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Coupe du Monde - Brigitte HENRIQUES : "Il faut bien structurer les clubs pour générer des recettes"

A l'heure de la finale, la Vice-Présidente de la FFF Brigitte Henriques fait le bilan de la Coupe du Monde, l'évolution de la D1 féminine et l'héritage pour le football féminin français.



Brigitte Henriques au centre (photo Frédérique Grando/FOF)
Brigitte Henriques au centre (photo Frédérique Grando/FOF)
Quel bilan faites-vous de l'organisation ?
Depuis 2015, on s'était fixé cinq enjeux :
- Que ce soit célébré partout en France, là on a plus que réussi, cela a eu un rayonnement incroyable,
- Remplir les stades, on est 74% et plus d'un million cent de billets vendus. On avait un objectif de 56%,
- Des supporters avec un engouement de tous les pays du monde
- L'organisation jusqu'à présent qui a été une belle réussite. Il y a eu juste un petit couac au début avec les délégations ministérielles qui fait que l'on n'avait pas bien anticipé toutes ces venues,
- L'héritage, on a anticipé. La DTN est mobilisée pour pouvoir fixer les missions prioritaires de nos cadres techniques pour pouvoir accueillir les nouvelles licenciées plus les 15 millions d'Euros qui ont été dédiés pour les infrastructures et le matériel.

"Il y aura un avant et un après"

Pour Gianni Infantino, c'est la plus belle Coupe du Monde qui n'ait jamais existé. Il y aura un avant et un après. Le plus grand bonheur que l'on ait, c'est que l'on ait vu des gens heureux malgré le fait que notre équipe soit sortie en quart. On avait une chance sur cinq de tomber sur les Etats-Unis au tirage au sort. En terme de performance, on aurait tellement voulu le deuxième rêve de gagner.

Les audiences, avec 12 millions sur TF1, plus d'un million sur Canal +, et cela a été dans le Monde entier. Il y a 11,7 millions pour la première demi-finale en Angleterre, 30 millions au Brésil, 7 millions en Italie, on sait que cela est parti. A mon avis, il va y avoir quelque chose qui va s'enclencher partout au niveau mondial. Infantino a annoncé qu'il y aurait 1 milliard de subventions pour développer partout dans le monde, pour aider les clubs. Noël Le Graët a dit à Gianni Infantino que ce serait bien que l'événement soit organisé tous les deux ans pour que l'on n'oublie pas.

"On a largement atteint les objectifs fixés"

Par rapport aux retombées économiques et aux moyens investis, quelles retombées attendez-vous ?
Quand on avait candidaté, l'objectif était de ne pas perdre d'argent. On avait vraiment étudié un budget avec la FIFA pour ne pas perdre d'argent. Ensuite, on avait un engagement d'apporter 15 millions d'Euros avec la FIFA dont 6 millions avec les partenaires nationaux et le reste avec la billetterie. Aujourd'hui, on a atteint 74% donc on sait que l'on a largement atteint les objectifs qui nous étaient fixés. Après ce sera des discussions qui ont déjà été établies entre Noël Le Graët et la FIFA. On verra ensuite comme cela se passera.

Une professionnalisation de la D1 à moyen terme

Noël Le Graët et Gianni Infantino (photo Frédérique Grando/FOF)
Noël Le Graët et Gianni Infantino (photo Frédérique Grando/FOF)
L'après Coupe du Monde ne sera-t-il pas difficile à maintenir, en dehors du contexte de la Coupe du Monde ?
En France, on va continuer tout le travail qui a été fait autour des matchs de l'Equipe de France pour que les stades soient remplis. On sait que la D1 est diffusée tous les week-ends. On sait aussi que l'équipe de France a été déplacée de W9 à M6. Canal va mettre des dispositifs plus importants sur la D1. La priorité est maintenant les championnats de D1 et de la D2 derrière. La bonne nouvelle est Arkema vient de donner 80 000 Euros à chaque club de D1. Noël Le Graët est aussi en train de négocier avec la LFP pour qu'il y ait une enveloppe dans les deux ans pour que les clubs de D1 puissent investir davantage. On a une hétérogénéité de budgets. On a des budgets en D1 même pour les clubs pro qui sont à 500 000 Euros, deux clubs à 5 et 6 millions, c'est énorme. Eux investissent depuis longtemps mais on va aider les clubs à investir davantage avec cette négociation.
Comme Infantino a annoncé qu'il voulait aider avec ce milliard les clubs de haut niveau, c'est vraiment enclenché. Cela va permettre d'aller plus loin dans la gestion plus professionnelle des équipes, sur le plan médical, des infrastructures.

Une professionnalisation à terme de D1 féminine ?
Oui, c'est la prochaine étape. L'étape est d'abord de permettre aux clubs professionnels d'investir davantage pour avoir des staffs vraiment complets, d'avoir aussi de la préformation, de la formation. Après il est certain que dans un moyen terme, il faut que l'on ait une professionnalisation des joueuses mais avant cela, il faut bien structurer pour générer des recettes. Si on ne génère pas de recettes et que l'on n'investit pas de l'argent, on ne pourra pas professionnaliser les joueuses. La finalité est qu'elles soient dans les meilleures conditions.

Cela passe par des obligations sur les infrastructures d'accueil et des stades adaptés ?
On a mis les choses dans le bon sens. On a d'abord élargi la base, maintenant il y a la licence club que l'on a voté il y a un an. Avec la Ligue professionnelle, les sections féminines vont intégrer les critères pour la licence Pro. La prochaine étape, il faut que l'on ait de meilleures affluences à toutes proportions gardées et j'espère que le spectacle plaira autant avec notre club de D1 et ce cercle vertueux que l'on est en train de déclencher avec la Coupe du Monde.

Que pensez-vous de la nomination de Stéphanie Frappart pour la finale ?
Je suis contente pour elle. Ce n'est pas facile l'arbitrage dans les fédérations que ce soit chez nous ou ailleurs. Ce n'est bien évidemment la priorité que ce soit chez nous comme cela n'était pas la priorité chez les joueuses il y a cinq ans. Il y a vraiment une énergie à donner. Stéphanie est la vitrine de notre pays avec Manuela Nicolosi. On est passé à 1 050 arbitres, c'est beaucoup. Il n'y a qu'en Allemagne en Europe, où elles sont à 2 500. C'est une grosse satisfaction pour le football féminin, pour l'arbitrage et même pour le foot français.


Dimanche 7 Juillet 2019
Sebastien Duret

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