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Coupe du Monde - Anouk DEKKER (Pays-Bas) : « On était si près… »

La défenseure de Montpellier, titulaire du côté Oranje pour cette finale de coupe du monde, est tout de même parvenue à garder le sourire après match, pour revenir sur le parcours des Hollandaises dans ce Mondial, et ce face-à-face avec les Etats-Unis où elles ont longtemps tenu tête.



Dekker à gauche (photo Eric Baledent)
Dekker à gauche (photo Eric Baledent)
Malgré la défaite, vous devez être heureuse de tout le chemin parcouru pendant ce Mondial…
On veut toujours gagner, donc quand on perd il y a souvent beaucoup de déception. Mais je pense que dans quelques heures, ce sentiment va repartir, et je ne pourrai qu’être fière de cette équipe, de ce staff. On est arrivée en finale, ici, contre une grosse équipe des Etats-Unis, qu’on a réussi à maintenir à 0-0 pendant 60 minutes. Notre tactique a bien marché, mais il y a de la déception car on était si près… A la mi-temps on s’est dit qu’il fallait tout donner, on avait bien joué, on voulait obtenir de bonnes occasions et leur rendre la tâche compliquée, mais ensuite elles obtiennent un penalty, et dans nos têtes et nos corps, c’est comme… (elle s’interrompt). Ce n’est jamais agréable de concéder ce genre de faute, surtout quand on a défendu aussi bien auparavant.

Vous avez réussi à garder vos cages inviolées plus longtemps que n’importe quelle autre équipe dans ce tournoi face aux USA. D’où vient cette puissance défensive, vous qui n’étiez pas réputées pour cela il y a quelques années ?
Oui, c’est aussi dû au fait qu’on a essayé plusieurs choses tactiquement. Hier (samedi) on s’est dit qu’on allait jouer différemment de ce qu’on fait d’habitude, on voulait renforcer le centre de notre défense parce qu’on savait que les Etats-Unis marquait à chaque fois dans les 15 premières minutes, et qu’il ne leur fallait pas beaucoup d’occasions. On savait qu’elles jouaient de longs ballons, et qu’elles s’appuyaient sur beaucoup de ballons aériens. Je pense qu’on les a bien bloqué, on a gagné nos duels, elles n’ont jamais réussi à nous prendre un ballon dans les airs. Bien sûr, elles ont eu des occasions, mais je pense qu’intérieurement, on se disait qu’on pouvait le faire, puisque pendant 60 minutes on n’a pas pris de but. Donc on s’est dit ‘allons-y’, malheureusement elles ont ouvert le score.

"Intérieurement, on se disait qu’on pouvait le faire"

Dekker lutte avec Mewis (photo Frédérique Grando)
Dekker lutte avec Mewis (photo Frédérique Grando)
Qu’est-ce qui était le plus dur, le penalty ou le deuxième but ?
Le penalty, je pense. Quand on était à égalité, on savait que quoiqu’il arriverait on pourrait se créer une occasion. Mais après on savait qu’il fallait qu’on aille presser, mais elles sont fortes, on a vu qu’elles avaient beaucoup d’expérience. C’est leur 5e finale de coupe du monde et c’est ce qui a fait la différence entre elles et nous.

Que faut-il améliorer chez vous désormais pour pouvoir soulever cette coupe du monde ?
C’était difficile de se créer des occasions face à cette équipe. Maintenant on a 1 an jusqu’aux Jeux Olympiques et 2 jusqu’à l’Euro pour travailler ça. Aussi, il faut qu’on apprenne à jouer sous la pression que les Américaines nous ont mis parfois quand on avait le ballon, pour se créer plus d’opportunités.

Vous l’avez mentionné, c’est rassurant d’avoir Sari Van Veenendaal dans les buts derrière vous ?
Elle a été incroyable. Elle a sauvé tant de tirs, que ce soit aujourd’hui contre les Etats-Unis, ou sur l’ensemble du tournoi. A mon avis, c’était une des meilleures gardiennes de ce tournoi, et qu’elle reçoive le Gant d’Or (qui récompense la meilleure gardienne de la compétition, NDLR), c’est génial. J’ai tant de respect pour elle, c’est notre capitaine, elle a fait tant de choses pour cette équipe. Qu’elle puisse se montrer au monde de cette façon, ça force le respect.

"On veut continuer sur cette lancée"

(photo Eric Baledent)
(photo Eric Baledent)
Cela fait 2 finales en deux ans pour vous, vous parvenez à expliquer cette éclosion au plus haut niveau ?
Nous avons une bonne fédération, et on sent qu’ils sont fiers de nous, qu’ils veulent investir dans le football féminin néerlandais. Donc pour toutes les joueuses c’est un plus, on sait qu’on a beaucoup de qualité dans notre équipe. Avant l’Euro on s’était dit qu’on pouvait gagner et tous les médias et les supporters disaient qu’on visait trop haut. Finalement on l’a fait. Pour cette coupe du monde, c’était la même chose, mais comme vous le voyez on arrive en finale. Cette équipe est si bonne, on a tant de qualité, beaucoup de talents différents. Pas mal d’entre nous peuvent encore jouer pendant, 2, 4 voire 6 ans, donc je pense que c’est tant mieux pour le foot féminin hollandais.

Vous réalisez que vous êtes tout de même la deuxième meilleure nation au monde ?
Pas vraiment, il va falloir que j’aille sur internet, que je consulte Twitter parce que pour le moment il y a surtout la déception de la défaite qui prédomine.

Pourtant, vous avez aussi un grand groupe de supporters…
On sait tous qu’on a des fans un peu fous, ils veulent tous chanter, défiler… Il y a deux ans, nous avions pu montrer à l’Europe quel genre de soutien incroyable on recevait, désormais on l’a montré au monde. Je suis tellement fière de toutes ces personnes qui portaient des tenues orange, et pas seulement des maillots, il y avait tellement d’accessoires différents. Ça nous booste, on est à 100% sur le terrain avec eux derrière nous.

Et quelles sont vos ambitions en vue des Jeux Olympiques l’an prochain ?

Ça parait si loin pour le moment ! Bien sûr on veut continuer sur cette lancée, ce sera nos premiers Jeux, ça va être totalement nouveau pour nous, donc on verra. Si on veut affronter les Etats-Unis à nouveau ? Bien sûr, prenons notre revanche !


Lundi 8 Juillet 2019
Vincent Roussel

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