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#UWCL – Analyse : le PSG peut-il réitérer un succès face à l’OL ?

Ce mercredi, Lyon et Paris s’opposent dans le premier d’une série de trois duels d’ici la fin de saison. Vainqueurs en novembre dernier en championnat avec maitrise, les Parisiennes peuvent-elles rééditer leur performance ? Éléments de réponse avec un retour sur cette rencontre de D1.



Photo FFF
Photo FFF
Comment éviter de retomber dans le piège de son adversaire ? Après s’être fait surprendre en D1 Arkema il y a quelques mois, Lyon a dû ressasser un temps ce match où il avait été mis à défaut par les joueuses d’Olivier Echouafni. En deçà de leur niveau habituel, les Lyonnaises avaient surtout été réduites au silence offensivement comme rarement.

Seulement 4 tirs dont 1 cadré et 0,28 xG*, soit leur plus faible total depuis au moins le début de saison 2017-2018 toutes compétitions confondues. Pour parvenir à asphyxier l’OL à ce point, le PSG était venu avec un plan rôdé basé sur différents aspects avec ses qualités mais aussi ses failles, peu exploitées alors par leur opposant ce soir-là.

Un pressing parisien tout terrain

Niveau systèmes de jeu, le PSG s’était présenté au Parc des Princes dans un 4-3-3 assez conventionnel et plus étiré face au 4-4-2 de l’OL plus dense aussi bien défensivement qu’offensivement. Positionné haut sur le terrain, le bloc parisien a pour objectif d’agresser d’entrée son adversaire en l’empêchant au maximum de ressortir grâce à un contre-pressing de haute intensité.
Le 4-4-2 de l’OL en phase défensive face au 4-3-3 parisien en phase offensive
Le 4-4-2 de l’OL en phase défensive face au 4-3-3 parisien en phase offensive

En effet, Paris a ce soir-là impressionné dans ce domaine, exerçant notamment dans les 20 premières minutes une pression constante sur la moindre prise de balle lyonnaise. Pas forcément habituées à être mises sous une telle pression, les joueuses de Jean-Luc Vasseur multiplie alors les erreurs et les passes en retrait, se retrouvant même comme dans le cas ci-dessous obligées de dégager le ballon en vitesse.

Ici Bouhaddi tente de ressortir en relançant vers Marozsan venue aider. Le PSG enclenche directement son pressing avec Geyoro qui sort sur la joueuse allemande pendant que Katoto et Däbritz se dirigent vers Renard et Buchanan (image 1). Marozsan, ne pouvant pas se retourner, se retrouve forcée à rejouer avec sa gardienne qui cherche du coup à jouer vers Renard. Geyoro poursuit son effort en commençant à anticiper la future passe. Däbritz change de marquage et revient vers Marozsan pendant que les autres parisiennes tiennent leur vis-à-vis (image 2).

Au moment où Renard reçoit le ballon, Geyoro a fermé la ligne de passe vers Bouhaddi pendant que Diani finit de fermer celle vers Karchaoui. Katoto maintient la pression sur la défenseure qui cherche une solution (image 3). Enfermée et mise sous pression par Katoto et Geyoro, Renard se retrouve obligée de dégager le ballon en tribune, offrant au PSG une touche permettant à son bloc de rester haut (image 4).
Un exemple du contre-pressing parisien, extrêmement présent dans le premier acte.
Un exemple du contre-pressing parisien, extrêmement présent dans le premier acte.

Ce contre-pressing, conjugué à une forte présence sur les seconds ballons en cas de dégagement, permet aux Parisiennes de gratter un certain nombre de ballons haut pour ensuite déclencher une attaque en à peine quelques passes. De quoi se sortir pour elles du problème lié à la densité du bloc lyonnais en défense, ce dernier rendant difficile à trouver une attaquante entre les lignes.

Preuve de son efficacité : jamais le PSG n’avait récupéré autant de ballon dans la moitié de terrain adverse lors d’un PSG-OL que ce soir-là (21). À l’inverse, l’OL n’avait jamais perdu autant de ballons dans sa propre partie du terrain sur les quatre dernières saisons en championnat (29).

Un OL trop attentiste défensivement

Comme trop souvent cette saison, Lyon a de son côté peu usé du contre-pressing. Dans le premier quart d’heure, il est même apparu plutôt bas sur le terrain, préférant attendre que le PSG s’engouffre dans ses lignes pour mieux l’aspirer et contre-attaquer. Ce manque d’agressivité, ajouté à une difficulté à ressortir le ballon de sa moitié de terrain, a énormément profité au PSG dans le premier acte. Le seul but de la rencontre en est d’ailleurs l’illustration parfaite.

Lyon tente alors de ressortir côté gauche avec Majri. Cette dernière voit le contre-pressing parisien s’exercer, le triangle Diani-Däbritz-Lawrence tentant de lui fermer toute opportunité de passe. En prime, l’ailière ne reçoit aucun soutien, Le Sommer préférant notamment se replacer plutôt que de poursuivre son dézonage pour offrir une solution dans l’axe (image 1). Résultat, le triangle se referme quelques mètres plus loin, permettant à Diani de récupérer le ballon. Cette dernière décide de percuter vers l’espace libre, Henry restant statique dans l’axe pendant que le duo Geyoro-Katoto attire la charnière centrale devant (image 2).

Dépassée par l’accélération, Kumagai ne peut plus intervenir et Henry déclenche trop tardivement son pressing. Le milieu de l’OL est battu et Diani a tout l’espace pour envoyer sa passe en profondeur vers Katoto. Cette dernière profite du décalage entre les deux centrales, Renard tentant de sortir de sa ligne pour couper la transmission, sans succès (image 3). Bien servie, Katoto n’a plus qu’à se défaire de Bouhaddi pour s’ouvrir une position de frappe dans la cage vide (image 4).
Le but parisien, symbole du manque d’agressivité côté lyonnais.
Le but parisien, symbole du manque d’agressivité côté lyonnais.

Il faudra attendre la demi-heure de jeu pour voir le bloc lyonnais s’installer plus souvent dans la moitié de terrain parisienne, profitant entre autres d’un pressing de moins en moins intense de son adversaire au fil de la rencontre. L’opposition entre le PSG et l’OL a par ailleurs montré une nouvelle fois à quel point l’absence d’une attaquante comme Hegerberg pouvait se faire sentir au sein du collectif lyonnais.

Là où la Norvégienne avait à la fois la capacité de tenir le ballon devant pour permettre au bloc de monter ainsi que de dézoner pour offrir une solution supplémentaire dans la construction, ses remplaçantes Le Sommer puis Parris ne sont pas parvenues à le faire aussi bien. Le delta fut encore plus flagrant sur ce match, Katoto remplissant solidement ce rôle côté parisien pour permettre à son équipe de remonter par séquences.

Un déséquilibre et des failles peu exploitées

La volonté de jouer très haut pour bloquer l’OL n’était pourtant pas sans conséquence pour le PSG. Si ce dernier venait à perdre le ballon rapidement, Luana ainsi que Däbritz ou Geyoro en fonction du côté étaient chargées de couper de suite les lignes de passes vers les attaquantes adverses.

Si leur qualité technique n’est plus à démontrer, il reste toutefois difficile pour elles de couvrir parfaitement tout le temps tous les circuits de passes potentiels. Et sur les rares fois où ce déséquilibre a été exploité, Paris s’est retrouvé en grand danger défensivement.

Dans l’exemple ci-dessous, tout part d’une tentative de Paredes de trouver Katoto, qui avait dézoné dans le demi-espace** (image 1). Majri parvient à intercepter la transmission et tente de trouver directement Marozsan dans l’axe, bien placée entre le milieu et la défense parisienne. Luana tente de couper la ligne de passe mais se retrouve trop courte. Geyoro et Lawrence resserrent elles leur marquage individuel (image 2).

Prise de court, la défense du PSG tente comme depuis le début du match de mettre Le Sommer hors-jeu. La charnière recule toutefois beaucoup trop et le retard de Lawrence ouvre l’espace dans le dos pour l’attaquante française qui peut être servie (image 3). Dépassée, Lawrence se retrouve obligée de faire faute pour stopper Le Sommer dans son élan (image 4). Le tir lyonnais sur le coup franc obtenu sera la seule frappe cadrée de la rencontre.
Le déséquilibre du PSG lorsqu’il est en phase offensive n’a été exploité que trop ponctuellement.
Le déséquilibre du PSG lorsqu’il est en phase offensive n’a été exploité que trop ponctuellement.

Mais Lyon n’a que peu exploité cet espace entre le milieu et la défense de Paris, dézonant peu entre les lignes ou dans les half-spaces pour offrir des solutions et préférant bien souvent jouer sur les ailes sans toujours parvenir à combiner ou à jouer en triangle. À tel point que sur certaines séquences en première période, on a pu voir se dessiner une circulation en U au sein du jeu lyonnais, l’axe du terrain se retrouvant totalement déserté comme sur l’image ci-dessous.

Dans cet exemple, Majri finira à un moment par dézoner dans l’espace libre mais s’y retrouvera une nouvelle fois enfermée faute de soutien. En plus de ne pas suffisamment dézoner dans ces espaces pour perturber le bloc adverse, l’OL y a aussi retrouvé Däbritz et Geyoro les fois où il y a été, ces dernières ne laissant pas leur vis-à-vis se retourner pour se projeter.
Lyon tente de ressortir vers l’avant mais aucune joueuse n’est présente dans l’axe.
Lyon tente de ressortir vers l’avant mais aucune joueuse n’est présente dans l’axe.

Savoir neutraliser à défaut de dominer

Ces défauts seront en partie gommés en seconde période. Fatigué de ses efforts en première, le PSG n’arrive plus à imprimer le même pressing sur le bloc lyonnais. Le positionnement un peu plus en retrait de l’attaquante de Marozsan vient aussi offrir une solution supplémentaire dans l’axe.

Résultat, on assiste sur ce second acte à une opposition plus classique, Paris attendant un peu plus l’OL et cherchant le contre. Marozsan, Majri et Cascarino sont plus fréquemment trouvées entre les lignes même si les combinaisons restent limitées. Plusieurs actions sont en effet rendues possibles grâce aux différences individuelles faites par les joueuses.

Ce renversement de domination se ressent jusque dans les chiffres : 5 des 6 tirs parisiens ont eu lieu en première période, alors que 3 des 4 frappes lyonnaises ont été effectuées en seconde. Dans le dur, le PSG applique alors une logique simple : à défaut de pouvoir dominer les échanges, il les neutralise autant que possible.

Le club de la capitale n’hésite pas à allonger la durée de ses phases de possession, quitte à faire tourner derrière. Quand il s’agit d’attaquer, sa ligne arrière évite de monter autant qu’en première période, se retrouvant donc moins exposées aux contres en profondeur. Et Lyon se retrouve avec beaucoup plus d’espace pour jouer. Mais comme souvent cette saison, le jeu de position des joueuses de Jean-Luc Vasseur reste assez stérile et focalisé sur les ailes.

Même les entrées de Gunnarsdóttir et Malard, qui ont apporté plus de percussion dans le jeu de l’OL, n’ont pas corrigé la maladresse aux abords de la surface. Dans l’exemple ci-dessous, Carpenter décide justement de percuter en trouvant Cascarino en appui (image 1). Une fois le une-deux effectué, l’arrière latérale accélère et profite de la fatigue de Geyoro, qui ne peut plus suivre au marquage, pour aller fixer Dudek.

Elle a alors deux solutions : décaler sur l’aile vers Cascarino qui serait enfermée ou revenir vers l’axe pour continuer de fixer (image 3). L’Australienne décide de repiquer mais, alors que le bloc du PSG est focalisé sur elle et Parris (7 joueuses parisiennes autour des deux), elle décide de transmettre le ballon à l’attaquante. Alors qu’à l’opposé, Majri et Marozsan sont seules et qu’un trou béant s’est ouvert dans le dos de la défense de Paris (image 4).
Carpenter parvient à combiner et à percer le rideau parisien mais effectue le mauvais choix sur sa dernière passe.
Carpenter parvient à combiner et à percer le rideau parisien mais effectue le mauvais choix sur sa dernière passe.

Un double affrontement dans un contexte particulier

La rencontre de novembre dernier avait mis en lumière la difficulté que pouvait avoir l’OL à se créer des occasions, cette saison plus que les précédentes. Un constat qui s’est vérifié par la suite lors de plusieurs rencontres, la dernière en date restant le duel face à Brondby où les Lyonnaises ont eu du mal à faire exploser le bloc adverse.

Mais plus que l’appauvrissement avéré du jeu lyonnais ces dernières années ou sa difficulté à exploiter les failles adverses, le contre-pressing hyper intense des Parisiennes dans le premier acte avait aussi été une clé déterminante. En venant gêner l’OL aussi haut, le PSG s’était ouvert des opportunités inédites devant dans un duel face à son principal rival. Des efforts qu’elles avaient payé dans le second acte en acceptant de subir plus après que ces derniers aient été récompensés rapidement dans le premier.

Les joueuses d’Olivier Echouafni pourront-elles répéter de telles séquences de pressing, avec la même précision au moment de couper les transmissions ? C’est toute la question qui se pose, qui plus est dans un contexte cette fois particulier.

Le PSG et l’OL n’ont en effet plus joué depuis deux semaines environ suite au report de leur chocs pour cause de Covid-19. Et ils devront tous deux enchaîner trois rencontres en l’espace d’une semaine. Fournir de tels efforts de pressing sur au moins deux rencontres rapprochées semble compliquer. Et Lyon a eu le temps pour trouver les solutions face à ce dernier.

Les statistiques de cet article sont fournies par notre partenaire InStat Football : https://instatsport.com

*xG: Expected Goals, soit le nombre de buts que l’équipe aurait dû marquer en fonction de la probabilité que ses tirs se transforment en buts (calculée grâce à divers facteurs).

**Half-space, soit le demi-espace. Si on divise le terrain de manière égale en cinq dans la longueur, ce sont les deux bandes situées entre les ailes et l’axe. Une position où se placent souvent les joueuses en football, permettant par exemple de jouer en appui avec une coéquipière qui serait dans l’axe.

Mercredi 24 Mars 2021
Daniel Marques

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