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BLEUES – Sandrine SOUBEYRAND : « Je ferai mon choix, il m’appartiendra »

La milieu de terrain la plus capée de l’histoire de l’équipe de France ne souhaite, pour l'instant, pas s’exprimer sur la suite de sa carrière en équipe de France et reste focalisée sur les deux matches internationaux qui arrivent. Première étape ce samedi à 20h45 face à l’Irlande.



L'élimination en demi-finale contre le Japon reste encore en travers de la gorge de Sandrine Soubeyrand (Photos : Eric Baledent)
L'élimination en demi-finale contre le Japon reste encore en travers de la gorge de Sandrine Soubeyrand (Photos : Eric Baledent)
Sandrine, votre réflexion sur la suite à donner à votre carrière a-t-elle avancé ?
L’essentiel, ce n’est pas de savoir de quoi sera fait mon avenir mais de se concentrer sur le match qui nous attend samedi. Le reste ne regarde que moi. J’en ferais part plus tard. Pour l’instant je suis plongé dans cet objectif-là. Je n’ai pas envie de parler de ça. Je ferai mon choix, il m’appartiendra.

Votre décision est-elle prise ?
Non, elle n’est pas prise. Je sais ce que j’ai envie, ce que je n’ai pas envie… Après le reste ne regarde que moi et Bruno (Bini). Aujourd’hui, l’essentiel, c’est de se qualifier pour le championnat d’Europe. Je fais partie d’un groupe qui a des qualités et du talent.

Comment abordez-vous alors ce match face à l’Irlande ?
On ne peut pas se satisfaire d’avoir fini quatrième aux Jeux mais on est quand même la première nation européenne malgré toutes les critiques. Ce sera à nous de démontrer que nous n’avons pas été deux fois de suite quatrième par hasard même si cette place est frustrante et que nous aurions sans doute pu aller plus loin. Alors, c’est vrai, il faut être ambitieux mais on a gravi pas à pas les étapes au niveau international. Le foot féminin français a des résultats grâce à un club et à la sélection mais on a encore 7 ou 8 ans de retard sur les USA. Quand je suis arrivé, on m’a dit qu’on avait dix ans de retard. On a essayé de combler ce retard, tout le monde a bossé mais toutes les autres nations bossent aussi et la concurrence est de plus en plus forte. Maintenant, il faut aussi savoir ne pas se satisfaire de ses résultats car on veut toujours plus, toujours mieux. Il y a dix ans, on ne marquait pas un but aux Etats-Unis, là on en a marqué deux, ça n’a pas suffi parce qu’on n’a pas su gérer cet avantage. Ca prouve qu’on a encore du travail à faire.

« Si on pouvait réécrire les choses, on les réécrirait autrement »

"Toutes les joueuses font partie d’une histoire et je veux juste donner mon maximum quand je suis appelée en sélection", dit Sandrine Soubeyrand
"Toutes les joueuses font partie d’une histoire et je veux juste donner mon maximum quand je suis appelée en sélection", dit Sandrine Soubeyrand
Ce match apparait comme une formalité pour vous qualifier
Un match international n’est jamais une formalité. A nous de démontrer que l’on peut en faire une formalité. Il faudra de l’envie, jouer et démontrer qu’on n’a pas fini quatrième aux Jeux par hasard. On se doit d’être à la hauteur de l’évènement. A nous de montrer qu’on est supérieur à l’Irlande.

Cette quatrième place aux Jeux trotte-t-elle encore dans les têtes des joueuses ?
Un peu, forcément. Même si depuis tout le monde est reparti dans son club, tout le monde a envie de tourner la page même si elle ne se tourne pas si facilement que ça. On repart sur de nouveaux objectifs, avec de nouvelles ambitions. On ne peut pas refaire le passé…Si on pouvait réécrire les choses, on les réécrirait autrement. Mais il faut se rendre à la réalité et se servir du passé pour construire l’avenir. On se doit de gagner ces deux prochains matches pour aller le plus loin possible dans la phase finale du championnat d’Europe au mois de juin.

Vous parlez du championnat d’Europe en Suède au mois de juin prochain, vous vous y voyez ?
Je fais partie de la sélection, pour l’instant, je parle donc au présent. En ce qui concerne le futur, ce n’est pas moi qui vais décider de me sélectionner ou non… Contrairement à tout ce qui est dit, c’est le coach qui fait sa sélection. Pas les joueuses. Je parle en tant que joueuse à part entière de l’équipe nationale. Si je suis là, c’est que j’ai des qualités, des défauts mais j’ambitionne, comme toutes les filles, de donner mon maximum pour la sélection. Pour le reste on verra.

Dans « Le Parisien », vous justifiez votre choix d’arrêter la sélection en disant que vous n’êtes pas « indispensable ».
Personne n’est indispensable. On peut se passer de tout le monde et l’équipe nationale tournera aussi bien. En fait, chaque joueuse fait partie de l’histoire du foot féminin, on inscrit notre histoire quand on est en sélection. Quand on n’y est plus, l’histoire de la sélection continue à avancer. Je suis une joueuse parmi les 250 ou 300 qui ont fait partie de l’équipe nationale. Chaque personne a une histoire différente avec la sélection et personne n’est indispensable. C’est valable chez les filles comme chez les garçons. La force d’une équipe, c’est d’avoir, à plusieurs, un objectif commun. Je ne fais pas l’équipe de France à moi toute seule, tout comme l’équipe de France n’appartient à personne.

« Parfois, c’est mieux d’avoir une ou deux sélections que 183… »

Mais avec 183 sélections, vous êtes la recordwoman des sélections en équipe de France, vous avez forcément un statut différent. Quelque chose de plus.
On n’a rien de plus si ce n’est qu’on est fortement critiquable. Quand on a 183 sélections, on l’est beaucoup moins quand on en compte une ou deux. Et parfois, c’est mieux d’en avoir une ou deux que 183…Il est tellement facile de critiquer les gens qui ont de l’expérience ou en fonction de leur âge… J’ai fait partie et je fais partie de l’histoire de l’équipe de France. Un jour ou l’autre, l’équipe de France avancera quand même sans moi. C’est dans ce sens-là que je dis que personne n’est indispensable. On peut se passer de tout le monde. Les gens qui vous remplacent ont d’autres qualités avec un autre tempérament, un autre état d’esprit. Et ce qui fait la force d’un sport collectif, c’est d’avoir des gens complètements différents qui expriment leur plus fort potentiel les uns pour les autres.

Mais vous ne savez donc pas si le stade du Roudourou sera le théâtre de votre dernier match en France avec les Bleues ?
Non mais ce n’est pas très grave. Comme je l’ai déjà dit, je suis arrivée un jour en équipe nationale et j’en repartirai. Quand je suis arrivée je n’ai pas fait de fête et quand je repartirai je ne ferai pas de fête non plus. Toutes les joueuses font partie d’une histoire et je veux juste donner mon maximum quand je suis appelée en sélection.

T.S.

Vendredi 14 Septembre 2012

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