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#FIFAWWC - ESPAGNE : une première étoile envers et contre tous(t) : « C’est une folie, un moment unique »

Vainqueure d’une timide Angleterre à l’issue d’une finale maîtrisée dans son ensemble (1-0), la Roja a décroché sa première Coupe du monde. Une fin en apothéose pour une équipe aux fissures pourtant si nombreuses.



Les Espagnoles lors de la remise du trophée (photo FIFA WWC)
Les Espagnoles lors de la remise du trophée (photo FIFA WWC)
C’est une histoire qui a connu nombre de remous, mais qui se termine en feu d’artifice. L’Espagne a dominé l’Angleterre en finale de la Coupe du monde (1-0), et ce sacre, il fallait le voir venir. En proie à de nombreux conflits internes, rien ou presque ne prédestinait la sélection espagnole à un tel résultat.

Sauf la volonté et le talent sans doute. Face à une équipe d’Angleterre qui avait pourtant fait forte impression en demi-finale en battant le pays hôte australien (1-3), les Espagnoles ont délivré une performance de haute volée pour s’attribuer cette Coupe du Monde 2023 : « Le match s'est terminé, on ne comprenait pas ce qui nous arrivait. On se regardait entre nous d'un air de dire : ‘Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que nous avons fait ? Est-ce que c'est la réalité ? » exultait Alba Redondo à l’issue de la rencontre. « C’est une folie, un moment unique. Nous avons joué le match de notre vie. Nous avons été au niveau sur cette compétition, et on a réussi à mettre une étoile sur ce maillot » se réjouissait également la capitaine Olga Carmona, seule buteuse de cette finale.

Le résultat d’un parcours sérieux et de prestations séduisantes tout au long de la compétition. Pourtant 2ème du groupe C, derrière une équipe du Japon face à laquelle elles avaient lourdement chuté (4-0), les coéquipières d’Irene Paredes ont ensuite montré les dents. « On a été plus souveraines que contre le Japon. Ce match nous a servi et ça se voit, on a été bien meilleures dans l’utilisation du ballon suite à cette rencontre. Je pense que nous ne serions peut-être pas championnes du monde sans ce match » soulignait la capitaine espagnole.

Jorge Vilda (photo FIFA WWC)
Jorge Vilda (photo FIFA WWC)
Jamais victorieuse par le passé d’un match à élimination directe au Mondial, les Espagnoles se sont montrées appliquées et impériales, venant à bout tour à tour de grands noms du football féminin, tels que les Pays-Bas en quart ou la Suède en demie : « L’Espagne a été supérieure à ses rivaux sur l’ensemble des matchs. Par le passé, il nous manquait quelques détails. Pas cette fois. La meilleure équipe a gagné la Coupe du Monde », a dit Jorge Vilda, le sélectionneur conspué par le public dès lors que son visage apparaissait sur les écrans géants du stade Olympique de Sydney.

Celui que l’on a souvent vu très seul au cours du tournoi a pu compter sur un effectif pléthorique, contrairement aux Matildas ou aux Bataves, notamment. Avec une ossature essentiellement composée de joueuses évoluant au Barça ou au Real (16 des 23 joueuses convoquées), les automatismes semblaient naturels. « Les clubs, la Fédération, tout le monde nous aide à travailler au mieux, et avec les mêmes méthodes. C’est un travail de grande envergure, de nos équipes à notre championnat jusqu’à la sélection nationale » s’est réjoui Vilda, dont la question de l’avenir à la tête de cette équipe n’a pas tardé à se poser : « Pour le moment, tout ce que je veux, c’est rentrer en Espagne et célébrer cette victoire avec tous ceux qui nous soutiennent » a éludé le sélectionneur de la Roja.

Brillante de par son collectif, mais brillante également grâce à ses individualités. A l’image de Salma Paralluelo, élue meilleure jeune de la Coupe du Monde à seulement 19 ans, après ses prestations décisives en quart puis en demi-finale notamment. Ou d’Aitana Bonmati, impériale au milieu de terrain, dans un registre de distributrice qu’elle adore et qui a été la guide des Ibères dans cette Coupe du Monde. Elue meilleure joueuse de la compétition, son duo avec Jennifer Hermoso notamment a éclairé le jeu espagnol.

Un milieu de terrain pourtant orphelin pendant une majeure partie de la compétition de la double ballon d’Or en titre Alexia Putellas. En délicatesse depuis son retour de blessure (rupture des ligaments croisés), la star du Barça a été largement ménagée par le staff de la Roja. « La gestion du groupe a été plutôt facile finalement. Au fur et à mesure de la compétition, nous sommes devenus une véritable famille » a précisé Jorge Vilda. Putellas n’aura réalisé aucun match en entier, et n’aura compté que 226 minutes de temps de jeu dans cette Coupe du Monde. Elle n’est entrée… qu’à la 90e minute de la finale.

La performance espagnole est également à mettre en perspective avec le tumulte qui a entouré la sélection depuis bientôt un an. Soutenu par sa Fédération, qui aura finalement fait un pari gagnant, celui qui avait dit partir avec « 23 titulaires » réfute le terme de revanche : « Si toutes les péripéties de cette année menaient à un titre, alors d’accord. Cela a été difficile sur le plan personnel, mais sur le plan sportif on a eu des bons résultats », a sobrement commenté Jorge Vilda.

Cette victoire récompense aussi l’émergence, ces dernières années, de l'Espagne comme puissance du foot féminin. La 6ème nation mondiale au classement FIFA, avec le Barça en porte-étendard en Ligue des champions, continue de s’imposer comme une place forte du football féminin mondial avec cette première étoile sur le maillot. Et ce sans doute pour de nombreuses années…

Dimanche 20 Août 2023
Quentin Briand (avec Vincent Roussel), à Sydney

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