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Assemblée de la Ligue du Football Amateur - "Le football féminin acteur d'un couac"

Samedi dernier se tenait l'assemblée générale de la Ligue du Football Amateur à Paris. Parmi les sujets à l'ordre du jour, le vote du nouveau "Label jeunes" a été le théâtre d'un couac.



L'Assemblée Générale de la LFA (photo FFF)
L'Assemblée Générale de la LFA (photo FFF)
Mais que s'est-il passé samedi dernier avec le refus d'un projet "Label jeunes" pourtant élaboré depuis plusieurs mois pour remplacer l'actuel "Label Ecole de football" jugé obsolète et manquant de transparence. Il est vrai que la FFF verse chaque année près de vingt millions d'aide aux clubs amateurs et souhaitait avec ce label apporter un outil plus transparent. Mais avec 70,06% contre (soit 1549 voix) pour 29,94% favorable (662), les représentants des clubs amateurs (National, CFA, CFA2) et des instances locales (District et Ligue) ont affiché une position affirmée.

Et c'est là que les choses se compliquent, car depuis plusieurs semaines déjà à la connaissance du projet, des élus avaient montré le côté irréaliste de certains critères malgré quelques retouches dans les derniers jours et même la nuit précédente. Pour André Vandenbussche, vice-Président de l'USL Dunkerque et élu en tant que représentant des clubs nationaux ont exposé leur point de vue : "On est pour mais les critères sont mal faits. Il faut écouter la base et ne pas essayer de passer en force". Car c'est ce qui s'est clairement passé ce samedi. Après des débats houleux, et des propositions d'ajourner le vote à mai prochain, le Président de la Ligue du Football Amateur Lionel Boland voulu aller au bout de sa démarche et le soumettre au vote. Au final, un échec cinglant lors du vote résumé par le Président de la LFA : "La presse retiendra que le football amateur ne veut pas de féminisation" a-t-il lâché, ajournant même l'ordre du jour de l'Assemblée Générale. Ce dernier a aussi affiché son désarroi : "Je suis vraiment déçu, ce qui me choque, c'est que l'on ne défende pas ce projet de féminisation et la qualité de nos clubs". Patrick Pion, DTN adjoint, également intervenu sans convaincre l'auditoire : "Le projet est bloqué. On va le ré-expliquer mais il ne changera pas", soulignant du même coup l'opposition entre les instances dirigeantes et les représentants du football amateur.

Que dit ce label ?

Avec pour objectif d'être lancé en 2014-2015, ce projet label Jeunes s'inscrit dans le cadre de la politique d'accompagnement des clubs de la FFF. A travers, ce nouveau label, la FFF souhaite renforcer le projet club traduit par la mise en place d'une politique sportive autour de la politique des jeunes en cohérence avec la politique fédérale.

Trois niveaux
Il se décompose en trois niveaux de délivrance par ordre croissant : "Espoir", "Excellence", "Elite" mais l'obtention de ce label ne conditionne pas les accessions et relégations. Il est avant tout un critère du label club fédéral et des aides financières.

Quatre objectifs
Le projet se décline autour de 4 axes : le projet associatif (organisation, structuration...), le projet sportif (formes et niveaux de pratique...), le projet éducatif (règles de jeu, de vie...) et le projet d'encadrement et de formation (compétence et diplômes de l'encadrement...). Chaque projet contient un barème et des points et des paliers qui sont nécessaires à atteindre pour avoir l'un des trois niveaux.

Critères incontournables
Ce sont parmi ces points incontournables que beaucoup d'élus se sont interrogés. Il est notamment nécessaire pour tous les clubs souhaitant avoir le label "Espoir" d'avoir au minimum une équipe correspondant aux catégories U6F à U9F ou U10F à U13F. Pour le label "Excellence", c'est une équipe U6F à U9F et une équipe U10F à U13F, enfin pour le niveau "Elite", les deux équipes précédemment cités et une équipe U14F à U19F (avec entente possible avec un autre club) mais un minima de 8 joueuses initialement. Si les deux premiers points ne semblent montrer d'objections, le dernier est plus problématique.

"Commencer par le haut au lieu de la base"

Le Président de la FFF et de la LFA (photo archive)
Le Président de la FFF et de la LFA (photo archive)
Des Présidents de District et des clubs nationaux ont notamment vu dans ces points, des mesures irréalisables pour le critère "Label élite" ou tout du moins aux effets pervers pour les structures féminines existantes : "On nous demande par exemple de posséder une équipe féminine dans la catégorie U19 d'ici deux ans (ndlr : possibilité en entente avec un autre club)" précisait l'un des représentants des clubs nationaux.
Si les critères d'exigence au niveau des plus jeunes ne semblent pas heurter les clubs, pour les plus âgées l'interrogation est de mise : "Qu'on nous impose un nombre de pratiquantes chez les plus jeunes, oui cela fait partie d'un raisonnement logique, on doit faire des efforts pour les accueillir, et au fil des ans, des jeunes filles peuvent grandir dans le club" précise André Vandenbussche dans La Voix des Sports. "Mais dans les catégories U14F à U19F, à part piller les joueuses dans un club voisin, je ne vois pas comment on peut faire pour monter une équipe en moins de deux ans".
Les clubs pourraient y parvenir, certes, mais les premiers à en pâtir seraient très certainement ceux qui ont aujourd'hui fait des efforts depuis déjà plusieurs années pour accueillir les jeunes filles sans avoir les moyens des clubs qui viendraient les solliciter. Et ces clubs avec des équipes féminines verraient leur avenir mis en péril, car ces joueuses U14F à U19F sont une partie de leur avenir pour les seniors féminines.

Le refus est avant tout dû à ce qui apparait aux yeux des réfractaires comme vouloir commencer par le haut au lieu de la base : "On nous a mis devant le fait accompli, alors que les exigences étaient trop brusques et irréalisables". Un projet jugé trop éloigné de la vérité du terrain. D'autant qu'aujourd'hui même si le nombre de joueuses ne cessent de croître avec plus de 70 000 à ce jour, mettre en place des équipes entre les U14F et U19F n'est pas une sinécure, et les clubs féminins eux-même que ce soit en D1, D2 ou bien plus bas encore dans les niveaux régionaux ou départementaux peinent à avoir ces effectifs, il suffit de le voir au moment de contrôler les obligations des clubs nationaux féminins.

Une seule ligne qui a changé tout

Alors l'exiger comme critère incontournable pour les clubs souhaitant le niveau "élite", alors même que la base est encore en train de se construire n'est pas passé. Une seule ligne qui a tout changé samedi dernier : "De nombreux clubs pourtant exemplaires pourraient être privés d'une aide indispensable pour une ligne qui n'est pas respectée". Car il apparaît clair au regard des différents échos depuis samedi que cette exigence cumulée pour le niveau "élite" n'est pas passée.

Aujourd'hui en n'étudiant pas les clubs pro qui n'ont aucune obligation apparente, dans le championnat National, seul Amiens SC, parce qu'il compte déjà sa section féminine serait facilement dans le cadre, mais seul 4% des clubs de CFA, et à peine 2% des clubs de CFA2 seraient à quelques unités près sûr d'atteindre ce critère obligatoire du niveau "élite". Autant dire une infime catégorie de clubs, que si l'on entendait aux DH montrerait encore le fossé. Qu'adviendrait-il alors d'une concurrence entre l'AS Moulins et l'AS Yzeure qui pourraient par exemple mettre en difficulté le FF Yzeure ? le FCF Arras qui a pris son indépendance du Arras FA serait alors en contradiction d'un projet qu'il a accepté et venant se mettre en concurrence ? Car dans le contexte actuel, il n'y a aucune certitude que cela apporterait de nouvelles licenciées car rien n'empêcherait dans ce projet de faire signer les joueuses d'un club voisin.

Quelle copie pour la suite ?

Reste à savoir aujourd'hui la position que prendra la FFF. Le Président de la FFF, Noël Le Graët, a exprimé son sentiment de surprise samedi : "La ligue amateur a présenté un projet extrémement positif, mais il y a certainement eu des nuances qui n'ont pas été bien vues, parce que dans une salle quand il y a un désaccord à 70%, ce n'est pas sans raison". Alors que le nombre de licenciées ne cesse de croire, le Président a tenu à souligner : "On a besoin de structures que les clubs créent des sections féminines même les petits clubs". A cela, personne ne semble contre, mais il faudra réfléchir aux années d'âge et chercher avant tout à ce que les clubs fassent de la proximité, ce qui s'avère souvent nécessaire jusqu'aux U13. Au dessus, le problème reste entier par rapport au projet initial.

On pourra en tout cas retenir qu'aujourd'hui, la volonté d'intégrer le football féminin est une réalité, et non celui d'une intervention à la va-vite à la fin d'une Assemblée Fédérale comme cela a été malheureusement le cas durant près de 40 ans.

Jeudi 27 Mars 2014
Sebastien Duret


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