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Bleues - Deux tests manqués, beaucoup de travail en perspective

L’Équipe de France a conclu son mois d’octobre avec deux défaites contre deux adversaires du top 3 mondial et des performances contrastées. Une défaite honorable contre l’Allemagne et une déroute contre la Suède.



Peyraud-Magnin n'a pas été aidé par sa défense au cours des deux rencontres (photo FFF.fr)
Peyraud-Magnin n'a pas été aidé par sa défense au cours des deux rencontres (photo FFF.fr)
Il est intéressant de relever tout d’abord que Corinne Diacre a utilisé le même onze de départ lors des deux matchs : Peyraud-Magnin ; Périsset, Tounkara, Renard, Bacha ; Dali, Bilbault, Geyoro ; Diani, Sarr, Cascarino. Cela a permis de voir quelles associations ont porté leurs fruits et quelles associations n’ont pas fonctionné. Si l’on regarde secteur par secteur, on voit clairement qu’il y a beaucoup de travail à faire en vue de la Coupe du Monde en Australie. Huit mois ne seront pas de trop pour faire progresser l’équipe.

Un bloc qui s'étire et se désorganise

Dans le secteur défensif, il y a premièrement un problème sur les coups de pieds arrêtés avec un but encaissé dans chaque match. Le marquage individuel, le positionnement des joueuses, la volonté de gagner le duel, des points à revoir. C’est un secteur clé du football moderne et des matchs basculent sur des points de détails. La France ne peut pas se permettre d’être en difficulté aussi facilement contre les grandes équipes dans ce secteur.
Au niveau du pressing, la France a bien gêné l’Allemagne lors des trente premières minutes allant chercher haut sur le terrain pour pousser à la faute son adversaire et récupérer de bons ballons d’attaques. Ensuite lors des temps forts allemands, le bloc s’est étiré et l’équipe s’est désorganisée ce qui a offert des espaces aux joueuses allemandes.

Lors du match contre la Suède, il y a également eu une désorganisation du pressing, puisque les joueuses ne pressaient pas bien ensemble en particulier les trois attaquantes qui n’étaient pas très coordonnées, ce qui laissait ensuite des espaces au milieu de terrain. Cela a été encore plus criant en deuxième mi-temps, lors du passage en 4-2-4/4-2-3-1. La ligne offensive entière se faisait éliminer trop facilement laissant six joueuses pour gérer les vagues suédoises qui arrivaient à toute allure.

Le bilan est clair, il faudra travailler pour rendre le bloc équipe beaucoup plus compact et coordonné, effacer les nombreuses erreurs individuelles qui ont contribué aux buts allemands et suédois et ne pas être obligé de se reposer uniquement sur la forme de Pauline Peyraud-Magnin qui a sorti plusieurs arrêts de grande classe pour garder le score à 3-0 contre la Suède.

Le milieu n'a pas fait de liant entre défense et attaque

Dans le secteur offensif, le trio Bilbault, Dali, Geyoro n’a pas donné satisfaction et n’a pas donné de réel point d’ancrage au jeu français ce qui ne faisait pas bien le lien entre l’attaque et la défense. En général, la porteuse de balle n’avait pas assez d’option de passes, le jeu sans ballon de l’ensemble de l’équipe a été insuffisant.

Les trois attaquantes étaient souvent esseulées sur les actions offensives en particulier sur le jeu rapide et de contres. Lors des deux matchs, la porteuse du ballon rentrait dans la surface de réparation avec seulement une ou deux solutions de passe au maximum. Il y avait donc un problème de distance entre les lignes.

L’absence de Toletti s’est ressentie, puisque le milieu de terrain français est plus équilibré avec la Madrilène, ce qui permet à Geyoro d’utiliser sa force de percussion. Bilbault restant le point d’ancrage et Toletti la chef d’orchestre du milieu de terrain dans cette configuration. Le profil de meneur de jeu de Dali n’a pas matché avec les deux autres joueuses et aussi avec les défenseures et attaquantes de sa zone de jeu.

Un manque de réaction

Le match contre l’Allemagne était plus structuré que contre la Suède. Le jeu de transition était au cœur du jeu à Göteborg et la France a eu beaucoup de mal à s’organiser pour être dans le bon tempo, aux bons endroits à la retombée du ballon. Il y a eu également un déficit dans les duels offensifs et défensifs.

L’efficacité offensive a manqué contre l’Allemagne, puisque la France s’est créée des occasions de buts, le trio offensif a essayé de combiner, mais n’était pas toujours sur la même longueur d’onde. Contre la Suède, il y a eu quelques frappes de loin et des centres mais le danger apporté était moindre que contre l’Allemagne d’où le passage à la mi-temps à deux attaquantes pour tenter de remédier au problème, sans grand succès.

Il est étonnant de constater que les trois attaquantes ont eu du mal à combiner malgré leurs qualités individuelles. L’apport des remplaçantes au cours des deux matchs est à souligner, Thomas a amené de la fraicheur et de la vitesse, Malard de la puissance avec parfois de l’imprécision et Asseyi a amené une rage de vaincre et une volonté de faire avancer les choses que l’on a peu vu chez les autres joueuses.

On peut souligner un vrai manque de leadership et de rébellion lors du match contre la Suède à l’opposé du match contre l’Allemagne où se ressentait une volonté de remonter la pente malgré l’avance de deux buts des Allemandes. Ainsi, on n’a pas vu une ou plusieurs joueuses haranguer les coéquipières et rameuter les troupes.

A Dresde et Göteborg,
Sylvain Jamet

Mercredi 12 Octobre 2022
Sylvain Jamet

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