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#UWCL - Camille ABILY (OL) avant Lyon- Chelsea : « Imposer notre jeu et faire preuve d’efficacité »

L’OL va jouer une grande partie de sa saison ce mercredi (18h45) au Groupama Stadium, avec la réception de Chelsea en quart de finale aller. L’occasion de faire un tour d’horizon avec l’entraîneure adjointe des Fenottes, qui a récemment prolongé son contrat jusqu’en 2025. Elle n’a pas souhaité évoquer l’actualité des Bleues et de la FFF.



Sonia Bompastor et Camille Abily (photo OL)
Sonia Bompastor et Camille Abily (photo OL)
Après un début de saison compliqué, avec des résultats en dents de scie en C1, et défait à paris en décembre, Lyon est sur une série de 11 matches sans revers, dont la qualification en finale de la coupe de France acquise vendredi face à Fleury. Est-ce que vous diriez qu’il y a plus de sérénité désormais dans le groupe ?
C’est sur qu’on a eu un début de saison, surtout un mois de décembre, compliqué. On a eu beaucoup de blessure, donc forcément ce n’est jamais évident parce que l’équipe avait été remaniée. Il y a aussi des joueuses qui avaient été très sollicitées parce qu’on avait peu de temps de repos, qu’on a pas pu installer cette rotation, trouver une équipe type… Depuis janvier on est bien reparties, maintenant on rentre dans la dernière ligne droite avec des matches vraiment décisifs. On a bien commencé face à Fleury (victoire 2-0), en se qualifiant en finale grâce à un match, et notamment une première période, très intéressants. On veut être dans la continuité, mais bien sûr qu’il y a plus de sérénité qu’en fin d’année 2022.

Quelles sont les nouvelles du groupe ?
L’infirmerie se vide même si, malheureusement, on a perdu Amandine Henry lors du match de Coupe de France face à Reims (en quart de finale, victoire aux TAB). Ce n’est pas une grave blessure mais elle va manquer les matches contre Chelsea, c’est toujours dommage. Mais les joueuses reviennent petit à petit, ça fait plaisir. A part Amandine, on a Catarina Macario qui n’est pas revenue de sa rupture du ligament croisée, ou Griedge Mbock, qui sont des blessures longues durée, donc forcément on ne comptait pas sur elles sur ces matches-là. On a le retour d’Ada (Hegerberg), qui revient progressivement. Ca fait plaisir d’avoir un effectif plus important et d’avoir des choix à faire, parce que ça fait partie du foot, pour avoir la meilleure équipe possible.

Vous évoquez Ada Hegerberg qui a fait son retour à l’entraînement la semaine prochaine. Va-t-on la revoir dès ce mercredi sur la pelouse ?
Elle sera dans le groupe. Malheureusement elle ne débutera pas, c’est encore trop tôt (sourire). Tout dépendra de son entraînement de demain (mardi), de comment elle se sent, et du scénario du match. On sait qu’il y a cette option, et selon la façon dont elle aura répondu présente avant le match, de son état, elle reviendra peut-être sur ce match, soit sur celui face à Guingamp. On ne s’est pas encore projetés sur ça.

Ça donne un surplus de confiance à tout le groupe de la revoir jouer ?
Complètement ! C’est une leader, elle tire tout le monde vers le haut. Quelque soit le nombre de minutes qu’elle peut jouer ou alors depuis le banc, elle apporte un vrai plus à cette équipe, et puis elle fait aussi peur à l’adversaire je pense.

L’OL joue une partie de sa saison à domicile ce mercredi face à Chelsea. A quel type de match vous attendez-vous ?
On va affronter un bel adversaire, avec un beau défi physique à relever, puisqu’on sait que Chelsea met beaucoup d’intensité, qu’ils sont très solides dans les duels et qu’ils jouent beaucoup en transition. C’est une équipe qui ne produit pas forcément de jeu. A l’inverse d’Arsenal qui a un jeu de possession, Chelsea a un jeu un peu plus direct, qui joue beaucoup sur la transition. Ce sera un gros match en termes d’intensité, il faudra réussir à poser notre jeu et à imposer notre maîtrise pour les mettre en difficulté.

Quelles sont les plus grandes menaces du côté de Chelsea ? La gestion du jeu dans votre dos donc ?
Oui exactement. On sait que Sam Kerr est une grande menace, qu’elle est capable de prendre la profondeur et qu’elle peut être très bien servie. C’est vrai que nous, on a un jeu où on s’engage beaucoup vers l’avant donc il faudra être très attentif à cet équilibre d’équipe, mais je pense qu’on a dû le faire face à Reims, face à Fleury, même si ce sont des adversaires qui sont un cran au-dessous. Quand il y a, en face, Dumornay ou Kouassi, ce sont aussi des joueuses intéressantes qui peuvent faire mal. C’était de bonnes répétitions en tout cas avant ce match face à Chelsea.

Y’a-t-il des enseignements à tirer des deux défaites du PSG cette saison en phase de groupe ?
Oui, il faudra faire preuve d’efficacité, parce que Paris s’est créé des opportunités, Paris a eu le ballon aussi, mais elles ont pris 3-0 là-bas. C’est une des équipes les plus efficaces d’Europe, il leur faut peu d’occasion pour marquer, elles peuvent faire très mal à la récupération, donc il faudra être très vigilants, mais bien sûr qu’on a regardé comment ça s’est passé face à Paris. Même si leur match était au mois de décembre, qu’on est trois mois après et qu’elles ont des joueuses qui ne sont pas là non plus comme Pernille Harder.

Une des joueuses qui fait pas mal parler d’elles cette saison, tant en club qu’en sélection, c’est Lauren James. Qu’est ce qui est le plus redoutable chez elle ?
Si, chez Sam Kerr, le plus dangereux ce sont ses appels en profondeur, et sa capacité à jouer en point d’appui, le plus dangereux chez Lauren James, c’est sa puissance. Elle s’en sert pour faire des différence balle au pied, grâce aussi à sa technique. C’est une joueuse qui aime aller de l’avant, qui aime défier en un contre un, et qui aime finir aussi. Cette année elle explose, avant elle faisait partie des bonnes joueuses à suivre mais là elle a franchi un palier cette année, elle est en pleine confiance et ça se voit.

La dernière confrontation en C1, en demie lors de la saison 2018-2019, avait été très serrée (2-1, 1-1). Selon-vous, l’OL est-il favori de cette double confrontation ?
Si on regarde le début de saison, on a fini deuxièmes en phase de groupe quand elles ont fini premières, donc pour moi c’est compliqué de dire qu’on est favorites. Mais par rapport à l’expérience et au passé du club, on peut dire qu’on le reste tout de même. Sincèrement, pour moi, c’est du 50-50, il y a un bel effectif de leur côté, ça se jouera sur quelques clés comme l’efficacité donc, et c’est ce qui nous fait un peu défaut en ce moment.

Lindsay Horan est sur une bonne série puisqu’elle en est à deux buts en deux matches. Quel est son impact sur l’équipe d’après vous ?
Lindsay, c’est elle qui gère les tempos du match au milieu de terrain. Elle apporte cette sérénité, elle sait quand on doit être plus en maîtrise ou quand on doit déséquilibrer l’adversaire, soit par ses passes soit par sa conduite de balle. Elle est capable de finir les actions, donc elle est très complète. Après la SheBelieves Cup avec les États-Unis, il lui a fallu du temps pour revenir entre le décalage horaire et les voyages, mais là elle monte en puissance sur les derniers matches donc c’est intéressant.

Comment elle a évolué depuis son premier passage en France, à Paris ?
C’était déjà, techniquement, une très bonne joueuse, mais je pense qu’elle s’est étoffée d’un point de vue athlétique et technique, où elle a beaucoup progressé. Elle est très intéressante de part son intelligence de jeu, son placement, où elle fait beaucoup de bien à l’équipe.

Comment vous la décririez en tant que personne ?
Elle amène un vrai plus à cette équipe, ce qui est intéressant c’est qu’elle a vraiment cette confiance en elle, ce qu’ont beaucoup les américaine, c’est intéressant à l’approche de ces grands matches, parce qu’elle a vécu ce genre de matches à enjeux très souvent avec son équipe nationale. Du coup, elle arrive à amener cette sérénité, cette joie de vivre, même à l’approche de ces rendez-vous. Mais elle est capable de vite « switcher » quand arrive l’échauffement pour se focaliser sur le match. Elle a cette mentalité américaine qui fait qu’elle a une grande confiance en elle, c’est important. Quand c’est le travail, c’est le travail, mais elle est aussi

Pour en revenir à votre situation personnelle, vous avez prolongé à l’OL (avec Sonia Bompastor) jusqu’en 2025. Pourquoi cette annonce maintenant ?
Ça faisait un moment que c’était en discussion avec le club. Depuis janvier on savait que le club souhaitait nous prolonger, on en avait parlé. Pour nous, c’était dans la logique des choses à partir du moment où le club voulait qu’on prolonge. Il y avait d’autre sujets qui était, selon nous, plus importants à traiter par le club avant nous, comme la prolongation de certaines joueuses (Danielle van de Donk s’est notamment réengagée jusqu’en 2025, NDLR), c’est pour ça que ça a mis un petit peu de temps. Mais le timing n’avait rien à voir avec l’équipe de France.

Cela fait deux ans que vous occupez le poste d’adjointe, l’envie de devenir numéro 1 ne vous démange pas ?
Si, on en discute souvent avec le club et avec Sonia, ça fait partie de mon évolution, que je souhaite avoir dans les années à venir. Maintenant, au quotidien, avec Sonia, j’ai la chance d’avoir beaucoup de liberté, et de me sentir comme une numéro 1 bis. C’est un vrai avantage, parce qu’on a une vraie complémentarité qui fait que j’ai beaucoup de liberté, donc ça aide, je me sens épanouie dans ce rôle-là, c’est pour ça que j’ai accepté de continuer pour les deux années à venir, mais bien sûr que, sur du plus long terme, j’aimerais devenir numéro 1.

Comment s’articule votre duo avec Sonia Bompastor ? Est-ce que vous êtes plutôt complémentaires ? Ou alors l’une et l’autre vous avez vos domaines d’expertise ?
Sonia est beaucoup dans le management, elle a 17 personnes du staff plus les joueuses à gérer. Dans ce qui est préparation de match, je me concentre plus sur l’aspect tactique, l’analyse de l’adversaire, de notre jeu, j’essaie d’anticiper au maximum pour lui favoriser le travail, et ensuite on en discute ensemble. Mais c’est vrai que, parfois, sur certaines choses, elle a une telle confiance que je n’ai pas besoin d’avoir sa validation. En revanche, j’aime bien discuter avec elle sur certains points car elle m’apporte toute sa qualité, et le fait d’avoir ce recul nous permet d’être plus efficace. Ce qu’on dit souvent, c’est qu’on est toutes les deux, mais on a aussi un staff, avec notamment Théo Rivrin (entraîneur adjoint) et Christophe Gardié, l’entraîneur des gardiens, on a plusieurs cerveaux et on dit souvent que c’est plus pertinent, ça aide (sourire). Au final, c’est Sonia qui tranche, mais ce n’est pas quelqu’un de borné donc si on a les bons arguments, elle peut aussi changer d’avis.

L’un des grands enjeux du moment pour le football féminin français, et surtout pour l’OL, c’est la concurrence à l’échelle européenne. Comment faire, selon vous, pour que les deux locomotives que sont l’OL et le PSG, restent parmi le gratin européen ?
C’est dur ! On le voit, même nous. Il y a quelques années, quand j’évoluais à Lyon en tant que joueuse, lorsqu’on demandait à une fille si elle voulait venir, elle arrivait quasiment en courant. Maintenant, on a de plus en plus de refus. Ce n’est pas par rapport au club, je pense que c’est aussi parce que le championnat est moins attractif qu’en Angleterre notamment. L’avantage qu’on a, c’est que le président Aulas a mis son nez dedans, et depuis deux semaines, on voit que ça fait avancer les choses. Il va y avoir la création d’une ligue professionnelle, même si on ne sait pas encore si elle sera rattachée à la FFF. En tout cas, l’année prochaine, on aura un championnat professionnel, c’est une première évolution. Quand on parle de championnat pro ça veut dire qu’il y aura un cahier des charges assez important et donc qu’il y aura certaines infrastructures qu’on ne pourra plus utiliser, notamment en termes de stade ou de conditions d’entraînement pour les joueuses, que tout le monde puisse s’entraîner de la même manière. On sait que si on fait évoluer ça, le niveau des matches va forcément être impacté.

Ce n’est donc pas qu’une question d’argent…
Le budget de Lyon est déjà très important, maintenant pour recruter les joueuses ce n’est pas qu’une question de budget, mais aussi une question d’environnement, puisque les joueuses ont envie d’évoluer dans un championnat professionnel où il y a du monde dans les stades. C’est vraiment dans ce domaine qu’on doit progresser. On attend de la fédération qu’ils imposent des obligations au club, notamment pour être plus cohérent au niveau télévisuel. Moi, je regarde les matches sur Foot+, et vu la qualité, et ce n’est pas de leur faute, il va falloir trouver ceux qui veulent les regarder... Il n’y a pas de plan large, c’est compliqué, ça ne donne pas envie de regarder, ceux qui le font c’est parce qu’ils ont quelqu’un qu’ils connaissent. Quand c’est dans de belles enceintes, il n’y a rien à dire, ca peut être un beau produits, mais il y a deux formats différents.

Enfin, qu’est-ce que vous pensez de Hervé Renard en tant que coach ?
Franchement, je ne le connais pas, et tant que ce n’est pas officiel… On a tellement parlé de Gérard Prêcheur (l’entraîneur du PSG, évoqué comme l’une des premières pistes pour prendre la suite de Corinne Diacre, n’a finalement pas été contacté par la FFF, NDLR), on va attendre que l’annonce soit officialisée. Moi je me concentre déjà sur notre match de mercredi, et qui que ce soit qui prendra la tête de l’équipe de France, j’espère vraiment qu’elles vont performer. L’équipe de France, c’est notre locomotive, on sait qu’on a besoin de résultats de leur part pour faire avancer notre championnat.

Mercredi 22 Mars 2023
Vincent Roussel

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