer Toulouse car même si on avait eu des difficultés au retour, on avait bien négocié l’aller. On a eu aussi beaucoup de blessures qui ne nous ont pas aidées cette année.

Claire Guillard en fait partie.
Oui avec Coralie Roul, ce sont deux leaders du groupe. Avoir deux leaders blessés, ça n’aide pas surtout quand on est sur le fil du rasoir. La moindre chose a son importance et quand on les accumule, à la fin on a du mal à passer.

Contre Paris, La Roche/Yon jouera son va-tout ?
On va faire notre match. On n’a rien à perdre, on va jouer notre dernier match à domicile, c’est mon dernier à l’ESOF, ce sera un peu particulier. Le PSG, c’est une équipe plus facile à manœuvrer que Montpellier. L’année dernière, on avait fait un résultat contre le PSG (ndlr : 1-1), la pression sera plus de leur côté.

Ce sera la clé du match ?
Quand vous regardez le classement et les effectifs, le PSG est au-dessus de nous mais si on arrive à bien les gêner, qu’on les empêche de marquer ce premier but, on peut faire quelque chose.

Ce sera votre avant-dernier match à l’ESOF. Quel est votre sentiment par rapport à votre aventure yonnaise ?
C’est une aventure affective, j’ai été joueuse à la belle époque où on jouait le titre dans les années 2000 avec Hoda Lattaf, Angélique Roujas, Sonia Bompastor. Après je suis passé à l’encadrement, j’ai formé beaucoup de jeunes que je retrouve dans l’équipe première aujourd’hui et ces jeunes sont passées par les équipes nationales de jeunes. Il y a toute une histoire et ce sera quelque chose de spécial. Entrainer une équipe de foot féminin à ce niveau-là, ce n’est pas un rêve pour moi mais c’est l’accomplissement d’un long travail.

« Un manque d’énergie »

Quelles sont les raisons de votre départ ?
C’est un manque d’énergie. Je ne suis pas professionnelle, j’ai une vie à côté. Après la journée de travail, il faut partir à l’entraînement et puis je ne suis pas non plus dans un club qui a énormément de moyens, il faut donc décupler les forces pour atteindre à ce niveau-là donc on puise, on puise… On arrive aussi en fin de cycle, il faut un peu de renouveau dans le club en amenant un nouvel entraîneur et d’autres joueuses.

Quel est votre avenir maintenant ? Allez-vous avoir un nouveau rôle au sein du club ?
Non, je vais prendre des vacances. Je regarderais s’il y a des propositions intéressantes mais je ne cours pas après pour m’engager, j’ai envie de profiter de toutes ces belles années. Même si cette saison était difficile, je n’ai pas eu le temps d’apprécier la montée en D1, le maintien l’année dernière qui était vraiment extraordinaire. Je vais prendre un peu de recul et profiter de ces instants que je n’ai pas eu le temps de savourer car on vit toujours à 200 à l’heure.

Vous reviendrez dans le football un jour ?
Je suis au district de Vendée à la commission technique, je suivrai toujours le foot. Après quand vous avez entraîné au niveau national, vous avez une certaine rigueur et je ne prendrais pas n’importe quel projet non plus. Ce n’est pas de la prétention mais quand vous avez goûté au haut niveau, vous regardez ce que vous prenez derrière.

Recueillis par Thibault Simonnet pour footofeminin.fr

Vendredi 13 Mai 2011
Thibault Simonnet

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